jeudi 2 octobre 2014

Plagiats de L'Archéomètre de La Gnose par Papus

Dans notre avant-propos à L'Archéomètre de La Gnose, nous avons dit que que cette étude avait été plagiée par Papus, d'abord dans sa revue L'Initiation, puis dans son livre sur l'Archéomètre qui a accueilli à son tour le recyclage d'une partie de ces plagiats. En voici des preuves.

Pour l'édification de nos lecteurs, nous avons pensé qu'il ne serait pas inutile de fournir une compilation des publications de L'Initiation sur l'Archéomètre à l'époque des faits :

L'intérêt de ce recueil est surtout historique bien sûr (humoristique éventuellement, à défaut d'un intérêt doctrinal), il peut se lire en parallèle de l'étude sur l'Archéomètre.

Quant au livre de Papus, il peut être consulté sur Gallica :


En premier lieu, il ne sera peut être pas inutile de montrer un aperçu de la teneur des productions de Papus sur l'archéomètre qui sont antérieures à l'étude de La Gnose :
Au moment où la révolte s’est faite, les initiés n’ont pas voulu qu’on lût dans le ciel d’une façon trop claire. Ils ont renversé le triangle, placé Noël en bas et mis Pâque en haut, l’année n’a plus commencé au mois de décembre, mais en juillet comme l’année égyptienne : toutes les lettres du ciel ont changé ; là où vous lisiez tout à l’heure Maria, c’est la lettre planétaire qui est venue et vous avez lu Brahma ou vous lisiez Ischou, vous lisez maintenant Sh I va rien qu’en retournant à l’envers ces lettres, en plaçant Noël en bas et juillet en haut, immédiatement vous voilez le sens très profond ésotérique, et le sens exotérique se présente à nous. Brahma et Sch I va apparaissent, qui ne sont que des traductions pour les profanes de Maria, la salvatrice dans tous les plans et de Ischou.
[...]
Avec du jaune, du rouge et du bleu, vous pouvez faire toutes les couleurs possibles d’une façon très simple. Si vous prenez du jaune et du bleu il viendra du vert, le jaune et le rouge vous donneront de l’orangé, le bleu et le rouge du violet.
Inscrivez ainsi ces couleurs dans le cercle du ciel divisé en 360°. Inscrivez le jaune à 0°, le rouge à 60°, le bleu à 120°.
Vous avez le premier triangle, le triangle de terre. Le triangle d’eau sera donc orangé à 30° (mélange à parties égales de jaune et de rouge). Violet à 180° (rouge et bleu), et vert à 240° (bleu et jaune).
L'Initiation, août 1910, L'Archéomètre, Conférence du 26 mars 1910 par Papus

Voilà le schéma que nous pouvons déduire des indications de Papus :


Les Amis de Saint-Yves précisaient le mois suivant :
Tout ce qui a été publié de l’Archéomètre jusqu’à présent est un résumé plus ou moins exact des conférences faites il y a trois ans à l’École hermétique par Papus. A part les études de Saïr, tout cela ne concerne que la partie exotérique de l’œuvre de Saint-Yves. Toutes les précautions ont été prises pour conserver intactes les adaptations ésotériques et sociales.
L'Initiation, septembre 1910, LA SOCIÉTÉ « LES AMIS DE SAINT-YVES »

Peut-être que, dans le contexte, "exotérique" veut dire "faux"? Ou bien il y aurait un double sens mi exotérique mi ésotérique, mais avec une couche exotérique supplémentaire, pour conserver les "adaptations ésotériques et sociales" intactes?


Ne nous éternisons pas sur ces absurdités et venons-en aux plagiats. Nous pouvons comprendre qu'il y ait certains passages similaires étant donné que les deux revues traitaient le même sujet et utilisaient certaines sources communes. Ainsi on reconnaît des fragments de Saint-Yves à certains endroits, de part et d'autre. Mais ce n'est pas du tout le cas pour les plagiats dont nous parlons, qui sont manifestes. Pour une consultation plus rapide, à la fin du pdf reproduisant les extraits de la revue L'Initiation, nous en avons rendu 3 explicites par une comparaison dos à dos des deux revues, que voici (les reprises thématiques, voire les recopies exactes, qui se suivent dans l'ordre, sont en vert, celles qui sont à un autre endroit sont en bleu) : 

Plagiat 1 : non repris dans le livre de Papus.
La GnoseL'Initiation
Septembre-octobre 1910
Cette conception de l’Œuf du Monde (Brahmânda), que l’on retrouve au début de toutes les Cosmogonies, peut être envisagée par analogie avec la constitution de la cellule dans un organisme vivant, animal ou végétal. Une cellule comprend trois éléments principaux : un noyau, du protoplasma et une membrane ; on voit déjà par là que l’on pourrait faire correspondre le noyau à , le protoplasma à , et la membrane à , car l’unité est toujours ce qu’il y a de plus central, de plus intérieur, et l’apparence extérieure est la multiplicité.









Juillet août 1910
Les animaux, ζῷδια, contenus dans l’Arche selon l’interprétation habituelle des textes bibliques, sont figurés par les signes du Zodiaque et les autres constellations. La Thébah est Abeth (A et H pouvant se transformer l’un dans l’autre, comme nous le verrons par la suite), c’est-à-dire Aleph-Beth-Thau, l’alphabet sacré, image de l’alphabet astral dont les caractères sont les douze signes zodiacaux et les sept planètes qui y ont leur domicile, plus les trois signes de l’unité, de la dualité et de la multiplicité (les trois lettres fondamentales), ce qui forme pour l’alphabet le total de vingt-deux lettres. 22 se réduit à 4 (2 + 2), de sorte que tous les noms formés par les combinaisons des vingt-deux lettres doivent être contenus en principe dans un nom sacré de quatre lettres (la Parole qui est perdue lorsque la Tradition vient à être occultée).

Septembre-octobre 1910
Voici maintenant quelles sont les modifications dont nous venons de parler. On a permuté מ et_ש_,ס et ת, de façon à remplacer le mot אסת (Asoth), formé par l’ensemble des trois lettres constitutives, par אמש (Emesh) (1)
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1 – En permutant seulement מ et ס, on a le mot אמת (Emeth), qui, en hébreu, signifie Vérité. – En lisant de gauche à droite le mot אמש (Emesh), ce mot devient Shéma, autre forme du mot Shem (שם), le Nom, désignation du Nom par excellence, du Nom qui contient tous les noms, c’est-à-dire du Tétragramme Divin.

