http://strigelius.blogspot.fr/
nous avons été accusé de spolier les enfants de Guénon. Suite à notre réponse, l'administrateur du blog l'a entièrement supprimé :
C'est dommage, et le mieux pour lui serait qu'il le restaure s'il en est encore temps, mais peu importe, nous reproduisons ici l'échange, avec notre réponse.
Voici les pages html (avec en plus l'article avec le commentaire qui a initié cet échange) :
Ci-après, la reproduction de l'échange (juste un menu détail, la remarque sur la note 2 réagissait à l'écriture fautive du titre : États multiples de l'Être, corrigée être par la suite) :
-------------------------------------------------------------------
Certes l'erreur est un mal, un mal qui
s'est répandu depuis quelques siècles dans toutes les parties du monde
au point de donner l'impression qu'il n'y a plus rien hors de lui. C'est
bien là le signe extrême que quelque chose a été caché.
vendredi 20 septembre 2013
SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON
SUR LA
NÉCESSITE DE PRÉSENTER
LES FUTURS TEXTES INÉDITS
DE RENÉ GUÉNON
Suite au compte rendu de l’ouvrage Psychologie, attribué à R. Guénon, un lecteur de notre blog a
déposé le commentaire suivant :
« Merci pour votre recension.
Pourquoi accompagner un texte de Guénon
d'un “appareil critique” ? Je comprends bien que ce texte n'était pas destiné à
la publication, mais y a-t-il vraiment bénéfice à toujours rajouter son grain
de sel ? L’œuvre ne se défend-elle pas elle-même, bien mieux que les divers bavardages
qui l'entourent, et qui au contraire semblent produire un triste nuage de vase,
autour d'un texte qui lui est pourtant limpide? J'ai peine à comprendre que la
mise à disposition des textes soit depuis plus de 60 ans maintenant la dernière
des priorités. »
Selon notre point de vue,
il convient de distinguer les
livres que Guénon publia de son vivant, lesquels, en effet, n’ont nul besoin
d’un appareil critique, ni d’aucune sorte de présentation, des ouvrages
posthumes que nous connaissons. Ces derniers, regroupant des articles et des
compte rendus, doivent aux lecteurs les précisions nécessaires sur la
provenance des textes et éventuellement sur les conditions particulières de
leur rédaction lorsque cela est précisé dans la correspondance.
Contrairement à ce que dit l’auteur de la
remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente. Et, nous
constatons que la précipitation caractérisant la mentalité ambiante n’a pas
épargné l’œuvre de celui qui nous a prévenus de ses fâcheuses conséquences,
auxquelles s’ajoute maintenant l’incompétence qui se généralise et affecte tous
les domaines. En publiant Psychologie,
avec la complicité de Monsieur A. Grossato, l’éditeur Arche nous a offert un
exemple remarquable de tout ce qu’il faut éviter.
La présentation par Patrice Brecq du Cours de philosophie dans le numéro
spécial de Science Sacrée consacré à
René Guénon, puis dans deux numéros de VLT
(1), a permis heureusement de corriger les fausses conceptions qui s’étaient
répandues et de remettre en place les idées concernant un inédit de Guénon dont
il est nécessaire de resituer le contexte et les conditions spéciales de sa
rédaction.
Nous devons retenir pour principe que
l’édition des textes inédits doit être dépouillée
de tout discours ou présentation quelconque de qui que ce soit, à l’exception
d’une introduction rigoureuse, dépourvue de considération ou interprétation
doctrinale, se limitant strictement à présenter l’organisation et le contenu
d'éventuelles annexes. Les commentaires doivent s’effacer devant ce travail et
laisser l’œuvre écrite à l’état pur, ce qui est le meilleur moyen de lui
assurer son intégrité, son autorité et la pérennité de son rayonnement.
