Plan :
1) Interprétations diverses d’un extrait de correspondance.
a) Une indication à valeur générale.
b) Une recommandation spéciale pour le travail de présentation de l’œuvre que se propose Luc Benoist.
2) La signature René Guénon.
3) Signature collective.
Conclusion.
1) Interprétations diverses d’un extrait de correspondance.
Dans son étude Guénon ou le renversement des clartés, Xavier Accart cite l’extrait d'une lettre que nous avons nous-même eu l’occasion de rapporter et qui semble être apprécié diversement de part et d’autre. Certains pensent que ce n’est qu’une indication sans conséquence pour l’édition de l’œuvre posthume, alors qu’à l’inverse d’autres en déduisent qu’il ne faut pas publier les travaux qui ne sont pas parus sous la signature René Guénon.
La controverse, à notre avis, vient du fait que cet extrait n’est pas accompagné des explications suffisantes pour le comprendre. En effet, la difficulté par rapport à l’œuvre publique, c’est qu’un extrait de lettre, en supposant qu’il soit reproduit correctement, peut faire partie d’un passage plus long qu’il faut considérer en entier, ou être dépendant d’un contexte bien particulier dont il faut tenir compte pour sa compréhension. Et c’est le cas ici, l’extrait est à la fois tronqué et sorti de son contexte (nous ne pensons cependant pas que la confusion produite soit intentionnelle).
D’abord voyons le contexte. Voici tout d’abord la demande à laquelle la lettre citée répond :
Cet article paraîtra en 1943 : L’ŒUVRE DE RENÉ GUENON
Considérons un extrait plus large :
En gras, ce qui a été omis par Accart.
On voit qu’il y a deux choses :
Indépendamment de tout contexte lié à cet extrait, on déduit de cette indication qu’il faut distinguer soigneusement les écrits de chaque signature. Cette nécessaire distinction porte sur la forme plutôt que sur le fond, comme Guénon le dit lui-même à une autre correspondante :
Voici d'autres extraits montrant que loin de tenter de faire oublier ces écrits sous d'autres signatures, René Guénon en reprenait le contenu pour son œuvre principale :
Ces reprises étaient nécessitées par le fait que contrairement à la signature René Guénon, destinée à un lectorat moins ciblé, chacune des autres signatures s’adressait à un milieu spécifique, dans des modalités d’exposition et des buts particuliers. Voilà pourquoi il ne faut pas mélanger les écrits attribués à chacune d’elles.
Le but de cette recommandation étant d’éviter à Guénon de nouvelles attaques, comme celles qui lui avaient été précédemment faites :
À l’époque de l’extrait ici évoqué, le sujet des signatures n’était donc pas du tout inconnu des abonnés du Voile d’Isis. D’autre part, quelle que soit l’époque, Guénon a toujours tenté de satisfaire les lecteurs qui lui demandaient comment obtenir des exemplaires de la revue La Gnose. Ce n’est donc pas une histoire de secret, ni de travail honteux qu’il faudrait dissimuler.
Par cette lettre, René Guénon n’interdisait pas du tout qu’on publie les travaux parus sous les diverses signatures autres que la sienne propre, il demandait juste à ce que l’on ne les évoque pas lors des présentations de son œuvre, pour ne pas alimenter les attaques contre lui (ce qui n’avait de sens que de son vivant), attaques qui, à défaut de pouvoir atteindre la doctrine qu’il exposait, portaient toujours sur son individualité. De fait, certaines de ces attaques consistaient à semer la confusion entre cette individualité et les entités évoquées, par exemple en le faisant passer pour un gnostique (Palingénius) ou pour un anti-maçon (Le Sphinx), et ainsi, par un procédé dialectique relevant de l’inversion accusatoire, à lui attribuer les tares des milieux visés par ces signatures.
2) La signature René Guénon.
Ces réponses à des attaques sont assez instructives. Elles peuvent notamment rappeler, à certaines personnes qui par de malheureux réflexes veulent toujours tout raccrocher à des détails individuels, que René Guénon est une signature au même titre que les autres :
3) Signature collective.