[…] Ces correspondances sont celles que l’on trouve dans le Sépher Ietzirah.

Septembre-octobre 1910
De plus, le noyau est formé par une modification ou une différenciation, une sorte de condensation du protoplasma environnant (condensation qui est indiquée par une plus grande réfringence), et il comprend un certain nombre de chromosomes constituant les éléments essentiels du filament nucléaire, qui se divise dans la karyokinèse (processus de la bipartition cellulaire) ; dans le protoplasma, au voisinage du noyau, existent deux sphères directrices ou centrosomes, qui correspondent exactement ici aux deux points de la lettre ; ces deux sphères sont les centres de forces, ou, si l’on veut, les pôles de la cellule, analogues aux deux foyers de l’ellipse, et jouent un grand rôle dans la division cellulaire, rôle qui leur a valu leur nom de sphères directrices.
On doit retrouver les mêmes éléments dans le Monde, et en particulier dans un système solaire, qui est une cellule de l’Univers ; ici, le noyau devra être regardé comme formé par l’ensemble des planètes, le protoplasma est constitué par l’Éther interplanétaire, et la membrane est l’enveloppe zodiacale. Sous l’action des deux centres de forces correspondant aux deux sphères directrices, l’un visible et l’autre invisible (que l’on peut, si l’on veut, appeler symboliquement le soleil blanc et le soleil noir), l’Éther primordial homogène, תהוּ ובהוּ, invisible et sans forme, qui n’est encore qu’en puissance d’être, à l’état de pure possibilité, se différencie et s’organise suivant des lignes de force qui, théoriquement, sont des ellipses concentriques ayant pour foyers les deux centrosomes.
Novembre 1910
Toute création vivante est formée d’un support matériel sur lequel se manifestent les phénomènes biologiques.
Une cellule est constituée par un noyau et une ou plusieurs enveloppes. Un ciel astral comprend un centre (un soleil), une enveloppe circonférentielle (un Zodiaque) et entre le Zodiaque et le soleil, un certain nombre d’astres mouvants : planètes et satellites.
Ainsi conçu, un Monde astral est, en somme, une énorme cellule.
Un alphabet sacré est constitué exactement de la même manière.
Il possède une lettre centrale, par exemple l’A.
Il possède une lettre finale déterminant la circonférence terminale du système. En hébreu, cette lettre finale est le Th (Thau).
Il possède enfin une lettre astrale ou roulante qui se meut entre la centrale et la circonférence et qui détermine les rapports secrets de l’alphabet avec le monde du verbe divin.
Dans le mot Alpha-Be-Th la première lettre A (Alpha) est la centrale ; la dernière, Th, est zodiacale ou circonférentielle, et la moyenne, Be, est la planétaire ou la roulante.
Ce mot A-Be-Th, lu de droite à gauche, à l’assyrienne se prononce Th-eB-A et donne la clef d’une Thebah sacrée dans laquelle les lettres correspondent exactement à des organes astraux et de là à des êtres divins.
Ces trois lettres, dont l’une, la centrale, représente le point de construction, dont l’autre, la circonférentielle, représente le cercle fixe du Zodiaque, et dont la dernière, la moyenne, représente le rayon ou son double, le diamètre, sont appelées : les constructives ou lettres de construction.





Dans le mot Alphabeth, nous avons vu apparaître la Thèbe physique et astrale ; voyons ce que nous dit à ce sujet la tradition hébraïque par le Sepher Jesirah.
« Il y a dans l’alphabet hébreux : trois Mères, douze lettres simples et sept lettres doubles. »
Les trois Mères sont l’A (Aleph), le Mem (M) et le Sh (Shin) A-M-SH Amesh.
Or, ce mot Amesh, lu à l’assyrienne, nous dit : Shema, c’est un Shéma de vérité donné à notre intelligence et c’est à cette intelligence qu’il appartient de trouver les rapports analogiques du Shémah à la réalité vivante.












[…]
Dans cet alphabet la lettre A est représentée par une ligne, un diamètre. La lettre Th par un cercle dont les deux moitiés sont opposées de manière à former une sorte d’S et enfin le S (Samech), nombre 60, est représenté par deux points constituant les deux centres de l’ellipse générée par les deux centres du cercle dont chaque moitié s’oppose à l’autre.
Les trois constructives de l’archéomètre sont donc :
A-S-Th qui donnent la clef du terme mystérieux Azoth.
L’A formera le centre du système. L’S formera le cercle des planètes mobiles et le Th le cercle des signes zodiacaux fixes.




Plagiat 2 : repris dans le livre de Papus p. 193, illustration des "Références archéométriques des Fêtes catholiques et des Dates astronomiques", où la disposition des fêtes exposées est faite plus précisément à partir de l'illustration de La Gnose.
La GnoseL'Initiation
Novembre 1910
les grandes fêtes liturgiques sont réparties de la façon suivante dans les douze signes zodiacaux :

 
Décembre 1910
Références archéométriques des Fêtes catholiques et des Dates astronomiques.




Plagiat 3 : repris textuellement après correction des erreurs dans le livre de Papus pp. 190-191.
La GnoseL'Initiation
Novembre 1910


Nous avons indiqué précédemment les correspondances des lettres zodiacales et planétaires ; au sommet, c’est-à-dire au solstice d’Hiver, point de départ de l’année, se trouvent la zodiacale du Capricorne (Ph) et la planétaire de Saturne (Sh) ; la première est spéciale au nom du Verbe (IPhO), et la seconde au nom de Jésus (IShO) ; la somme des valeurs numériques de ces deux lettres donne le nombre 380 (Ph = 80, Sh = 300).