Les choses sont sans doute plus complexes
lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes qui se posent autour de la
correspondance. Les mises en garde émises jadis par André Bachelet sont à
prendre en considération car, en effet, il serait inconséquent de publier les
nombreuses réponses de Guénon en faisant abstraction, pour certaines d’entre
elles, du contenu des lettres envoyées et sans évoquer, là également, le
contexte de leur rédaction lorsque cela est nécessaire (2). Beaucoup
d’éléments délivrés par la lecture de cette correspondance précisent des points
particuliers de la doctrine, voire même leurs applications dans certains cas,
tandis que d’autres donnent des informations sur tel ou tel ouvrage, tel
auteur, telle situation etc.
Bien évidemment, cela exige des compétences
et des qualités particulières de la part de la personne pressentie (et de son équipe de
collaborateurs) (3) qui devra présenter au futur éditeur le résultat de ce qui
va nécessiter un travail long et désintéressé.
L’auteur du commentaire a raison de se
montrer intransigeant à l’égard de toute tentative d’annexion ou de falsification
comme cela s’est déjà produit avec une préface désastreuse publiée il y a une
quarantaine d'années pour une édition de poche du Symbolisme de la Croix.
Il est malheureusement toujours possible,
effectivement, que le projet d’édition auquel nous avons fait allusion soit
aussi l’occasion d’un enjeu pour le profit de quelques personnes de pouvoir
désireuses de se mettre en avant.
NOTES
(1) Voir les références de ces publications dans notre compte rendu, mis en ligne ci-dessous, le 1/05/ 2013 : Psychologie extrait du Cours de philosophie de René Guénon.
(2) Ainsi en
est-il le la correspondance avec Mlle Denis Boulet qui offre un prolongement doctrinal
appréciable à la métaphysique des États
multiples de l’être.
(3) Les
meilleurs connaisseurs de l’œuvre de Guénon s’accordent tous pour
reconnaître à cette personne les qualifications requises nécessaires au
regroupement
des inédits, à la répartition des annexes et l'organisation des notes.
L’unanimité de ce
jugement est un fait suffisamment rare dans les cercles guénoniens pour
qu’il
mérite d’être signalé.
-------------------------------------------------------------------
Certes l'erreur est un mal, un mal qui
s'est répandu depuis quelques siècles dans toutes les parties du monde
au point de donner l'impression qu'il n'y a plus rien hors de lui. C'est
bien là le signe extrême que quelque chose a été caché.
dimanche 13 octobre 2013
SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON (Suite et fin)
Le texte qui suit est la
réponse aux deux commentaires déposés à propos du message intitulé SUR LA
PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON, mis en ligne ci-dessous, le vendredi 20
septembre 2013. (Les commentaires sont reproduits ici en italique).
- Contrairement
à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits
est assez récente." C'est malheureusement bien ce que je dis, il y a
encore des inédits, 60 ans après, délivrés au compte goutte (peut-être pour
maintenir le suspense? je ne comprends pas.
Les
inédits de RG sont, comme ses textes publiés, soumis aux droits d’auteur. Ils
ne peuvent donc être édités qu’avec l’accord des ayants droit. Pourtant, d’une
façon générale, on constate que certains ne se gênent pas pour contourner la
loi, en publiant dans des pays dans lesquels ces droits tombent après 50 ans
(voir : Recueil, au Canada), ou en mettant en ligne sur Internet, par
exemple, des correspondances de RG à tel ou tel (elles sont inédites, en
livres, à ce jour).
Il
est proprement scandaleux que ceux qui n’ont pas reçu le moindre mandat
éditorial, ou qui n’en bénéficient plus, spolient ainsi les enfants de René
Guénon, par des éditions illégales, en français et en langues étrangères, et
par la mise en ligne sur Internet de nombre de livres, de textes et de
correspondances.