Enfin, nous pouvons remarquer que l'extrait rapporté plus haut, sans l’exclure, n’évoque pas explicitement la signature T. ; rappelons d’autre part ce que nous indiquions dans notre avant-propos à L’Archéomètre, pour la Revue La Gnose :
Le cas de cette signature est bien à traiter à part : la distinction doit être faite avec les autres signatures, mais encore plus nettement que pour les signatures nommées plus haut, car c’est une signature collective, quoi qu’on puisse penser de ce qui a participé à son animation.
Conclusion.
Pour finir, nous ne croyons pas hors de propos de rappeler ces deux passages :
À l’époque où nous avions nous-même rapporté l'extrait de l’étude de Xavier Accart, ce qui nous semblait à retenir était bien l'indication (a) qu'il comportait, mais nous n'avions pas prévu les malentendus auxquels il a ensuite donné lieu. Avec ces précisions supplémentaires, nous espérons qu’il n’y aura désormais plus de confusion sur ce sujet.
toutes ces indications sont pour vous personnellement ; mais, vis-à-vis du public, je tiens absolument à ce qu’il ne soit fait mention de rien d’autre que de ce qui a paru avec la signature René Guénon. Par conséquent, il n’y a pas à faire état de « La Gnose », ni de la « France Antimaçonnique », ni d’« El-Maarifah ». Chaque fois que je me suis servi ainsi d’autres signatures, il y a eu des raisons spéciales, et cela ne doit pas être attribué à René Guénon, ces signatures n’étant pas simplement des « pseudonymes » à la manière « littéraire », mais représentant, si l’on peut dire, des « entités » réellement distinctes.
Je compte donc entièrement sur votre discrétion […] Je regrette de ne pouvoir m’expliquer plus amplement là-dessus par lettre ; espérons que nous arriverons tout de même à nous rencontrer quelque jour !René Guénon à Luc Benoist, 17 juin 1934
cité par X. Accart dans Guénon ou le renversement des clartés, p. 39, corps de texte et note 86.
(ici comme dans la suite nous avons complété en police bleue les mots abrégés).
Déjà rapporté ici, pour la première partie :
https://oeuvre-de-rene-guenon.blogspot.fr/2012/03/rene-guenon-recueil-posthume-melanges.html
La controverse, à notre avis, vient du fait que cet extrait n’est pas accompagné des explications suffisantes pour le comprendre. En effet, la difficulté par rapport à l’œuvre publique, c’est qu’un extrait de lettre, en supposant qu’il soit reproduit correctement, peut faire partie d’un passage plus long qu’il faut considérer en entier, ou être dépendant d’un contexte bien particulier dont il faut tenir compte pour sa compréhension. Et c’est le cas ici, l’extrait est à la fois tronqué et sorti de son contexte (nous ne pensons cependant pas que la confusion produite soit intentionnelle).
D’abord voyons le contexte. Voici tout d’abord la demande à laquelle la lettre citée répond :
Je vais installer le 15 prochain et pour une semaine, une vitrine dans une librairie située en face la Cité Universitaire et consacrée à vos ouvrages. Il y aura là tous vos livres en original et quelques recueils de vos articles. Il y aura aussi une bibliographie encadrée pour que les ignorants puissent se rendre compte d’un coup d’œil de votre production et pour encourager les timides, quelques extraits d’articles de revues parmi ceux qui ont parlé intelligemment de votre œuvre.
[…]
D’autre part pour donner à ma vitrine le meilleur rendement, j’ai donné un petit article de propagande dans la « Revue de la Cité Universitaire » sur votre œuvre. Je ne sais si il vous plaira. Mais je l’ai exactement adapté au public à qui je m’adressais et j’ai eu surtout en vue le résultat principal : vous amener des lecteurs. Il paraîtra le 16.