Considérons un cycle de 19 ans, très employé dès la plus haute antiquité, et auquel les Kaldéens ont donné le nom de Saros ; ce cycle, ainsi que nous l’avons fait remarquer précédemment (p. 213 [p. 23]), concorde avec les 19 lettres (12 zodiacales et 7 planétaires) utilisées dans l’Archéomètre. En 19 ans, l’année de 365 jours ¼ donne 6939 jours ¾ ; or, 14 années harmoniques de 360 jours plus 5 de 380 (formant la période du Saros) donnent :

360 × 14= 5040
380 × 5 = 1900
19 ans= 6940jours

L’année de 365 jours ¼ était donc parfaitement connue de l’Université Patriarcale Adamique et Antédiluvienne à laquelle il faut faire remonter l’origine de l’Archéomètre.
La légère différence entre 6939 jours ¾ et 6940 jours indiquerait la diminution de l’année solaire (1)
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1 – Cette diminution de l’année solaire a été entrevue par le célèbre astronome Bailly.

en même temps, elle permettrait aux astronomes de déterminer la date de l’année antédiluvienne (2). La durée de celle-ci, d’après les données précédentes, aurait été de 6940/19=365j., 26315, ou 365 j. 6 h. 18 m. 56 s. ; or la durée de l’année sidérale actuelle est de 365 j. 6 h. 9 m. 11 s. ; notre année serait donc plus courte de 9 m. 45 s.
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2 – Pour nous, antédiluvien signifie simplement ici antérieur au dernier déluge historique, c’est-à-dire au cataclysme dans lequel disparut l’Atlantide ; il est à peine utile de dire que les dates fantastiques assignées à cet événement par certains auteurs, qui vont jusqu’à parler de plusieurs milliers de siècles, ne doivent nullement être prises au sérieux ; les chiffres que nous donnons le montrent d’ailleurs suffisamment.

D’autre part, en multipliant l’un par l’autre les deux nombres 80 et 300, on a le cycle harmonique de 24000 ans, la Grande Année de toutes les anciennes Universités asiatiques ; ce cycle se rapporte à la précession des équinoxes, c’est-à-dire au temps que met l’axe terrestre à reprendre la même position après avoir décrit, d’Orient en Occident, un cône dont la trace sur la sphère céleste est un petit cercle ayant pour pôle géométrique le pôle de l’Écliptique, et pour rayon un arc de 23°27′ ; pendant cette période, toutes les étoiles situées sur ce petit cercle jouent successivement le rôle d’étoile polaire (3).
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3 – Nous devons ajouter que ce cycle harmonique de 24000 ans (dont la moitié, soit 12000 ans, était le nombre représentant symboliquement la durée d’un monde chez les anciens Perses) ne vise pas seulement la précession des équinoxes, mesurée musicalement, mais aussi un certain rapport de Saturne dans le 15e degré du Capricorne, rapport cosmique très mystérieux, dont on ne trouve pas de traces dans l’astronomie moderne.

Il y avait encore d’autres nombres employés à la mesure de la Grande Année, par exemple le Van des anciennes Universités tartares, 180, qui, multiplié par le carré de 12, soit 144, donne 25920, l’un des chiffres indiqués par les modernes ; les autres sont 25765 et 26000 (4).
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4 – Le chiffre 26000, souvent employé pour simplifier les calculs, est trop fort en réalité ; si le déplacement annuel du point équinoxial était exactement de 50 secondes, on aurait un déplacement d’un degré en 72 ans, ce qui donnerait pour le cycle total une durée de 360 × 72 = 25920 ans. Mais le déplacement annuel, au lieu d’être de 50 secondes, est de 50″,3, de sorte que le nombre d’années qui correspond au déplacement d’un degré est 71,57 au lieu de 72 ; par suite, d’après les données astronomiques actuelles, la durée exacte du cycle de la précession des équinoxes est de 360 × 71,57 = 25765 ans.

Dans l’Archéomètre, le point de départ de l’année est situé à Noël et au solstice d’Hiver, et les planètes sont placées au 15e degré de leurs maisons diurnes et nocturnes ; chacune des douze maisons correspond à l’espace occupé par un signe zodiacal, espace qui est par conséquent de 30 degrés. Ce n’est que plus tard que l’année commença en mars (dans le signe du Bélier), à l’équinoxe de Printemps, lorsque Krishna, pour mettre fin à l’anarchie dont l’Empire Universel des Patriarches était alors ébranlé (schisme d’Irshou et début du Kali-Youga), inversa toute l’Archéométrie primordiale (5) ; c’est de cette époque que date, sous sa forme actuelle, la Trimourti des Brahmes (6). Krishna donna satisfaction aux Naturalistes en subversant la Trinité du Principe, celle du Verbe, IPhO, celle de Jésus-Roi, IShWa-Ra, au profit du deuxième trigone, MaRiaH, qu’il lut avec la planétaire lunaire BRaHMâ (7), tandis que IShWa devenait ShIVa, le Transformateur, et, lu dans l’autre sens, VIShnou, le Conservateur de l’Univers (8).
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5 – C’est à ce rôle de Krishna que nous avons fait allusion précédemment (p. 189 [p. 16]).
6 – La Trimourti se compose de trois aspects du Verbe, envisagé dans sa triple action par rapport au Monde : comme Créateur (Brahmâ), comme Conservateur (Vishnou), et comme Transformateur (Shiva).
7 – Il faut remarquer que le nom de Brahmâ s’obtient en lisant le triangle de MaRiaH à partir de la lettre planétaire du solstice Sud, au lieu de partir de la lettre M. Dans le Véda, ou du moins dans sa rédaction postérieure à Krishna, ce nom signifie l’Élément sacré du Rite, l’Être dans sa passivité (indiquée non seulement par les lettres qui composent le mot, mais aussi par sa terminaison féminine â), le Substanteur et le Sustenteur fluidique. Il n’y a qu’à ouvrir la Loi de Manou, refondue par Krishna, pour voir que Brahmâ a pour milieu originel les Eaux Vives et leur triangle embryogénique. Enfin, nous reviendrons plus tard sur le rapport qui existe entre le nom de Brahmâ et celui d’Abraham. – Pour la formation des noms dans les deux triangles principaux de l’Archéomètre, voir p. 190 [p. 18].
8 – De là la distinction des Shaivas et des Vaishnavas, se consacrant particulièrement au culte de l’un ou de l’autre de ces deux principes complémentaires, que l’on peut regarder comme les deux faces d’Ishwara.