Tous
ces documents sont d’ailleurs plus ou moins fautifs, partiels. Pour les
lettres, on ne sait pas ce que le correspondant de Guénon a bien pu lui écrire,
ce qui peut engendrer bien des difficultés ou mésinterprétations. Par exemple,
le 12 août 1917, Guénon écrit à Noële Maurice-Denis
: « Voilà déjà huit jours que j’ai reçu mon
manuscrit et votre lettre ». De quel manuscrit s’agit-il ? De celui
sur « L’idée de l’Infini » ? De son « Examen des idées de
Leibnitz sur la signification du Calcul infinitésimal » ? D’une autre
étude ? Certains indices contenus dans cette lettre nous orientent
sur une piste ; mais nous aurions bien entendu toute certitude en
connaissant la lettre de Noële Maurice-Denis.
- Et
je ne parle pas de la qualité catastrophique des recueils déjà publiés, que ce
soit par la présentation ou par la simple retranscription des textes.
Nous
sommes tout à fait d’accord. Les recueils posthumes préparés par
Reyor/Clavelle, Maridort et Grossato, ont été faits sans avoir en vue un ordre
d’ensemble cohérent. Ils manquent de sérieux, d’abord dans leur composition,
certains articles n’ayant manifestement pas leur place dans tel ou tel recueil
(par ex : les 4 premiers chapitres d’Initiation et Réalisation
spirituelle).
De
plus, on constate, pour le regretter : des fautes d’orthographe, de
ponctuation ; des mots, phrases et notes oubliés ; des termes ajoutés
ou substitués à ceux écrits initialement par Guénon ; des phrases
répétées ; des erreurs concernant les références des articles publiés,
ainsi qu’une absence totale de provenance des articles dans tel ouvrage, etc.
Et
les responsables de ces publications anarchiques et catastrophiques se sont
glorifiés, en associant leurs noms à celui de René Guénon, en signant des
« Avant-propos » insignifiants, et bien contestables.
Par
exemple, Clavelle (Reyor), avec les Aperçus
sur l’Ésotérisme chrétien. Son
édition a été faite par surprise, “en pirate”, soutenue par Chacornac et
Maridort en 1954. J’ai appris que Michel Vâlsan, mandataire littéraire nommé
par René Guénon, avait dû accepter cette édition à titre transitoire,
puisqu’elle était déjà composée en imprimerie ; mais il ne l’avait
autorisée que pour une seule édition. Celle-ci avait de plus perturbé les possibilités
d’une organisation judicieuse immédiate du matériel restant, car elle avait
empiété sur le domaine du symbolisme, en incluant trois des articles destinés
normalement au volume sur les symboles.
Quelques années après, Maridort et Chacornac reconnurent leurs torts
respectifs dans cette affaire. Cela n’a rien changé au fait que les Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien ont été régulièrement
réédités, plus tard avec une nouvelle pagination, et quelques corrections…
La question qui se pose est donc de savoir
comment publier à nouveau ces articles.
- Par ordre chronologique ? Leur
édition sous forme de succession « chronologique » pourrait-elle
permettre d’en comprendre leur véritable « logique » ?
- N’importe comment, comme pour Mélanges et Recueil ?
- Par thèmes ? Peu avant son décès,
Guénon avait privilégié cette dernière méthode, parlant d’« un ou deux
recueils d’articles sur le symbolisme, et peut-être aussi une suite aux Aperçus sur l’Initiation ». Sur ce dernier point, Initiation et Réalisation spirituelle aurait pu être la suite espérée : encore une publication bâclée,
fautive, etc…
-
Quel intérêt que de passer 10 000 heures à compter les virgules du cours de
philosophie? Il y en a certainement un, mais ce n'est pas ça la priorité.
Qui
fait ce type de travail complètement stupide ? Très rares sont ceux qui ont lu
ce Cours, et je n’en connais aucun qui se soit adonné à ce genre d’imbécillité.
Mais peut-être disposez-vous d’informations que je ne possède pas... Ayez
l’amabilité de m’apporter des renseignements là-dessus ; je vous en remercie à
l’avance.