Tout cela n’est rien et j’espère donner une véritable étude dans une revue à grand tirage, par exemple « La Nouvelle Revue Française ». Mais même la préparant en ce moment, elle ne pourra paraître que pour le mois d’octobre.
Ce travail m’a permis de reconnaître que je ne connaissais point tout de votre production et j’y attache trop de prix pour ne pas le regretter. Voulez-vous m’aider ?
J’ai la collection de « La Gnose » et du « Voile d’Isis ». J’ai en recueil des articles de « Regnabit ».
[…]
D’autre part Clavelle m’a fait connaître vos articles de « La France Anti-Maçonnique ».
[…]
Luc Benoist à René Guénon, 7 juin 1934.[…]
D’autre part pour donner à ma vitrine le meilleur rendement, j’ai donné un petit article de propagande dans la « Revue de la Cité Universitaire » sur votre œuvre. Je ne sais si il vous plaira. Mais je l’ai exactement adapté au public à qui je m’adressais et j’ai eu surtout en vue le résultat principal : vous amener des lecteurs. Il paraîtra le 16.
Tout cela n’est rien et j’espère donner une véritable étude dans une revue à grand tirage, par exemple « La Nouvelle Revue Française ». Mais même la préparant en ce moment, elle ne pourra paraître que pour le mois d’octobre.
Ce travail m’a permis de reconnaître que je ne connaissais point tout de votre production et j’y attache trop de prix pour ne pas le regretter. Voulez-vous m’aider ?
J’ai la collection de « La Gnose » et du « Voile d’Isis ». J’ai en recueil des articles de « Regnabit ».
[…]
D’autre part Clavelle m’a fait connaître vos articles de « La France Anti-Maçonnique ».
[…]
Cet article paraîtra en 1943 : L’ŒUVRE DE RENÉ GUENON
Considérons un extrait plus large :
Maintenant, je reviens à ce qui concerne mes articles : toutes ces indications sont pour vous personnellement ; mais, vis-à-vis du public, je tiens absolument à ce qu’il ne soit fait mention de rien d’autre que de ce qui a paru avec la signature René Guénon. Par conséquent, il n’y a pas à faire état de « La Gnose », ni de la « France Antimaçonnique », ni d’« El-Maarifah ». Chaque fois que je me suis servi ainsi d’autres signatures, il y a eu des raisons spéciales, et cela ne doit pas être attribué à René Guénon, ces signatures n’étant pas simplement des « pseudonymes » à la manière « littéraire », mais représentant, si l’on peut dire, des « entités » réellement distinctes. Je compte donc entièrement sur votre discrétion ; je n’ai eu que trop d’ennuis et de désagréments de toutes sortes (c’est même à peu près tout ce que j’ai retiré jusqu’ici de mes travaux…) pour ne pas redouter toute « imprudence » qui risquerait de m’en susciter encore d’autres. Je regrette de ne pouvoir m’expliquer plus amplement là-dessus par lettre ; espérons que nous arriverons tout de même à nous rencontrer quelque jour !
Réné Guénon à Luc Benoist, 17 juin 1934En gras, ce qui a été omis par Accart.
On voit qu’il y a deux choses :
- a) Une indication à valeur générale.
Chaque fois que je me suis
servi ainsi d’autres signatures, il y a eu des raisons spéciales, et
cela ne doit pas être attribué à René Guénon,
ces signatures n’étant pas simplement des « pseudonymes » à la manière «
littéraire », mais représentant, si l’on peut dire, des « entités »
réellement distinctes.