Le plus ancien calendrier des Grecs, qui est certainement venu de l’Asie par les Phéniciens (à la suite du schisme d’Irshou), place les points cardinaux du ciel au 15e degré des constellations, ainsi qu’on peut le voir dans Hipparque, Eudoxe, Achille Tatius, et divers autres auteurs. Le solstice d’Hiver y est au 15e degré du Capricorne, le solstice d’Été au 15e degré du Cancer, l’équinoxe de Printemps au 15e degré du Bélier, l’équinoxe d’Automne au 15e degré de la Balance. Les Suédois antiques faisaient partir leur année solaire du solstice d’Hiver, les Chinois également ; il correspond chez les Hindous à la fête de Krishna.
Or le Soleil au 15e degré du Capricorne ne répondait au commencement de l’année astronomique qu’en 1353 avant notre ère. Il n’est pas admissible que l’Archéomètre ait été inventé à cette époque, où l’on trouve, au contraire, toute la Science et toutes les données archéométriques bouleversées partout. Donc, si cet instrument plus qu’humain de la Synthèse des Organicités et des Harmonicités Universelles, rattachées au Verbe Créateur, a jamais été révélé aux hommes dans son intégrité, il faut tourner la roue de la Grande Année au moins une fois, ce qui donne 25353 avant notre ère si on fixe la durée de ce cycle à 24000 ans, 27118 si on la fixe à 25765 ans,
27273 si on la fixe à 25920 ans,

27353 si on la fixe à 26000 ans.
Ainsi, on peut attribuer à l’Archéomètre une antiquité de 25000 à 30000 ans, ce qui nous reporte à l’époque de la civilisation des Atlantes, ainsi que nous le verrons plus tard. Il est donc à peu près prouvé par ces dates, et d’ailleurs nous avons encore d’autres raisons de l’affirmer, que l’Archéomètre se rattache à la tradition de la race rouge, que nous pouvons regarder comme la plus importante pour nous, non que les autres traditions n’aient pas en elles-mêmes une aussi grande valeur, mais parce que c’est celle à laquelle nous nous rattachons le plus naturellement et le plus directement.
Janvier 1911
Mais, en plus de sa congénère zodiacale, la planétaire porte une bisectrice déterminant l’aplomb et l’axe nord-sud du Monde. Elle représente donc l’acte défini dont sa zodiacale est la Puissance ; son nombre est 300. Les nombres des lettres archéométriques renferment tant de mystères importants qu’ils nécessiteraient à eux seuls des volumes. Pour le faire comprendre par un exemple, et en ce qui regarde l’astronomie seulement, nos prendrons les deux lettres du Verbe et de Jésus : Ph = 80 Sh = 300. Total, 380.

L’année physique de la Terre actuelle est comptée aujourd’hui en terme moyen 365 j. 5 h. 48′ 47″ (Année tropique) 365 j. 6 h. 9′ 10″ 7‴ (Année sidérale du Soleil.)
L’Archéomètre va nous prouver que l’année de 365 j. 25 p. 100, était parfaitement connue de l’Université patriarcale adamique et antédiluvienne à laquelle nous attribuons nos lettres morphologiques.

Soit, par exemple, un cycle de 19 ans, très employé dès la plus haute antiquité. Nous l’adopterons ici parce qu’il concorde avec les 19 lettres que nous avons utilisées, 12 comme zodiacales et 7 comme planétaires.
En 19 ans, l’année de 365 j. 25 donne 6.939 j. 75. Or, 14 années harmoniques de 360 j. plus 5 de 380 donnent :



360 × 14= 5040
380 × 5 = 1900
19 ans= 6.940jours





La légère différence entre 6939 jours 75 et 6.940 jours, accuserait peut-être la diminution de l’Année solaire entrevue par Bailly.




Du même coup, elle permettrait aux astronomes de déterminer la date de l’année antédiluvienne.

Archéomètre 6.940/19=365 j. 6 h. 18′ 5″ 34‴.
Année sidérale actuelle : 365 j. 6 h. 9′ 10″ 7‴, autrement dit, notre année serait plus courte de 9′ 39″ 27‴. Mais l’année solaire anomalistique, le temps mis par le Soleil partant du périgée pour y revenir, est comptée par les astronomes 365 j. 6 h. 18′ 51″ 34‴. Il y a bien d’autres choses à méditer encore dans le nombre 380, c'est-à-dire Ph : 80, Sh : 300.







En multipliant ces deux nombres l’un par l’autre on a le cycle harmonieux de 24.000 ans de toutes les anciennes Universités Asiatiques.















Ce cycle viserait donc, non seulement la pécission des Équinoxes, mesurée musicalement, mais aussi un certain rapport de Saturne dans le 15e degré du Capricorne, rapport cosmique très mystérieux, dont je ne trouve pas de traces dans l’astronomie moderne.

Il y avait d’autres nombres que les nombres harmoniques employés à la mesure de la grande année. Par exemple, le Van des anciennes Universités tartares : 180. Si on le multiplie par le carré de 12 : 144, donne 25, 920, l’un des chiffres des modernes, l’autre est 26.000.















Il nous reste à dire la raison qui nous a déterminés à placer le point de départ de l’Année à Noël et au Solstice d’Hiver, et à mettre les planètes au 15e degré de leurs maisons diurnes et nocturnes.



















































Le plus ancien calendrier des Grecs, qui est certainement venu de l’Asie par les Phéniciens, place les points cardinaux du ciel au 15e des constellations. Le Solstice d’hiver est au 15e degré du Capricorne, le Solstice d’été au 15e du Cancer, l’Équinoxe de Printemps au milieu de Bélier, l’Équinoxe d’automne au milieu de la Balance : Achille Tatius, chap. 33, Eudoxe Hipparque, etc.

Les Suédois antiques faisaient partir leur année solaire du Solstice d’Hiver, les Chinois également. Il correspond chez les Hindous à la fête de Krishna.
Or le Soleil au 15e degré du Capricorne ne répondait au commencement de l’année astronomique qu’en 1353 avant J.-C. Il n’est pas admissible que l’Archéomètre ait été inventé à cette époque où l’on trouve, au contraire, toute la Science et toutes les données archéométriques bouleversées partout. Si cet instrument plus qu’Humain de la Synthèse des organicités et des harmonicités universelles, rattachées au Verbe créateur a jamais été révélé aux hommes, dans son intégrité, il faut tourner la roue de la Grande Année au moins une fois.
Si on la fixe à 24.000 ans, il faut compter 24.000 + 1.353 = 25.353 avant J.-C. ou 28.606 auj.
Si on la fixe à 25.920 ans, il faut compter 25.920 + 1.353 = 27.273 avant J.-C. ou 30.526 auj.
Si on la fixe à 26.000 ans, il faut compter 26.000 + 1.353 = 27.353 avant J.-C. ou 30.606 auj.

mercredi 17 septembre 2014

T. - L'Archéomètre, pour la Revue La Gnose (version numérique)

Voilà une version numérique de L’Archéomètre, pour la Revue La Gnose, avec conservation de la mise en page de la version papier, et une correction d'erreurs présentes dans les premiers exemplaires. Leur correction a été prise en compte depuis.


Version numérique (pdf et texte) :

Dans la version papier, nous avons fait en sorte de reproduire les illustrations avec la plus grande taille possible (en faisant le choix d'un grand format et d'une mise en page aérée), mais certaines illustrations étant tout de même très grandes, la version numérique peut être profitable pour les consulter plus en détail.




