mardi 15 octobre 2013

Réponse à une accusation de spoliation

Au cours d'un échange sur le blog suivant :
http://strigelius.blogspot.fr/

nous avons été accusé de spolier les enfants de Guénon. Suite à notre réponse, l'administrateur du blog l'a entièrement supprimé :


C'est dommage, et le mieux pour lui serait qu'il le restaure s'il en est encore temps, mais peu importe, nous reproduisons ici l'échange, avec notre réponse.

Voici les pages html (avec en plus l'article avec le commentaire qui a initié cet échange) :

Ci-après, la reproduction de l'échange (juste un menu détail, la remarque sur la note 2 réagissait à l'écriture fautive du titre : États multiples de l'Être, corrigée être par la suite) :



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Certes l'erreur est un mal, un mal qui s'est répandu depuis quelques siècles dans toutes les parties du monde au point de donner l'impression qu'il n'y a plus rien hors de lui. C'est bien là le signe extrême que quelque chose a été caché.

vendredi 20 septembre 2013


SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON







SUR LA NÉCESSITE DE PRÉSENTER
LES FUTURS TEXTES INÉDITS
DE RENÉ GUÉNON

Suite au compte rendu de l’ouvrage Psychologie, attribué à R. Guénon, un lecteur de notre blog a déposé le commentaire suivant :
« Merci pour votre recension.
Pourquoi accompagner un texte de Guénon d'un “appareil critique” ? Je comprends bien que ce texte n'était pas destiné à la publication, mais y a-t-il vraiment bénéfice à toujours rajouter son grain de sel ? L’œuvre ne se défend-elle pas elle-même, bien mieux que les divers bavardages qui l'entourent, et qui au contraire semblent produire un triste nuage de vase, autour d'un texte qui lui est pourtant limpide? J'ai peine à comprendre que la mise à disposition des textes soit depuis plus de 60 ans maintenant la dernière des priorités. »
Selon notre point de vue, il convient de distinguer les livres que Guénon publia de son vivant, lesquels, en effet, n’ont nul besoin d’un appareil critique, ni d’aucune sorte de présentation, des ouvrages posthumes que nous connaissons. Ces derniers, regroupant des articles et des compte rendus, doivent aux lecteurs les précisions nécessaires sur la provenance des textes et éventuellement sur les conditions particulières de leur rédaction lorsque cela est précisé dans la correspondance. 
Contrairement à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente. Et, nous constatons que la précipitation caractérisant la mentalité ambiante n’a pas épargné l’œuvre de celui qui nous a prévenus de ses fâcheuses conséquences, auxquelles s’ajoute maintenant l’incompétence qui se généralise et affecte tous les domaines. En publiant Psychologie, avec la complicité de Monsieur A. Grossato, l’éditeur Arche nous a offert un exemple remarquable de tout ce qu’il faut éviter.
La présentation par Patrice Brecq du Cours de philosophie dans le numéro spécial de Science Sacrée consacré à René Guénon, puis dans deux numéros de VLT (1), a permis heureusement de corriger les fausses conceptions qui s’étaient répandues et de remettre en place les idées concernant un inédit de Guénon dont il est nécessaire de resituer le contexte et les conditions spéciales de sa rédaction.
Nous devons retenir pour principe que l’édition des textes inédits doit être dépouillée de tout discours ou présentation quelconque de qui que ce soit, à l’exception d’une introduction rigoureuse, dépourvue de considération ou interprétation doctrinale, se limitant strictement à présenter l’organisation et le contenu d'éventuelles annexes. Les commentaires doivent s’effacer devant ce travail et laisser l’œuvre écrite à l’état pur, ce qui est le meilleur moyen de lui assurer son intégrité, son autorité et la pérennité de son rayonnement.
Les choses sont sans doute plus complexes lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes qui se posent autour de la correspondance. Les mises en garde émises jadis par André Bachelet sont à prendre en considération car, en effet, il serait inconséquent de publier les nombreuses réponses de Guénon en faisant abstraction, pour certaines d’entre elles, du contenu des lettres envoyées et sans évoquer, là également, le contexte de leur rédaction lorsque cela est nécessaire (2). Beaucoup d’éléments délivrés par la lecture de cette correspondance précisent des points particuliers de la doctrine, voire même leurs applications dans certains cas, tandis que d’autres donnent des informations sur tel ou tel ouvrage, tel auteur, telle situation etc. 
Bien évidemment, cela exige des compétences et des qualités particulières de la part de la personne pressentie (et de son équipe de collaborateurs) (3) qui devra présenter au futur éditeur le résultat de ce qui va nécessiter un travail long et désintéressé.
L’auteur du commentaire a raison de se montrer intransigeant à l’égard de toute tentative d’annexion ou de falsification comme cela s’est déjà produit avec une préface désastreuse publiée il y a une quarantaine d'années pour une édition de poche du Symbolisme de la Croix.
Il est malheureusement toujours possible, effectivement, que le projet d’édition auquel nous avons fait allusion soit aussi l’occasion d’un enjeu pour le profit de quelques personnes de pouvoir désireuses de se mettre en avant.