Indépendamment de tout contexte lié à cet extrait, on déduit de cette indication qu’il faut distinguer soigneusement les écrits de chaque signature. Cette nécessaire distinction porte sur la forme plutôt que sur le fond, comme Guénon le dit lui-même à une autre correspondante :
ce que j’ai écrit à cette époque (et qui n’avait d’ailleurs aucun rapport avec le gnosticisme), je pourrais l’écrire encore avec bien peu de changements, et plutôt en précisant l’expression qu’en modifiant le sens
René Guénon à Noële Maurice-Denis Boulet, 14 août 1921 Voici d'autres extraits montrant que loin de tenter de faire oublier ces écrits sous d'autres signatures, René Guénon en reprenait le contenu pour son œuvre principale :
J’ai
repris dans mes livres, en le développant, le plus important de ce que
j’avais fait paraître autrefois dans la « Gnose » ; il y a encore
certaines choses que je compte utiliser par la suite
René Guénon à Luc Benoist, 15 mai 1932
La
liste des ouvrages futurs que j’ai plus ou moins annoncés est vraiment
impressionnante, et j’en suis quelque peu effrayé ; trouverai-je jamais
le temps de mettre tout cela sur pied ? […] Je pense bien toujours aussi
à ceux de « Regnabit » et de la France Antimaçonnique ; ceux-là me donneront plus de travail, je crois, pour arriver à prendre la forme d’un volume.
René Guénon à Luc Benoist, 1er septembre 1934
J’ai
déjà repris dans l’« Erreur spirite » une partie de mes anciens
articles sur les « néo-spiritualistes » ; il y aurait en effet encore
bien des choses à dire là-dessus, mais arriverai-je jamais à le faire ?
René Guénon à Patrice Genty, 14 mars 1932
Peut-être
arrangerai-je quelque jour mon article sur « la Prière et l’Incantation
» ; à part cela et les articles sur les nombres, je crois bien qu’il ne
reste plus grand’chose à reprendre dans la « Gnose », le reste ayant
déjà été utilisé dans mes livres. – Pour les prochains nos du « Voile », j’ai commencé à arranger des articles de « Regnabit » ; là, il en reste encore une certaine quantité.
René Guénon à Patrice Genty, 22 octobre 1935
Je
viens de terminer mon travail pour le « Voile » de janvier ; j’ai
arrangé cette fois, comme vous me l’aviez demandé, l’article sur « La
Prière et l’Incantation » ; après cela, je crois bien qu’il ne reste
plus guère dans la « Gnose » que les articles sur les nombres que je
puisse encore réutiliser
René Guénon à Patrice Genty, 10 décembre 1935 Ces reprises étaient nécessitées par le fait que contrairement à la signature René Guénon, destinée à un lectorat moins ciblé, chacune des autres signatures s’adressait à un milieu spécifique, dans des modalités d’exposition et des buts particuliers. Voilà pourquoi il ne faut pas mélanger les écrits attribués à chacune d’elles.
- b) Une recommandation spéciale pour le travail de présentation de l’œuvre que se propose Luc Benoist.
Maintenant, je reviens à ce qui concerne mes articles : toutes ces indications sont pour vous personnellement ; mais, vis-à-vis du public, je tiens absolument à ce qu’il ne soit fait mention de rien d’autre que de ce qui a paru avec la signature René Guénon. Par conséquent, il n’y a pas à faire état de « La Gnose », ni de la « France Antimaçonnique », ni d’« El-Maarifah ». [...] Je compte donc entièrement sur votre discrétion ; je n’ai eu que trop d’ennuis et de désagréments de toutes sortes (c’est même à peu près tout ce que j’ai retiré jusqu’ici de mes travaux…) pour ne pas redouter toute « imprudence » qui risquerait de m’en susciter encore d’autres. Je regrette de ne pouvoir m’expliquer plus amplement là-dessus par lettre ; espérons que nous arriverons tout de même à nous rencontrer quelque jour !
Le but de cette recommandation étant d’éviter à Guénon de nouvelles attaques, comme celles qui lui avaient été précédemment faites :
Pour le surplus, nous dirons au « Dr G. Mariani » : 1o
Qu’il fait confusion entre des… entités diverses, dont les activités
plus ou moins extérieures n’eurent jamais aucun rapport entre elles, et
dont certaines ont d’ailleurs cessé d’exister depuis fort longtemps
Voile d’Isis, mars 1932, comptes rendus de revues
Atlantis (no de juin-juillet) publie une conférence de M. J. Toutain sur Le Mythe de Phaéton. – M. Paul Le Cour éprouvant le besoin de nous attaquer encore une fois dans ce même numéro, nous lui ferons savoir : […] 3o
que, depuis le temps assez lointain dont il parle, nous avons si peu
varié qu’il pourra retrouver, sous la signature à laquelle il fait
allusion, des articles dont le contenu est reproduit intégralement, avec
d’autres développements, dans quelques-uns de nos livres les plus
récents.