Ce
qui est sûr, c’est que ceux qui ont lu ce Cours l’ont trouvé tout à fait
conforme aux idées traditionnelles que RG expose dans ses livres et articles
publiés. Il apporte, comme tout texte inédit de RG, des éclairages
complémentaires, ou totalement nouveaux, sur bien des points.
C’est
toujours la même doctrine, toujours le même enseignement. Mais, pour le savoir,
il faut avoir lu ce Cours, et ne pas s’en faire quelque idée définitive à
partir des rares extraits qui ont été publiés, ni préconçue, du fait qu’il
provient, précisément, d’un cours de philosophie, alors qu’il ne s’agit ici que
de la philosophie considérée et interprétée du seul point de vue traditionnel.
J’apporte
quelques précisions complémentaires à ce que j’ai écrit précédemment au sujet
de ce Cours de Philosophie.
Après
l’édition du pitoyable Psychologie, Patrice Brecq a montré à qui il fallait attribuer la
paternité de ce Cours, d’où était tirée la partie publiée par A. Grossato.
Celui-ci n’en connaissait évidemment pas la provenance, pas plus qu’il ne
connaît le Schiller et le Weber cités par Guénon, et que ce brillant
universitaire confond avec deux autres homonymes !
AG
ayant interprété de façon complètement fautive la question de “l’imagination
créatrice” dans ce Cours, PB a jugé utile d’éditer le chapitre correspondant,
qui doit être compris “psychologiquement” ou philosophiquement, et non, comme
l’a fait AG, à partir de ce qui se rapporte à “l’art de la mémoire”, et à
“l’imagination créatrice” selon Corbin.
Les
deux premiers chapitres de “Psychologie” ont été édités pour que les lecteurs
constatent qu’AG avait fait un travail qui ne pouvait que desservir RG. Leur
publication a permis de répondre encore à ceux qui estimaient que Psychologie ne pouvait être de RG, à cause de la présence de
l’expression : “psychologie métaphysique”.
PB
a aussi donné ces précisions : le Cours se présente
« le plus souvent comme un exposé des principales thèses soutenues par
divers philosophes sur telle ou telle question, suivi d’un examen critique qui
permet de pouvoir ensuite dégager plus facilement une conclusion. C’est dans la
partie “critique” et dans la conclusion que la perspective traditionnelle est
affirmée de la façon la plus explicite » (Science sacrée, n° sur RG).
Ce
qui a été illustré par la publication du chapitre sur « Les degrés de la
connaissance » : « Guénon y rappelle la distinction, établie par
Spinoza, des quatre degrés de la connaissance ; puis il relève dans cette
distinction plusieurs défauts ; il termine sa leçon en enseignant qu’il est
préférable de distinguer trois degrés dans la connaissance, résumés dans un
tableau qui n’est pas sans rappeler le premier tableau du chapitre II de L’Homme
et son devenir selon le Vêdânta ;
puis il ajoute enfin plusieurs remarques concernant la métaphysique » (Ibid.).
D’autre
part, si on connaît, d’après Guénon, qu’il n’y a pas d’inconscient
psychologique, « Conscience, subconscience, inconscience » (VLT n°
123) est le seul texte qui contient une argumentation détaillée sur cette
question. De plus, les notes ajoutées éclairent plusieurs notions, comme celles
de “conscience morale” et de “mémoire”. Les deux références données (Kant et
Leibnitz), relatives à des citations faites par Guénon, si elles peuvent
intéresser certains lecteurs, sont surtout des preuves documentaires en la
faveur de Guénon lui-même.
Dans
le n° 127 de VLT : « Définition
et division de la logique », chapitre introductif à la “Logique”, et
« Les principes logiques », chapitre II de la “Logique générale”, et
dans le seul n° 128 de LRT : « La méthode mathématique ». Le n° 129
devait inclure la suite et la fin de ce chapitre. Cet ensemble, qui contient
des données qu’on ne trouve pas ailleurs de façon aussi détaillée, concerne
deux sciences qui « sont, dans tout le
domaine scientifique, ce qui offre le plus de rapports réels avec la
métaphysique ».