NOTES

(1) Voir les références de ces publications dans notre compte rendu, mis en ligne ci-dessous, le 1/05/ 2013 : Psychologie extrait du Cours de philosophie de René Guénon.

(2) Ainsi en est-il le la correspondance avec Mlle Denis Boulet qui offre un prolongement doctrinal appréciable à la métaphysique des États multiples de l’être.
(3) Les meilleurs connaisseurs de l’œuvre de Guénon s’accordent tous pour reconnaître à cette personne les qualifications requises nécessaires au regroupement des inédits, à la répartition des annexes et l'organisation des notes. L’unanimité de ce jugement est un fait suffisamment rare dans les cercles guénoniens pour qu’il mérite d’être signalé.



2 commentaires:

tagada a dit…
Bonjour,

De mon côté, de manière générale cette explication ne me remet pas les idées en place, je la trouve ambigüe à plus d'un titre, je ne sais pas ce qu'il en sera pour le reste du public à qui il faudrait remettre les idées en place.

En fait, ce sur quoi repose votre argumentation, c'est la supposée compétence de quelqu'un bien comme il faut? C'est assez périlleux comme position, parce que cette compétence peut être évaluée différemment selon le point de vue, et quelle autorité tranchera? Je ne crois pas que ce soit fortifier son argumentation que de s'appuyer sur quelqu'un qui serait un élu du consensus (note 3), d'autant que c'est un point de vue pour le moins personnel, et que même si c'était vrai ça ne voudrait rien dire. Qui sont les guénoniens aujourd'hui? Quelle unité désigne ce mot? Et quelle valeur cette étiquette peut-elle bien donner à ceux à qui on l'applique?

Voilà pourquoi je maintiens qu'un appareil critique n'a rien à faire avec l’œuvre de Guénon. Ceux qui veulent la connaître la liront eux-mêmes, pas besoin de leur prendre la main. Les commentaires ça intéresse ceux qui découvrent, lorsqu'ils connaissent ils se rendent compte ensuite à quel point ces commentaires sont faux et les ont inutilement alourdis des idées préconçues des commentateurs.
tagada a dit…
Et je persiste, "J'ai peine à comprendre que la mise à disposition des textes soit depuis plus de 60 ans maintenant la dernière des priorités."

Vous me répondez "Contrairement à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente." C'est malheureusement bien ce que je dis, il y a encore des inédits, 60 ans après, délivrés au compte goutte (peut-être pour maintenir le suspense? je ne comprends pas). Et je ne parle pas de la qualité catastrophique des recueils déjà publiés, que ce soit par la présentation ou par la simple retranscription des textes. Quel intérêt que de passer 10 000 heures à compter les virgules du cours de philosophie? Il y en a certainement un, mais ce n'est pas ça la priorité!

Concernant les distinctions que vous faites, livres publiés du vivant de, correspondances, etc, je le vois d'une autre façon : les travaux recueillis dans les ouvrages posthumes ont pour la plupart été publiés en revue du vivant de Guénon, et certains inédits étaient destinés à l'être. Quel est donc leur point commun : c'est l’œuvre publique. Vient ensuite une autre catégorie à part, qui sont les cours de Guénon, pas vraiment privés, mais pas destinés non plus au public, et pas de la même teneur. Et enfin les correspondances, privées elles, dont beaucoup sont intéressantes certes, mais c'est bien l’œuvre publique la priorité n°1. C'est ça, la volonté de Guénon. Il n'a jamais demandé à ce qu'on publie ses correspondances ou ses cours de philo, par contre il a bataillé toute sa vie pour voir son œuvre publiée, bien présentée et disponible.