Voile d’Isis, novembre 1931, comptes rendus de revues
Dans le numéro de décembre [de la Revue Internationale des Sociétés Secrètes], nous trouvons un article fantaisiste qu’on a cru spirituel d’intituler Entretiens d’Œdipe
; si on savait combien cela nous est égal, et comme certaines allusions
qui veulent être perfides sont loin de nous toucher… d’autant plus loin
que ceux de nous qu’elles prétendent viser sont morts depuis bien
longtemps !
Voile d’Isis, février 1933, comptes rendus de revuesÀ l’époque de l’extrait ici évoqué, le sujet des signatures n’était donc pas du tout inconnu des abonnés du Voile d’Isis. D’autre part, quelle que soit l’époque, Guénon a toujours tenté de satisfaire les lecteurs qui lui demandaient comment obtenir des exemplaires de la revue La Gnose. Ce n’est donc pas une histoire de secret, ni de travail honteux qu’il faudrait dissimuler.
Par cette lettre, René Guénon n’interdisait pas du tout qu’on publie les travaux parus sous les diverses signatures autres que la sienne propre, il demandait juste à ce que l’on ne les évoque pas lors des présentations de son œuvre, pour ne pas alimenter les attaques contre lui (ce qui n’avait de sens que de son vivant), attaques qui, à défaut de pouvoir atteindre la doctrine qu’il exposait, portaient toujours sur son individualité. De fait, certaines de ces attaques consistaient à semer la confusion entre cette individualité et les entités évoquées, par exemple en le faisant passer pour un gnostique (Palingénius) ou pour un anti-maçon (Le Sphinx), et ainsi, par un procédé dialectique relevant de l’inversion accusatoire, à lui attribuer les tares des milieux visés par ces signatures.
2) La signature René Guénon.
Ces réponses à des attaques sont assez instructives. Elles peuvent notamment rappeler, à certaines personnes qui par de malheureux réflexes veulent toujours tout raccrocher à des détails individuels, que René Guénon est une signature au même titre que les autres :
Dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes (no du 1er
juin, « partie occultiste »), M. H. de Guillebert se livre encore à
quelques réflexions maussades sur nos articles ; nous lui répondrons
simplement cette fois : […] 3o Que, si étrange que cela
puisse lui sembler, « la personnalité de René Guénon » nous importe
peut-être encore moins qu’à lui, attendu que les personnalités, ou
plutôt les individualités, ne comptent pas dans l’ordre des choses dont
nous nous occupons ; et puis, après tout, est-il même bien sûr qu’il y
ait actuellement par le monde quelqu’un qui porte ce nom ? Qu’on le
prenne pour une pure désignation conventionnelle, adoptée pour la
commodité du langage comme aurait pu l’être toute autre signature
quelconque, c’est tout ce que nous demandons…
Voile d’Isis, octobre 1931, comptes rendus de revues
La « revue des revues » [de la R. I. S. S.],
signée maintenant Raymond Dulac, contient encore, à notre adresse,
quelques-unes des aménités habituelles […] Pour le surplus, nous ne nous
abaisserons pas à relever leurs misérables calembours ; nous leur
dirons seulement qu’il n’y a aucun intérêt à s’occuper d’un nom qui ne
représente pour nous rien de plus qu’une… signature, et auquel nous
donnons tout juste autant d’importance qu’au vêtement que nous portons
ou à la plume avec laquelle nous écrivons ; c’est exactement du même
ordre, et cela ne nous touche pas davantage.