On
est donc bien loin d’un cours de philosophie dispensé en lycée ou à
l’université ! Dans ce Cours, les conceptions philosophiques sont en effet
exposées, puis réfutées uniquement à partir du
point de vue traditionnel, et d’idées conformes à la
théorie des états multiples de l’être.
L’édition
de ce Cours serait autrement plus intéressante « que de passer 10 000
heures à compter ses virgules » !
-
Concernant les distinctions que vous faites, livres publiés du vivant de,
correspondances, etc, je le vois d'une autre façon : les travaux recueillis
dans les ouvrages posthumes ont pour la plupart été publiés en revue du vivant
de Guénon, et certains inédits étaient destinés à l'être. Quel est donc leur
point commun : c'est l’œuvre publique.
Je vois que nos points de vue concernant
les recueils posthumes, qui contiennent des articles publiés par Guénon de son
vivant, ne sont pas si différents, puisqu’ils concernent effectivement
« l’œuvre publique ». Toutefois, il ne faut pas oublier que ces
recueils n’ont pas été constitués par Guénon lui-même. Et j’ai fait
précédemment plusieurs critiques à ces ouvrages posthumes. Si bien que seuls les
livres de Guénon, publiés par lui de son vivant, bénéficient d’un véritable
statut « à part ».
Si on veut ajouter à ces livres les
articles publiés par Guénon, et ceux qu’il a voulu éditer, sans y parvenir (par
exemple : « Les dualités cosmiques »), on a effectivement un
ensemble : celui de son œuvre publique.
Que faire alors des articles publiés dans
diverses revues, et de tous les documents inédits ? Quel est le statut de
ces derniers ? Peut-on, doit-on, les publier ? Ces questions
rejoignent vos dernières remarques, que je reprends :
-
Vient ensuite une autre catégorie à part, qui sont les cours de Guénon, pas
vraiment privés, mais pas destinés non plus au public, et pas de la même
teneur. Et enfin les correspondances, privées elles, dont beaucoup sont intéressantes
certes, mais c'est bien l’œuvre publique la priorité n°1. C'est ça, la volonté
de Guénon. Il n'a jamais demandé à ce qu'on publie ses correspondances ou ses
cours de philo, par contre il a bataillé toute sa vie pour voir son œuvre
publiée, bien présentée et disponible.
Pour le Cours de Philosophie, Patrice
Brecq écrivait en 2003, qu’il n’avait « pas lu, à ce jour, d’indications
de Guénon concernant une éventuelle possibilité d’édition de son cours de
philosophie, pas plus, d’ailleurs, que de mentions en interdisant sa
publication. De là, si ce Cours ne devait pas rester inédit, il faudrait, pour
constituer en livre ces leçons de philosophie, partir des originaux, donc de la
source la plus sûre et la mieux établie, puisque l’auteur ne l’a pas fait
lui-même ».
Depuis dix ans, et malgré de patientes
recherches, il n’a toujours pas lu quoi que ce soit de Guénon à ce sujet, pas
plus qu’il n’a trouvé, de la part de Guénon, d’interdiction de publication de
ses autres écrits, ni de sa correspondance.
La seule réserve trouvée est
indirecte : selon l’un se ses correspondants (dans une lettre de ce
dernier à un tiers, Guénon aurait interdit la publication d’un seul texte
(c’est plus exactement un ensemble de textes) mais ce correspondant ne
s’exprime pas très clairement sur ce point, et, surtout, dans sa propre
correspondance avec Guénon, on ne trouve pas de formulation de ladite
interdiction.
Pour la publication des correspondances
(1), bien des bruits circulent, mais on n’a jamais rapporté à ce jour le
moindre témoignage écrit de Guénon sur ce sujet : ni pour, ni contre.