Concernant la note 2 :
"Une autre remarque s’impose encore, au sujet de l’emploi que nous faisons du mot « être » lui-même, qui, en toute rigueur, ne peut plus s’appliquer dans son sens propre quand il s’agit de certains états de non-manifestation dont nous aurons à parler, et qui sont au delà du degré de l’Être pur. Nous sommes cependant obligé, en raison de la constitution même du langage humain, de conserver ce terme même en pareil cas, à défaut d’un autre plus adéquat, mais en ne lui attribuant plus alors qu’une valeur purement analogique et symbolique, sans quoi il nous serait tout à fait impossible de parler d’une façon quelconque de ce dont il s’agit ; et c’est là un exemple très net de ces insuffisances d’expression auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure. C’est ainsi que nous pourrons, comme nous l’avons déjà fait ailleurs, continuer à parler de l’être total comme étant en même temps manifesté dans certains de ses états et non manifesté dans d’autres états, sans que cela implique aucunement que, pour ces derniers, nous devions nous arrêter à la considération de ce qui correspond au degré qui est proprement celui de l’Être (1)."
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1 - Voir Le Symbolisme de la Croix, pp. 22-23.
Les États multiples de l'être, avant-propos

Cordialement.
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Certes l'erreur est un mal, un mal qui s'est répandu depuis quelques siècles dans toutes les parties du monde au point de donner l'impression qu'il n'y a plus rien hors de lui. C'est bien là le signe extrême que quelque chose a été caché.

dimanche 13 octobre 2013


SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON (Suite et fin)






               Le texte qui suit est la réponse aux deux commentaires déposés à propos du message intitulé SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON, mis en ligne ci-dessous, le vendredi 20 septembre 2013. (Les commentaires sont reproduits ici en italique).
- Contrairement à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente." C'est malheureusement bien ce que je dis, il y a encore des inédits, 60 ans après, délivrés au compte goutte (peut-être pour maintenir le suspense? je ne comprends pas. 
Les inédits de RG sont, comme ses textes publiés, soumis aux droits d’auteur. Ils ne peuvent donc être édités qu’avec l’accord des ayants droit. Pourtant, d’une façon générale, on constate que certains ne se gênent pas pour contourner la loi, en publiant dans des pays dans lesquels ces droits tombent après 50 ans (voir : Recueil, au Canada), ou en mettant en ligne sur Internet, par exemple, des correspondances de RG à tel ou tel (elles sont inédites, en livres, à ce jour).