Voile d’Isis, juillet 1932, comptes rendus de revues
Puisqu’il
se trouve que nos livres sont signés « René Guénon », la plus
élémentaire correction exige que, quand on en parle, on reproduise ce
nom tel quel, ne serait-ce que pour éviter toute confusion ; et, bien
entendu, s’ils étaient signés… Abul-Hawl (dût le « F.'. Fomalhaut » en
frémir d’épouvante dans sa tombe), ce serait exactement la même chose.
Voile d’Isis, novembre 1932, comptes rendus de revues
Passons
sur une fantaisie un peu forte sur nos « nom et prénom », dans lesquels
M. paul le cour veut retrouver, tout comme dans les siens, son
inévitable Aor-Agni ; cela ne nous intéresse pas plus que les
dits « nom et prénom », eux-mêmes, qui ne sont en réalité pour nous rien
de plus qu’une simple signature comme une autre, ce dont il ne semble
pas se douter…
Études Traditionnelles, septembre 1947, comptes rendus de revues3) Signature collective.
Enfin, nous pouvons remarquer que l'extrait rapporté plus haut, sans l’exclure, n’évoque pas explicitement la signature T. ; rappelons d’autre part ce que nous indiquions dans notre avant-propos à L’Archéomètre, pour la Revue La Gnose :
La
version manuscrite montre que René Guénon a été rédacteur des articles
publiés, mais on ne peut cependant pas l’identifier exactement comme
leur auteur. Ce travail, signé T., est bien un travail collectif,
d’après ce qu’il en dit lui-même dans une correspondance à Galvao du
24/12/1947 :
« Ce qui a paru sur l’Archéomètre dans La Gnose était en réalité une sorte de travail collectif ; j’y ai collaboré ainsi que plusieurs autres, et le tout était coordonné par A. Thomas, dont l’initiale T. figure comme signature. »
De plus, il a été constaté que le contenu de cette étude était une reprise partielle des conférences de l’Ordre du Temple Rénové, données de 1908 à 1910.
« Ce qui a paru sur l’Archéomètre dans La Gnose était en réalité une sorte de travail collectif ; j’y ai collaboré ainsi que plusieurs autres, et le tout était coordonné par A. Thomas, dont l’initiale T. figure comme signature. »
De plus, il a été constaté que le contenu de cette étude était une reprise partielle des conférences de l’Ordre du Temple Rénové, données de 1908 à 1910.
Le cas de cette signature est bien à traiter à part : la distinction doit être faite avec les autres signatures, mais encore plus nettement que pour les signatures nommées plus haut, car c’est une signature collective, quoi qu’on puisse penser de ce qui a participé à son animation.
Conclusion.
Pour finir, nous ne croyons pas hors de propos de rappeler ces deux passages :
Notre
œuvre est d’ailleurs rigoureusement indépendante de toute considération
individuelle, et n’a par conséquent rien à faire avec ces choses qui ne
peuvent véritablement intéresser personne ; et nous ajoutons même que
nous ne voyons pas du tout pourquoi nous serions obligé de vivre
toujours dans la peau d’un même personnage, qu’il s’appelle « René
Guénon » ou autrement…
Voile d’Isis, mai 1932, comptes rendus de revues
depuis près d’un quart de
siècle que nous nous occupons d’études ésotériques, nous n’avons jamais
varié en quoi que ce soit ; que nos articles paraissent à
Regnabit, au Voile d’Isis ou ailleurs, ils ont toujours été
conçus exactement dans le même sens ; mais, étant entièrement
indépendant, nous entendons donner notre collaboration à qui il nous
plaît, et personne n’a rien à y voir
Voile d’Isis, février 1930, comptes rendus de revuesÀ l’époque où nous avions nous-même rapporté l'extrait de l’étude de Xavier Accart, ce qui nous semblait à retenir était bien l'indication (a) qu'il comportait, mais nous n'avions pas prévu les malentendus auxquels il a ensuite donné lieu. Avec ces précisions supplémentaires, nous espérons qu’il n’y aura désormais plus de confusion sur ce sujet.