Errata (livres imprimés avant le 01/01/2022).

Les morceaux qui manquaient sont surlignés en vert, ceux qui étaient en trop en rouge.

p. 23, note 23
nous aurons à en en parler dans la suite
nous aurons à en parler dans la suite

p. 63, note 149
dont la somme est égale 11
dont la somme est égale à 11




Mise à jour du 15/12/2015 : dans l’avant propos, ajout de la date exacte de sortie du livre de Papus.

2e colonne, l. 7 :
La revue Mysteria n’annoncera sa sortie qu’en janvier 1913, rubrique Les Livres du Mois.

Cf. explication en bas de la page du livre.




Errata (premiers exemplaires : livres imprimés avant le 05/09/2014).

Les morceaux qui manquaient sont surlignés en vert, ceux qui étaient en trop en rouge.

p. 5
il n’y a que des science occultées.
il n’y a que des sciences occultées.

p. 15, note 9
la manifestation de Phtah
la manifestation de Phthah

p. 16, note 11
Les Livres Sacrée sont l’expression de la Sagesse divine
Les Livres Sacrés sont l’expression de la Sagesse divine

p. 20
on a permuté également נ et_פ_,ר et צ
on a permuté également נ et_
ר_,פ et צ

p. 20, note 16
on a le mot אמח (Emeth)
on a le mot אמת (Emeth)
autre forme du mot Shem מ)
autre forme du mot Shem ם)

p. 26 note 30
b2 = 4 a2c2 = 3 r2
b2 = 4 r2r2 = 3 r2

p. 54, note 112
le mot Avatâra, dérivé de ava, en bas, et tri, traverser
le mot Avatâra, dérivé de ava, en bas, et trî, traverser

p. 67
R = 1 + 2 + … + (n + 1) + n
R = 1 + 2 + … + (n 1) + n

p. 72
Siphra D’sénioutha
Siphra D’zénioutha

p. 109
La figure formée par ces 2 arcs de cercle, et formée
La figure formée par ces 2 arcs de cercle, et fermée

samedi 6 septembre 2014

Confusion dans l'exposition de l'astrologie islamique : les cieux planétaires


Une erreur assez répandue consiste à vouloir réduire les sciences traditionnelles à l’ordre cosmique, sous prétexte que c’est leur ordre d’application. Cela n’est en réalité pas du tout justifié, et au contraire, c’est une telle opinion qui entraîne la déchéance de ces sciences en résidus détachés des principes qui leur donnent toute leur valeur. Toute science traditionnelle doit en effet être rattachée aux principes métaphysiques. René Guénon, lorsqu’il restitue les principes du calcul infinitésimal, prend pour point de départ l’Infini, afin de ne pas réduire cette science à une simple méthode de calcul, mais pour permettre qu’elle soit un possible marche pied pour s’élever à la connaissance totale. De même, l’astrologie, science traditionnelle qui fera l’objet de cet article, doit partir du tout, et pouvoir fournir un symbole du tout pour permettre d’y revenir.

Or, dans la description de l’astrologie islamique qui semble faire aujourd’hui référence chez les traducteurs d’Ibn Arabi, il y a une conception assez singulière : les cieux planétaires semblent y symboliser l’ordre subtil, et le reste semble décrit uniquement comme manifestation informelle, excluant tout ce qui est au-delà. Au contraire de ce qu’on peut trouver dans les autres traditions, dans lesquelles le domaine subtil est délimité supérieurement par la sphère de la lune, et qui décrivent les autres sphères planétaires comme correspondant à l’ordre informel. En effet :
la sphère lunaire est proprement le « monde de la formation », ou le domaine de l’élaboration des formes dans l’état subtil, point de départ de l’existence en mode individuel (1).
---
1 - Voir L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, ch. XXI. – Nous avons signalé en diverses occasions l’identité du « monde de la formation », ou de Ietsirah suivant la terminologie de la Kabbale hébraïque, avec le domaine de la manifestation subtile.
René Guénon, L’hiéroglyphe du Cancer, Voile d’Isis, juillet 1931.

pour ce qui est du pitri-yâna, nous ferons seulement remarquer qu’il ne conduit pas au delà de la Sphère de la Lune, de sorte que, par là, l’être n’est pas libéré de la forme, c’est-à-dire de la condition individuelle entendue dans son sens le plus général, puisque, comme nous l’avons déjà dit, c’est précisément la forme qui définit l’individualité comme telle (1). Suivant des correspondances que nous avons indiquées plus haut, cette Sphère de la Lune représente la « mémoire cosmique » (2) ; c’est pourquoi elle est le séjour des Pitris, c’est-à-dire des êtres du cycle antécédent, qui sont considérés comme les générateurs du cycle actuel, en raison de l’enchaînement causal dont la succession des cycles n’est que le symbole ; et c’est de là que vient la dénomination du pitri-yâna, tandis que celle du dêva-yâna désigne naturellement la Voie qui conduit vers les états supérieurs de l’être, donc vers l’assimilation à l’essence même de la Lumière intelligible. C’est dans la Sphère de la Lune que se dissolvent les formes qui ont accompli le cours complet de leur développement ; et c’est là aussi que sont contenus les germes des formes non encore développées, car, pour la forme comme pour toute autre chose, le point de départ et le point d’aboutissement se situent nécessairement dans le même ordre d’existence. Pour préciser davantage ces considérations, il faudrait pouvoir se référer expressément à la théorie des cycles ; mais il nous suffit de redire ici que, chaque cycle étant en réalité un état d’existence, la forme ancienne que quitte un être non affranchi de l’individualité et la forme nouvelle dont il se revêt appartiennent forcément à deux états différents (le passage de l’un à l’autre s’effectuant dans la Sphère de la Lune, où se trouve le point commun aux deux cycles), car un être, quel qu’il soit, ne peut passer deux fois par le même état, ainsi que nous l’avons expliqué ailleurs en montrant l’absurdité des théories « réincarnationnistes » inventées par certains Occidentaux modernes (3).
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1 - Sur le pitri-yâna, voir Chhândogya Upanishad, 5e Prapâthaka, 10e Khanda, shrutis 3 à 7 ; Brihad-Âranyaka Upanishad, 6e Adhyâya, 2e Brâhmana, shruti 16.
2 - C’est pour cette raison qu’il est dit parfois symboliquement, même en Occident, qu’on y retrouve tout ce qui a été perdu en ce monde terrestre (cf. Arioste, Orlando Furioso).
3 - Tout ce qui vient d’être dit ici a encore un rapport avec le symbolisme de Janus : la Sphère de la Lune détermine la séparation des états supérieurs (non-individuels) et des états inférieurs (individuels) ; de là le double rôle de la Lune comme Janua Cæli (cf. les litanies de la Vierge dans la liturgie catholique) et Janua Inferni, ce qui correspond d’une certaine façon à la distinction du dêva-yâna et du pitri-yâna. – Jana ou Diana n’est pas autre chose que la forme féminine de Janus ; et, d’autre part, yâna dérive de la racine verbale i, « aller » (latin ire), où certains, et notamment Cicéron, veulent voir aussi la racine du nom même de Janus.
L’Homme et son devenir selon le Vêdânta – ch. XXI