Il est proprement scandaleux que ceux qui n’ont pas reçu le moindre mandat éditorial, ou qui n’en bénéficient plus, spolient ainsi les enfants de René Guénon, par des éditions illégales, en français et en langues étrangères, et par la mise en ligne sur Internet de nombre de livres, de textes et de correspondances.
Tous ces documents sont d’ailleurs plus ou moins fautifs, partiels. Pour les lettres, on ne sait pas ce que le correspondant de Guénon a bien pu lui écrire, ce qui peut engendrer bien des difficultés ou mésinterprétations. Par exemple, le 12 août 1917, Guénon écrit à Noële Maurice-Denis : « Voilà déjà huit jours que j’ai reçu mon manuscrit et votre lettre ». De quel manuscrit s’agit-il ? De celui sur « L’idée de l’Infini » ? De son « Examen des idées de Leibnitz sur la signification du Calcul infinitésimal » ? D’une autre étude ? Certains indices contenus dans cette lettre nous orientent sur une piste ; mais nous aurions bien entendu toute certitude en connaissant la lettre de Noële Maurice-Denis.
- Et je ne parle pas de la qualité catastrophique des recueils déjà publiés, que ce soit par la présentation ou par la simple retranscription des textes.
Nous sommes tout à fait d’accord. Les recueils posthumes préparés par Reyor/Clavelle, Maridort et Grossato, ont été faits sans avoir en vue un ordre d’ensemble cohérent. Ils manquent de sérieux, d’abord dans leur composition, certains articles n’ayant manifestement pas leur place dans tel ou tel recueil (par ex : les 4 premiers chapitres d’Initiation et Réalisation spirituelle).
De plus, on constate, pour le regretter : des fautes d’orthographe, de ponctuation ; des mots, phrases et notes oubliés ; des termes ajoutés ou substitués à ceux écrits initialement par Guénon ; des phrases répétées ; des erreurs concernant les références des articles publiés, ainsi qu’une absence totale de provenance des articles dans tel ouvrage, etc.
Et les responsables de ces publications anarchiques et catastrophiques se sont glorifiés, en associant leurs noms à celui de René Guénon, en signant des « Avant-propos » insignifiants, et bien contestables.
Par exemple, Clavelle (Reyor), avec les Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien. Son édition a été faite par surprise, “en pirate”, soutenue par Chacornac et Maridort en 1954. J’ai appris que Michel Vâlsan, mandataire littéraire nommé par René Guénon, avait dû accepter cette édition à titre transitoire, puisqu’elle était déjà composée en imprimerie ; mais il ne l’avait autorisée que pour une seule édition. Celle-ci avait de plus perturbé les possibilités d’une organisation judicieuse immédiate du matériel restant, car elle avait empiété sur le domaine du symbolisme, en incluant trois des articles destinés normalement au volume sur les symboles.
Quelques années après, Maridort et Chacornac reconnurent leurs torts respectifs dans cette affaire. Cela n’a rien changé au fait que les Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien ont été régulièrement réédités, plus tard avec une nouvelle pagination, et quelques corrections…
La question qui se pose est donc de savoir comment publier à nouveau ces articles.
- Par ordre chronologique ? Leur édition sous forme de succession « chronologique » pourrait-elle permettre d’en comprendre leur véritable « logique » ?
- N’importe comment, comme pour Mélanges et Recueil ?
- Par thèmes ? Peu avant son décès, Guénon avait privilégié cette dernière méthode, parlant d’« un ou deux recueils d’articles sur le symbolisme, et peut-être aussi une suite aux Aperçus sur l’Initiation ». Sur ce dernier point, Initiation et Réalisation spirituelle aurait pu être la suite espérée : encore une publication bâclée, fautive, etc…
- Quel intérêt que de passer 10 000 heures à compter les virgules du cours de philosophie? Il y en a certainement un, mais ce n'est pas ça la priorité.
Qui fait ce type de travail complètement stupide ? Très rares sont ceux qui ont lu ce Cours, et je n’en connais aucun qui se soit adonné à ce genre d’imbécillité. Mais peut-être disposez-vous d’informations que je ne possède pas... Ayez l’amabilité de m’apporter des renseignements là-dessus ; je vous en remercie à l’avance.
Ce qui est sûr, c’est que ceux qui ont lu ce Cours l’ont trouvé tout à fait conforme aux idées traditionnelles que RG expose dans ses livres et articles publiés. Il apporte, comme tout texte inédit de RG, des éclairages complémentaires, ou totalement nouveaux, sur bien des points.
C’est toujours la même doctrine, toujours le même enseignement. Mais, pour le savoir, il faut avoir lu ce Cours, et ne pas s’en faire quelque idée définitive à partir des rares extraits qui ont été publiés, ni préconçue, du fait qu’il provient, précisément, d’un cours de philosophie, alors qu’il ne s’agit ici que de la philosophie considérée et interprétée du seul point de vue traditionnel.
J’apporte quelques précisions complémentaires à ce que j’ai écrit précédemment au sujet de ce Cours de Philosophie.
Après l’édition du pitoyable Psychologie, Patrice Brecq a montré à qui il fallait attribuer la paternité de ce Cours, d’où était tirée la partie publiée par A. Grossato. Celui-ci n’en connaissait évidemment pas la provenance, pas plus qu’il ne connaît le Schiller et le Weber cités par Guénon, et que ce brillant universitaire confond avec deux autres homonymes !
AG ayant interprété de façon complètement fautive la question de “l’imagination créatrice” dans ce Cours, PB a jugé utile d’éditer le chapitre correspondant, qui doit être compris “psychologiquement” ou philosophiquement, et non, comme l’a fait AG, à partir de ce qui se rapporte à “l’art de la mémoire”, et à “l’imagination créatrice” selon Corbin.
Les deux premiers chapitres de “Psychologie” ont été édités pour que les lecteurs constatent qu’AG avait fait un travail qui ne pouvait que desservir RG. Leur publication a permis de répondre encore à ceux qui estimaient que Psychologie ne pouvait être de RG, à cause de la présence de l’expression : “psychologie métaphysique”.
PB a aussi donné ces précisions : le Cours se présente « le plus souvent comme un exposé des principales thèses soutenues par divers philosophes sur telle ou telle question, suivi d’un examen critique qui permet de pouvoir ensuite dégager plus facilement une conclusion. C’est dans la partie “critique” et dans la conclusion que la perspective traditionnelle est affirmée de la façon la plus explicite » (Science sacrée, n° sur RG).