Comme tout auteur, Guénon savait bien que la question de « ses
inédits » se poserait après sa disparition. S’il n’a rien précisé, c’est
qu’en authentique walî (saint ou “rapproché”, ami de Dieu) − on ne sait guère, en Occident,
qu’« Al-walî » est précisément le titre par lequel il est connu en
Égypte, et dans bien des pays musulmans −, il s’en est remis à ce sujet à la
Volonté et à la Sagesse divines.
Il
y a encore un autre type de documents inédits : il s’agit des notes qu’il
a rédigées tout au long de sa vie. Elles
sont contenues dans deux ensembles : le Document
I concerne le domaine traditionnel,
et comprend 1120 pages ; le Document
II traite principalement de théologie et de philosophie,
sur 296 pages (notes prises entre 1914 ou 1915 et 1924). Ils
sont constitués, d’une part de la copie de passages extraits de livres et
d’articles, lus par Guénon, et parfois annotés par lui ; d’autre part, de
considérations, observations ou réflexions consignées par Guénon, pouvant
s’étendre sur plusieurs pages. En fonction des sujets qu’il traitait, il les
intégrait telles quelles dans ses propres écrits, signalant sur les manuscrits
qu’elles étaient désormais reprises. Mais nombre de ces notes restent inédites.
Là encore, faut-il les publier ? Comment ? Etc.
Les lecteurs familiers des lettres de
Guénon, et ceux qui connaissent ses autres écrits inédits, notamment son Cours
de Philosophie, savent qu’ils sont tout à fait conformes aux idées
traditionnelles que René Guénon expose dans ses livres et articles publiés.
De là, pour ces lecteurs, il ne fait aucun
doute que tous les écrits de
Guénon relèvent, chacun dans son ordre, d’un enseignement unique. Pour eux, toutes les
subdivisions que certains établissent, avec plus ou moins d’ingéniosité,
disparaissent finalement devant ce principe d’unité.
NOTE
(1) Plusieurs d’entre elles ont été
éditées :
- celle avec Alain Daniélou a
l’avantage de reproduire les lettres autographes de Guénon ; mais elle est
desservie par la reproduction des brouillons des lettres de Daniélou, et par
l’introduction de Grossato (voir à ce sujet le n° 125 de VLT).
- Celle avec Cattiaux est
desservie, là encore, par une introduction calamiteuse.
- Celle avec Evola est
partielle, et ne donne pas copie des lettres autographes de Guénon ;
l’introduction est très « évolienne ».
2 commentaires:
- tagada a dit…
- Par inédits j'entendais surtout les textes déjà parus en revue mais
indisponibles aujourd'hui, inédits au sens de "pas édités en recueils",
ou effectivement ceux qui étaient destinés à l'être.
Spolier les enfants de quoi? Vous ne connaissez même pas le sens des mots que vous employez.
Pour moi le sujet de fond est la mise à disposition de l’œuvre de Guénon, le plus correctement possible, selon son souhait. Si ce n'est pas le sujet qui vous intéresse ce n'est pas la peine de me répondre, ça suffit ces gamineries, depuis combien d'années durent ces luttes intestines, ces querelles d'egos? Combien d'énergie gâchée à rouler des mécaniques et à tenter de mordre les mollets? Mentalité de caniche.
Je n'ai jamais dit que les versions que je proposais étaient parfaites, si des erreurs vous choquent rien ne coûte de les signaler, pas pour moi mais pour les lecteurs (mais je ne compte pas sur vous pour ça, je commence à connaître votre mentalité). D'autres travaux de correction sont prévus pour viser à éliminer la totalité des fautes, mais ce n'est pas encore fait, ne serait-ce qu'à cause de la documentation qui n'a pas encore été totalement réunie à ce jour. Mais c'est en bonne voie. Ce travail est loin de se limiter au fait de donner des recopies de l'édition papier actuelle, mais vise à donner publiquement accès à l’œuvre publique (ce qui ne semble pas illogique...), le plus complètement et le plus correctement possible. Il ne s'oppose pas aux éditions papier passées, présentes ou futures, que chacun ira acheter s'il veut réellement lire des livres entiers, ce qui est beaucoup plus commode que sur ordinateur, mais se propose au contraire comme une aide parmi d'autres pour corriger les erreurs des éditions papiers et mettre l'accent sur des erreurs de présentation à ne pas reproduire, et pas pour condamner des personnes comme vous le faites, mais uniquement dans un but constructif.