Il [l’être qui accomplit le dêva-yâna] passe ensuite dans la Sphère de la Lune (Chandra ou Soma), où il ne reste pas comme celui qui a suivi le pitri-yâna, mais d’où il monte à la région de l’éclair (vidyut) (1), au-dessus de laquelle est le Royaume de l’Eau (Ap), dont le Régent est Varuna (2) (comme analogiquement, la foudre éclate au-dessous des nuages de pluie). Il s’agit ici des Eaux supérieures ou célestes, représentant l’ensemble des possibilités informelles (3), par opposition aux Eaux inférieures, qui représentent l’ensemble des possibilités formelles ; il ne peut plus être question de ces dernières dès que l’être a dépassé la Sphère de la Lune, puisque celle-ci est, comme nous le disions tout à l’heure, le milieu cosmique où s’élaborent les germes de toute la manifestation formelle.
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1 - Ce mot vidyut semble être encore en rapport avec la racine vid, en raison de la connexion de la lumière et de la vue ; sa forme est très proche de celle de vidyâ : l’éclair illumine les ténèbres ; celles-ci sont le symbole de l’ignorance (avidyâ), et la connaissance est une « illumination » intérieure.
2 - Faisons remarquer, en passant, que ce nom est manifestement identique au grec Oὐρανός, bien que certains philologues aient voulu, on ne sait trop pourquoi, contester cette identité ; le Ciel, appelé Oὐρανός, est bien la même chose, en effet, que les « Eaux supérieures » dont parle la Genèse, et que nous retrouvons ici dans le symbolisme hindou.
3 - Les Apsarâs sont les Nymphes célestes, qui symbolisent aussi ces possibilités informelles ; elles correspondent aux Hûris du Paradis islamique (El-Jannah), qui, sauf dans les transpositions dont il est susceptible au point de vue ésotérique et qui lui confèrent des significations d’ordre plus élevé, est proprement l’équivalent du Swarga hindou.
Ibid.

l’être qui a obtenu l’« immortalité virtuelle » se trouve pour ainsi dire « incorporé », par assimilation, à Hiranyagarbha ; et cet état, dans lequel il peut demeurer jusqu’à la fin du cycle (pour lequel seulement Brahmâ existe comme Hiranyagarbha), est ce qu’on envisage le plus ordinairement comme le Brahma-Loka (1).
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1 - C’est là ce qui correspond le plus exactement aux « Cieux » ou aux « Paradis » des religions occidentales (dans lesquelles, à cet égard, nous comprenons l’Islamisme) ; lorsqu’une pluralité de « Cieux » est envisagée (et elle est souvent représentée par des correspondances planétaires), on doit entendre par là tous les états supérieurs à la sphère de la Lune (parfois considérée elle-même comme le « premier ciel » quant à son aspect de Janua Cæli), jusqu’au Brahma-Loka inclusivement.
Ibid.


On pourrait objecter que le symbolisme peut s’appliquer à différents domaines, et que les cieux planétaires pourraient aussi représenter le domaine subtil. Mais ce n’est jamais ce que fait Guénon. Par exemple, dans le passage suivant il parle bien d’une multiplicité d’applications du septénaire pour les degrés initiatiques, mais les cieux planétaires signifient une seule chose : les états informels.
D’autre part, M. Valli remarque que, à côté du Rebis figuré dans le Rosarium Philosophorum, on voit une sorte d’arbre portant six couples de visages disposés symétriquement de chaque côté de la tige et un visage unique au sommet, qu’il identifie avec les personnages de la figure de Francesco da Barberino ; il semble bien s’agir effectivement, dans les deux cas, d’une hiérarchie initiatique en sept degrés, le dernier degré étant essentiellement caractérisé par la reconstitution de l’Androgyne hermétique, c’est-à-dire en somme la restauration de l’« état primordial » ; et ceci s’accorde avec ce que nous avons eu l’occasion de dire sur la signification du terme de « Rose-Croix », comme désignant la perfection de l’état humain. À propos de l’initiation en sept degrés, nous avons parlé, dans notre étude sur L’Ésotérisme de Dante, de l’échelle à sept échelons ; il est vrai que ceux-ci, généralement, sont plutôt mis en correspondance avec les sept cieux planétaires, qui se réfèrent à des états supra-humains ; mais, par raison d’analogie, il doit y avoir, dans un même système initiatique, une similitude de répartition hiérarchique entre les « petits mystères » et les « grands mystères ». D’autre part, l’être réintégré au centre de l’état humain est par là même prêt à s’élever aux états supérieurs, et il domine déjà les conditions de l’existence dans ce monde dont il est devenu maître ; c’est pourquoi le Rebis du Rosarium Philosophorum a sous ses pieds la lune, et celui de Basile Valentin le dragon ; cette signification a été complètement méconnue par M. Valli, qui n’a vu là que des symboles de la doctrine corrompue ou de « l’erreur qui opprime le monde », alors que, en réalité, la lune représente le domaine des formes (le symbolisme est le même que celui de la « marche sur les eaux »), et le dragon est ici la figure du monde élémentaire.
Le langage secret de Dante et des « Fidèles d’Amour » (II), Voile d’Isis, mars 1932.