Ce qui a été illustré par la publication du chapitre sur « Les degrés de la connaissance » : « Guénon y rappelle la distinction, établie par Spinoza, des quatre degrés de la connaissance ; puis il relève dans cette distinction plusieurs défauts ; il termine sa leçon en enseignant qu’il est préférable de distinguer trois degrés dans la connaissance, résumés dans un tableau qui n’est pas sans rappeler le premier tableau du chapitre II de L’Homme et son devenir selon le Vêdânta ; puis il ajoute enfin plusieurs remarques concernant la métaphysique » (Ibid.).
D’autre part, si on connaît, d’après Guénon, qu’il n’y a pas d’inconscient psychologique, « Conscience, subconscience, inconscience » (VLT n° 123) est le seul texte qui contient une argumentation détaillée sur cette question. De plus, les notes ajoutées éclairent plusieurs notions, comme celles de “conscience morale” et de “mémoire”. Les deux références données (Kant et Leibnitz), relatives à des citations faites par Guénon, si elles peuvent intéresser certains lecteurs, sont surtout des preuves documentaires en la faveur de Guénon lui-même.
Dans le n° 127 de VLT : « Définition et division de la logique », chapitre introductif à la “Logique”, et « Les principes logiques », chapitre II de la “Logique générale”, et dans le seul n° 128 de LRT : « La méthode mathématique ». Le n° 129 devait inclure la suite et la fin de ce chapitre. Cet ensemble, qui contient des données qu’on ne trouve pas ailleurs de façon aussi détaillée, concerne deux sciences qui « sont, dans tout le domaine scientifique, ce qui offre le plus de rapports réels avec la métaphysique ».
On est donc bien loin d’un cours de philosophie dispensé en lycée ou à l’université ! Dans ce Cours, les conceptions philosophiques sont en effet exposées, puis réfutées uniquement à partir du point de vue traditionnel, et d’idées conformes à la théorie des états multiples de l’être.
L’édition de ce Cours serait autrement plus intéressante « que de passer 10 000 heures à compter ses virgules » !
- Concernant les distinctions que vous faites, livres publiés du vivant de, correspondances, etc, je le vois d'une autre façon : les travaux recueillis dans les ouvrages posthumes ont pour la plupart été publiés en revue du vivant de Guénon, et certains inédits étaient destinés à l'être. Quel est donc leur point commun : c'est l’œuvre publique.
Je vois que nos points de vue concernant les recueils posthumes, qui contiennent des articles publiés par Guénon de son vivant, ne sont pas si différents, puisqu’ils concernent effectivement « l’œuvre publique ». Toutefois, il ne faut pas oublier que ces recueils n’ont pas été constitués par Guénon lui-même. Et j’ai fait précédemment plusieurs critiques à ces ouvrages posthumes. Si bien que seuls les livres de Guénon, publiés par lui de son vivant, bénéficient d’un véritable statut « à part ».
Si on veut ajouter à ces livres les articles publiés par Guénon, et ceux qu’il a voulu éditer, sans y parvenir (par exemple : « Les dualités cosmiques »), on a effectivement un ensemble : celui de son œuvre publique.
Que faire alors des articles publiés dans diverses revues, et de tous les documents inédits ? Quel est le statut de ces derniers ? Peut-on, doit-on, les publier ? Ces questions rejoignent vos dernières remarques, que je reprends :
- Vient ensuite une autre catégorie à part, qui sont les cours de Guénon, pas vraiment privés, mais pas destinés non plus au public, et pas de la même teneur. Et enfin les correspondances, privées elles, dont beaucoup sont intéressantes certes, mais c'est bien l’œuvre publique la priorité n°1. C'est ça, la volonté de Guénon. Il n'a jamais demandé à ce qu'on publie ses correspondances ou ses cours de philo, par contre il a bataillé toute sa vie pour voir son œuvre publiée, bien présentée et disponible.
Pour le Cours de Philosophie, Patrice Brecq écrivait en 2003, qu’il n’avait « pas lu, à ce jour, d’indications de Guénon concernant une éventuelle possibilité d’édition de son cours de philosophie, pas plus, d’ailleurs, que de mentions en interdisant sa publication. De là, si ce Cours ne devait pas rester inédit, il faudrait, pour constituer en livre ces leçons de philosophie, partir des originaux, donc de la source la plus sûre et la mieux établie, puisque l’auteur ne l’a pas fait lui-même ».
Depuis dix ans, et malgré de patientes recherches, il n’a toujours pas lu quoi que ce soit de Guénon à ce sujet, pas plus qu’il n’a trouvé, de la part de Guénon, d’interdiction de publication de ses autres écrits, ni de sa correspondance.
La seule réserve trouvée est indirecte : selon l’un se ses correspondants (dans une lettre de ce dernier à un tiers, Guénon aurait interdit la publication d’un seul texte (c’est plus exactement un ensemble de textes) mais ce correspondant ne s’exprime pas très clairement sur ce point, et, surtout, dans sa propre correspondance avec Guénon, on ne trouve pas de formulation de ladite interdiction.
Pour la publication des correspondances (1), bien des bruits circulent, mais on n’a jamais rapporté à ce jour le moindre témoignage écrit de Guénon sur ce sujet : ni pour, ni contre. Comme tout auteur, Guénon savait bien que la question de « ses inédits » se poserait après sa disparition. S’il n’a rien précisé, c’est qu’en authentique walî (saint ou rapproché, ami de Dieu) − on ne sait guère, en Occident, qu’« Al-walî » est précisément le titre par lequel il est connu en Égypte, et dans bien des pays musulmans −, il s’en est remis à ce sujet à la Volonté et à la Sagesse divines.
Il y a encore un autre type de documents inédits : il s’agit des notes qu’il a rédigées tout au long de sa vie. Elles sont contenues dans deux ensembles : le Document I concerne le domaine traditionnel, et comprend 1120 pages ; le Document II traite principalement de théologie et de philosophie, sur 296 pages (notes prises entre 1914 ou 1915 et 1924). Ils sont constitués, d’une part de la copie de passages extraits de livres et d’articles, lus par Guénon, et parfois annotés par lui ; d’autre part, de considérations, observations ou réflexions consignées par Guénon, pouvant s’étendre sur plusieurs pages. En fonction des sujets qu’il traitait, il les intégrait telles quelles dans ses propres écrits, signalant sur les manuscrits qu’elles étaient désormais reprises. Mais nombre de ces notes restent inédites. Là encore, faut-il les publier ? Comment ? Etc.
     