Je ne sais pas si cela vaut bien le coup de blablater sur les morts, surtout si c'est pour en condamner certains et faire le silence sur les manquements d'autres. L'honnêteté m'oblige à préciser que le recueil posthume de Valsan est loin d'être exemplaire, comportant lui aussi une préface, et comme annexe les propres travaux de Valsan, ce qui était de très mauvais goût, tout comme le fait de saupoudrer abondamment ses propres notes dans ce même recueil en y appelant Guénon "notre Maître", malgré les insistantes mises au point de ce dernier à ce sujet (qui n'ont donc pas été faites pour rien). Quant à la qualité de la retranscription, elle est fautive également, présentant des omissions, des remplacements de mots altérant le sens, et même des reformulations complètes de débuts d'article dans un français approximatif (c'est déjà ce que j'ai pu constater, sachant que je n'ai vérifié pour l'instant qu'une petite partie des articles de ce recueil). - 14 octobre 2013 10:27
- tagada a dit…
- D'autre part, Michel Valsan n'était pas en reste, lui, en terme de
spoliation des enfants de Guénon, et dans cette phrase j'utilise
correctement le terme de spoliation, contrairement à vous : après le
décès de Guénon, il s'est saisi de nombreux documents (dont seuls les
complices du moment ou actuels ont la liste exacte, mais comprenant au
moins les manuscrits originaux des livres, ce qui serait bien utile pour
corriger les actuelles éditions fautives, notamment Vega et Editions
Traditionnelles), sous prétexte de les protéger, et n'a jamais voulu les
restituer ensuite à la famille Guénon malgré sa demande. C'est ça, la
spoliation.
Le terme de "guénonien" me paraissait déjà équivoque lorsqu'il était fait état dans le précédent article d'une sorte d'élu du consensus à la note 3, mais maintenant j'ai l'impression que c'est plutôt le qualificatif de "valsanien" qui est approprié ici, terme qui lui a bien sa raison d'être en tant qu'il désigne une coloration très particulière, coloration qui ne concerne aucunement l’œuvre de Guénon, qui en est totalement propre, libre et indépendante.
Tant mieux pour vous si vous détenez des tas d'inédits, dont vous m'apprenez même l'existence pour la plupart. J'ai cependant l'impression que cette rétention a pour seul effet de flatter l'ego de ses détenteurs, ce qui n'est pas pour favoriser l'intelligence, et j'espère, vraiment, que vous n'êtes pas de ceux qui participez à la spoliation (dans le sens exact) des héritiers de Guénon. A ce sujet, vous vous engagez peut-être sur un terrain glissant.
Concernant vos déblatérations visant à gommer toute distinction des différentes sortes de textes de Guénon, elles n'arrivent pas à résorber les faits : il y a une œuvre publique, pour la publication de laquelle Guénon s'est battu avec acharnement, et il y a tout un tas de textes, qui ont leur intérêt, mais pour la publication desquels Guénon n'a donné aucune consigne. La priorité est donc bien à l’œuvre publique. Le cours de philosophie sur lequel vous avez travaillé a son intérêt (je ne parle que du texte en lui-même), mais il n'a pas la même destination, il était destiné à des élèves. Les lettres ont leur intérêt, mais elles ont encore une visée différente. A chaque fois c'est Guénon, mais l'intention n'est pas la même, que vous le vouliez ou non. Vous avez manifestement une relation à l’œuvre de Guénon d'ordre magique, à quand l'émerveillement devant les listes de courses de Guénon? - 14 octobre 2013 10:28
2 commentaires:
De mon côté, de manière générale cette explication ne me remet pas les idées en place, je la trouve ambigüe à plus d'un titre, je ne sais pas ce qu'il en sera pour le reste du public à qui il faudrait remettre les idées en place.