Est-ce donc une spécificité de la tradition islamique ? Il ne semble pas, d’après la citation suivante, qui fait remarquer la parfaite concordance de celle-ci avec les autres traditions :
Dans l’ésotérisme islamique, les « sept terres » apparaissent, peut-être plus explicitement encore, comme autant de tabaqât ou « catégories » de l’existence terrestre, qui coexistent et s’interpénètrent en quelque sorte, mais dont une seule peut être actuellement atteinte par les sens, tandis que les autres sont à l’état latent et ne peuvent être perçues qu’exceptionnellement et dans certaines conditions spéciales ; et, ici encore, elles sont tour à tour manifestées extérieurement, dans les diverses périodes qui se succèdent au cours de la durée totale de ce monde. D’autre part, chacune des « sept terres » est régie par un Qutb ou « Pôle », qui correspond ainsi très nettement au Manu de la période pendant laquelle sa terre est manifestée ; et ces sept Aqtâb sont subordonnés au « Pôle » suprême, comme les différents Manus le sont à l’Adi-Manu ou Manu primordial ; mais en outre, en raison de la coexistence des « sept terres », ils exercent aussi, sous un certain rapport, leurs fonctions d’une façon permanente et simultanée. Il est à peine besoin de faire remarquer que cette désignation de « Pôle » se rattache étroitement au symbolisme « polaire » du Mêru que nous avons mentionné tout à l’heure, le Mêru lui-même ayant d’ailleurs pour exact équivalent la montagne de Qâf dans la tradition islamique. Ajoutons encore que les sept « Pôles » terrestres sont considérés comme les reflets des sept « Pôles » célestes, qui président respectivement aux sept cieux planétaires ; et ceci évoque naturellement la correspondance avec les Swargas dans la doctrine hindoue, ce qui achève de montrer la parfaite concordance qui existe à ce sujet entre les deux traditions.
Quelques remarques sur la doctrine des cycles cosmiques, Paru en français dans les Études Traditionnelles en octobre 1938.


La plus ancienne mention que nous ayons trouvée de cette interprétation (de cieux planétaires subtils) est dans l’étude de Titus Burckhardt : Clé spirituelle de l’astrologie musulmane d’après Mohyiddîn ibn Arabî, parue entre juin 1947 et janvier-février 1948 aux Études Traditionnelles.
Il va sans dire que, entre toutes les sphères de cette hiérarchie, seules les sphères planétaires et celles des étoiles fixes correspondent telles quelles à l’expérience sensible, encore qu’il ne faille pas les envisager sous ce seul rapport ; quant aux sphères sublunaires de l’éther – qui ne signifie pas ici la quintessence, mais le milieu cosmique dans lequel se résorbe le feu, –de l’air et de l’eau, il faut y voir plutôt une hiérarchie théorique suivant les degrés de densité, que des sphères spatiales. Pour ce qui est des sphères suprêmes du « Piédestal » et du « Trône » divins, – le premier contenant les cieux et la terre et le second englobant toute chose (1), – leur forme de sphères est purement symbolique, et elles marquent en somme le passage de l’astronomie à la cosmologie intégrale et métaphysique (2) : le Ciel sans étoiles (al-falak al-atlas), qui est un « vide », et qui de ce fait n’est même plus spatial, mais marque plutôt la « fin » de l’espace, marque aussi par là même la discontinuité entre le formel et l’informel ; celui-ci apparaît en effet comme un « néant » au point de vue du formel, de même que le principiel apparaît comme un « néant » au point de vue du manifesté. On aura compris que ce passage du point de vue astronomique au point de vue cosmologique ou métaphysique n’a rien d’arbitraire : la distinction entre un ciel visible et un ciel échappant à notre vue est réelle, même si son application n’est que symbolique, et l’« invisible » devient ici spontanément le « transcendant », conformément au symbolisme oriental ; les sphères de la manifestation informelle – le « Trône » et le « Piédestal » – sont appelées expressément le « monde invisible » (‘âlam al-ghaïb), le mot ghaïb signifiant tout ce qui est hors de portée de notre vue, ce qui montre bien cette correspondance symbolique entre l’« invisible » et le « transcendant ».

Le « Piédestal » sur lequel sont posés les « Pieds » de Celui qui est assis sur le « Trône », représente la première « polarisation », ou détermination distinctive, en vue de la manifestation formelle, détermination qui comporte une « affirmation » et une « négation » auxquelles correspondent, dans le Livre révélé, le commandement (al-amr) et la prohibition (an-nahî).

Le ciel sans étoiles (al-falak al-atlas) est aussi le ciel des douze « tours » (burûj) ou « signes » du zodiaque ; ceux-ci ne sont donc pas identiques aux douze constellations zodiacales contenues dans le ciel des étoiles fixes (falak al-kawâkib ou falak al-manâzil), mais représentent des « déterminations virtuelles » (maqâdir) de l’espace céleste et ne se différencient que par rapport aux « stations » ou « mansions » (manâzil) planétaires projetées sur le ciel des étoiles fixes. Il y a là un point très important pour la compréhension de l’astrologie arabe et occidentale ; nous y reviendrons plus loin.

La cosmologie traditionnelle ne fait pas de différence explicite entre les cieux planétaires dans leur réalité corporelle et visible et ce qui leur correspond dans l’ordre subtil, car le symbole s’identifie essentiellement à la chose symbolisée, et il n’y a lieu de faire une distinction entre l’un et l’autre que là où cette distinction peut pratiquement se faire et que par suite l’aspect dérivé peut être pris séparément pour le tout, comme il arrive lorsque la forme corporelle d’un être vivant est prise pour l’être entier ; or dans le cas des rythmes planétaires – car ce sont eux qui constituent les différents « cieux », – cette distinction ne peut être faite que par l’application théorique de conceptions mécaniques étrangères à la mentalité contemplative des civilisations traditionnelles (3).