Les lecteurs familiers des lettres de Guénon, et ceux qui connaissent ses autres écrits inédits, notamment son Cours de Philosophie, savent qu’ils sont tout à fait conformes aux idées traditionnelles que René Guénon expose dans ses livres et articles publiés.
De là, pour ces lecteurs, il ne fait aucun doute que tous les écrits de Guénon relèvent, chacun dans son ordre, d’un enseignement unique. Pour eux, toutes les subdivisions que certains établissent, avec plus ou moins d’ingéniosité, disparaissent finalement devant ce principe d’unité.



NOTE


(1) Plusieurs d’entre elles ont été éditées :
- celle avec Alain Daniélou a l’avantage de reproduire les lettres autographes de Guénon ; mais elle est desservie par la reproduction des brouillons des lettres de Daniélou, et par l’introduction de Grossato (voir à ce sujet le n° 125 de VLT).
- Celle avec Cattiaux est desservie, là encore, par une introduction calamiteuse.
- Celle avec Evola est partielle, et ne donne pas copie des lettres autographes de Guénon ; l’introduction est très « évolienne ».   


2 commentaires:

tagada a dit…
Par inédits j'entendais surtout les textes déjà parus en revue mais indisponibles aujourd'hui, inédits au sens de "pas édités en recueils", ou effectivement ceux qui étaient destinés à l'être.

Spolier les enfants de quoi? Vous ne connaissez même pas le sens des mots que vous employez.

Pour moi le sujet de fond est la mise à disposition de l’œuvre de Guénon, le plus correctement possible, selon son souhait. Si ce n'est pas le sujet qui vous intéresse ce n'est pas la peine de me répondre, ça suffit ces gamineries, depuis combien d'années durent ces luttes intestines, ces querelles d'egos? Combien d'énergie gâchée à rouler des mécaniques et à tenter de mordre les mollets? Mentalité de caniche.