En fait, ce sur quoi repose votre argumentation, c'est la supposée compétence de quelqu'un bien comme il faut? C'est assez périlleux comme position, parce que cette compétence peut être évaluée différemment selon le point de vue, et quelle autorité tranchera? Je ne crois pas que ce soit fortifier son argumentation que de s'appuyer sur quelqu'un qui serait un élu du consensus (note 3), d'autant que c'est un point de vue pour le moins personnel, et que même si c'était vrai ça ne voudrait rien dire. Qui sont les guénoniens aujourd'hui? Quelle unité désigne ce mot? Et quelle valeur cette étiquette peut-elle bien donner à ceux à qui on l'applique?
Voilà pourquoi je maintiens qu'un appareil critique n'a rien à faire avec l’œuvre de Guénon. Ceux qui veulent la connaître la liront eux-mêmes, pas besoin de leur prendre la main. Les commentaires ça intéresse ceux qui découvrent, lorsqu'ils connaissent ils se rendent compte ensuite à quel point ces commentaires sont faux et les ont inutilement alourdis des idées préconçues des commentateurs.
Vous me répondez "Contrairement à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente." C'est malheureusement bien ce que je dis, il y a encore des inédits, 60 ans après, délivrés au compte goutte (peut-être pour maintenir le suspense? je ne comprends pas). Et je ne parle pas de la qualité catastrophique des recueils déjà publiés, que ce soit par la présentation ou par la simple retranscription des textes. Quel intérêt que de passer 10 000 heures à compter les virgules du cours de philosophie? Il y en a certainement un, mais ce n'est pas ça la priorité!
Concernant les distinctions que vous faites, livres publiés du vivant de, correspondances, etc, je le vois d'une autre façon : les travaux recueillis dans les ouvrages posthumes ont pour la plupart été publiés en revue du vivant de Guénon, et certains inédits étaient destinés à l'être. Quel est donc leur point commun : c'est l’œuvre publique. Vient ensuite une autre catégorie à part, qui sont les cours de Guénon, pas vraiment privés, mais pas destinés non plus au public, et pas de la même teneur. Et enfin les correspondances, privées elles, dont beaucoup sont intéressantes certes, mais c'est bien l’œuvre publique la priorité n°1. C'est ça, la volonté de Guénon. Il n'a jamais demandé à ce qu'on publie ses correspondances ou ses cours de philo, par contre il a bataillé toute sa vie pour voir son œuvre publiée, bien présentée et disponible.
Concernant la note 2 :
"Une autre remarque s’impose encore, au sujet de l’emploi que nous faisons du mot « être » lui-même, qui, en toute rigueur, ne peut plus s’appliquer dans son sens propre quand il s’agit de certains états de non-manifestation dont nous aurons à parler, et qui sont au delà du degré de l’Être pur. Nous sommes cependant obligé, en raison de la constitution même du langage humain, de conserver ce terme même en pareil cas, à défaut d’un autre plus adéquat, mais en ne lui attribuant plus alors qu’une valeur purement analogique et symbolique, sans quoi il nous serait tout à fait impossible de parler d’une façon quelconque de ce dont il s’agit ; et c’est là un exemple très net de ces insuffisances d’expression auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure. C’est ainsi que nous pourrons, comme nous l’avons déjà fait ailleurs, continuer à parler de l’être total comme étant en même temps manifesté dans certains de ses états et non manifesté dans d’autres états, sans que cela implique aucunement que, pour ces derniers, nous devions nous arrêter à la considération de ce qui correspond au degré qui est proprement celui de l’Être (1)."
----
1 - Voir Le Symbolisme de la Croix, pp. 22-23.
Les États multiples de l'être, avant-propos
Cordialement.