Je n'ai jamais dit que les versions que je proposais étaient parfaites, si des erreurs vous choquent rien ne coûte de les signaler, pas pour moi mais pour les lecteurs (mais je ne compte pas sur vous pour ça, je commence à connaître votre mentalité). D'autres travaux de correction sont prévus pour viser à éliminer la totalité des fautes, mais ce n'est pas encore fait, ne serait-ce qu'à cause de la documentation qui n'a pas encore été totalement réunie à ce jour. Mais c'est en bonne voie. Ce travail est loin de se limiter au fait de donner des recopies de l'édition papier actuelle, mais vise à donner publiquement accès à l’œuvre publique (ce qui ne semble pas illogique...), le plus complètement et le plus correctement possible. Il ne s'oppose pas aux éditions papier passées, présentes ou futures, que chacun ira acheter s'il veut réellement lire des livres entiers, ce qui est beaucoup plus commode que sur ordinateur, mais se propose au contraire comme une aide parmi d'autres pour corriger les erreurs des éditions papiers et mettre l'accent sur des erreurs de présentation à ne pas reproduire, et pas pour condamner des personnes comme vous le faites, mais uniquement dans un but constructif.

Je ne sais pas si cela vaut bien le coup de blablater sur les morts, surtout si c'est pour en condamner certains et faire le silence sur les manquements d'autres. L'honnêteté m'oblige à préciser que le recueil posthume de Valsan est loin d'être exemplaire, comportant lui aussi une préface, et comme annexe les propres travaux de Valsan, ce qui était de très mauvais goût, tout comme le fait de saupoudrer abondamment ses propres notes dans ce même recueil en y appelant Guénon "notre Maître", malgré les insistantes mises au point de ce dernier à ce sujet (qui n'ont donc pas été faites pour rien). Quant à la qualité de la retranscription, elle est fautive également, présentant des omissions, des remplacements de mots altérant le sens, et même des reformulations complètes de débuts d'article dans un français approximatif (c'est déjà ce que j'ai pu constater, sachant que je n'ai vérifié pour l'instant qu'une petite partie des articles de ce recueil).
tagada a dit…
D'autre part, Michel Valsan n'était pas en reste, lui, en terme de spoliation des enfants de Guénon, et dans cette phrase j'utilise correctement le terme de spoliation, contrairement à vous : après le décès de Guénon, il s'est saisi de nombreux documents (dont seuls les complices du moment ou actuels ont la liste exacte, mais comprenant au moins les manuscrits originaux des livres, ce qui serait bien utile pour corriger les actuelles éditions fautives, notamment Vega et Editions Traditionnelles), sous prétexte de les protéger, et n'a jamais voulu les restituer ensuite à la famille Guénon malgré sa demande. C'est ça, la spoliation.

Le terme de "guénonien" me paraissait déjà équivoque lorsqu'il était fait état dans le précédent article d'une sorte d'élu du consensus à la note 3, mais maintenant j'ai l'impression que c'est plutôt le qualificatif de "valsanien" qui est approprié ici, terme qui lui a bien sa raison d'être en tant qu'il désigne une coloration très particulière, coloration qui ne concerne aucunement l’œuvre de Guénon, qui en est totalement propre, libre et indépendante.

Tant mieux pour vous si vous détenez des tas d'inédits, dont vous m'apprenez même l'existence pour la plupart. J'ai cependant l'impression que cette rétention a pour seul effet de flatter l'ego de ses détenteurs, ce qui n'est pas pour favoriser l'intelligence, et j'espère, vraiment, que vous n'êtes pas de ceux qui participez à la spoliation (dans le sens exact) des héritiers de Guénon. A ce sujet, vous vous engagez peut-être sur un terrain glissant.

Concernant vos déblatérations visant à gommer toute distinction des différentes sortes de textes de Guénon, elles n'arrivent pas à résorber les faits : il y a une œuvre publique, pour la publication de laquelle Guénon s'est battu avec acharnement, et il y a tout un tas de textes, qui ont leur intérêt, mais pour la publication desquels Guénon n'a donné aucune consigne. La priorité est donc bien à l’œuvre publique. Le cours de philosophie sur lequel vous avez travaillé a son intérêt (je ne parle que du texte en lui-même), mais il n'a pas la même destination, il était destiné à des élèves. Les lettres ont leur intérêt, mais elles ont encore une visée différente. A chaque fois c'est Guénon, mais l'intention n'est pas la même, que vous le vouliez ou non. Vous avez manifestement une relation à l’œuvre de Guénon d'ordre magique, à quand l'émerveillement devant les listes de courses de Guénon?