Les sphères planétaires sont donc à la fois des parties du monde corporel et des degrés du monde subtil ; le Ciel sans étoiles, qui est l’extrême limite du monde sensible, enveloppe symboliquement tout l’état humain y compris tous les « prolongements » supérieurs de cet état ; le Sheikh al-akbar situe en effet les états paradisiaques entre le ciel des étoiles fixes et le ciel sans étoiles – ou ciel des « Tours » zodiacales, – les paradis supérieurs touchant pour ainsi dire à l’existence informelle, tout en restant circonscrits par la forme subtile de l’être humain (4). Le ciel des tours » zodiacales est donc, par rapport à l’état humain intégral, le « lieu » des archétypes.
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1 – C’est ce qu’enseigne le Qoran. Selon une expression du Prophète, le monde est contenu dans le "Piédestal" divin et celui-ci dans le “Trône" comme un anneau dans un moule de terre.
2 – Dans certains schémas symboliques du Sheikh al-akbar, on trouve d’autres sphères plus vastes que celle du "Trône", ce symbolisme étant naturellement susceptible d’une extension plus ou moins grande ; cependant, la hiérarchie que nous venons d’énumérer représente en elle même un ensemble complet, puisque le "Trône" divin englobe toute la manifestation. C’est ce qu’enseigne Mohyiddin ibn Arabi, conformément au Qoran, dans les "Révélations mecquoises" (Al-Futûhât al-makkiyah) ; dans d’autres écrits il parlera de toute une hiérarchie de différents "Trônes" qui constituent les principaux degrés de l’Existence informelle.
3 – Ainsi, les Indiens de l’Amérique du Nord, qui ne font pas de théories sur l’électricité, peuvent voir dans l’éclair la puissance même de l’"Oiseau - Tonnerre", qui est l’Esprit divin dans la manifestation macrocosmique: il y a même des cas où la percussion de l’éclair confère des puissances spirituelles, ce qui ne serait pas possible chez des Européens qui ont l’habitude de séparer mentalement les formes sensibles de leurs archétypes "surnaturels".
4 – Il s’agit de la définition cosmologique des états paradisiaques, et non de leur symbolisme implicite, qui fait que leurs descriptions peuvent être transposées aux degrés les plus hauts de l’existence et même dans l’Être pur, puisqu’on parle en langage soufique d’un "paradis de l’Essence" (djannat adh- dhât).
pp. 14-17 de l’édition de 1983 (c’est à cette édition que nous nous référons dans la suite).

On constate qu’il n’est pas explicitement dit formel/informel dans le texte original, mais que c’est Burckhardt qui choisit arbitrairement de traduire invisible (ghaïb = hors de portée de la vue) par informel. Mais considérons comment Guénon applique l’analogie pour un autre passage d’Ibn Arabi :
À ce propos, nous citerons une fois de plus, pour marquer encore les concordances des différentes traditions, un passage emprunté au Traité de l’Unité (Risâlatul-Ahadiyah), de Mohyiddin ibn Arabi : « Cette immense pensée (de l’« Identité Suprême ») ne peut convenir qu’à celui dont l’âme est plus vaste que les deux mondes (manifesté et non-manifesté). Quant à celui dont l’âme n’est qu’aussi vaste que les deux mondes (c’est-à-dire à celui qui atteint l’Être Universel, mais ne le dépasse pas), elle ne lui convient pas. Car, en vérité, cette pensée est plus grande que le monde sensible (ou manifesté, le mot « sensible » devant ici être transposé analogiquement, et non restreint à son sens littéral) et le monde suprasensible (ou non-manifesté, suivant la même transposition), tous les deux pris ensemble. »
L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, chap. XXI, note 26

Guénon transpose bien analogiquement qui ne se manifeste pas aux sens (y compris la vue) en non-manifesté, et non en informel.


Ce qui est peu cohérent, c’est que Burckhardt se contredit, lorsque, reprenant les données exposées par Guénon :
à chacun des sept cieux planétaires préside un des principaux prophètes, qui en est le « Pôle » (El-Qutb) ; et les qualités et les sciences qui sont rapportées plus spécialement à chacun de ces prophètes sont en relation avec l’influence astrale correspondante. La liste des sept Aqtâb célestes est la suivante :
Ciel de la Lune (El-Qamar) : Seyidna Adam.
Ciel de Mercure (El- Utârid) : Seyidna Aïssa.
Ciel de Vénus (Ez-Zohrah) : Seyidna Yûsuf.
Ciel du Soleil (Es-Shams) : Seyidna Idris.
Ciel de Mars (El-Mirrîkh) : Seyidna Dâwûd.
Ciel de Jupiter (El-Barjîs) : Seyidna Mûsa.
Ciel de Saturne (El-Kaywân) : Seyidna Ibrahîm.
La chirologie dans l’ésotérisme islamique, Voile d’Isis, mai 1932.

il explique qu’Adam est assigné à la Lune parce que cela correspond à l’homme véritable, opposé à Hénoch, homme transcendant (il relègue donc bien à la Lune seulement le domaine individuel ou formel) :
Le fait que la lune est le réceptacle de toutes les influences qu’elle recueille pour les transmettre à la terre, se trouve aussi indiqué par le degré qui correspond à la lune dans la hiérarchie des fonctions prophétiques ; l’ésotérisme islamique, on le sait, « situe » symboliquement ces fonctions dans les différents cieux planétaires. Selon cet ordre de correspondances, qui d’ailleurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte « cyclique » de l’Islam, Abraham (Seyidnâ îbrâhîm) réside dans le ciel de Saturne, Moïse (Seyidnâ Mûsâ) dans celui de Jupiter, Aaron (Seyidna Harûn) dans celui de Mars, Hénoch (Seyidnâ îdrîs) dans celui du soleil, Joseph (Seyidnâ Yûsuf) dans celui de Vénus, Jésus (Seyidnâ ‘Isa) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnâ Adam) dans celui de la lune. Il y a, dans cette hiérarchie, le même rapport entre Hénoch et Adam qu’entre l’« homme transcendant » (shœn jen) et l’« homme véritable » (chen jen) dans la doctrine taoïste : Hénoch réside dans le soleil en tant qu’il représente l’« homme divin » par excellence, ou le premier « grand spirituel » des fils d’Adam et par conséquent le « prototype historique » de tous les hommes ayant réalisé Dieu ; quant à Adam, il sera l’« homme primordial » ou, selon l’expression d’Ibn Arabî, l’« homme unique » (al-insân al-mufrad, par opposition à al-insân al-kâmil, l’« homme universel »), c’est-à-dire, il sera le représentant par excellence de la qualité cosmique qui revient à l’homme seulement, et qui s’exprime dans le rôle de médiateur entre la « terre » et le « Ciel ».
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1 - De ceci on peut conclure que l’interprétation spirituelle de l’astrologie ne saurait être sans autre transférée d’une tradition à une autre ; non seulement cette interprétation tient à la perspective intellectuelle propre à telle tradition, mais même la validité de ses applications divinatoires dépend dans une certaine mesure de l’homogénéité de l’ambiance subtile régie par l’influence spirituelle de la tradition envisagée.
p. 37


Autre variation dans la suite de l’étude :
On remarquera que le cycle des Noms, des degrés cosmiques et des mansions lunaires peut être divisé en quartiers, dont chacun comprend sept mansions et correspond à un ensemble défini de degrés d’existence : le premier quartier symbolise le monde des principes ou l’ensemble des degrés divins ; ce quartier se termine symboliquement au solstice d’été et par le degré du « trône » divin, qui est le complément du Nom divin Al-Muhît, « Celui qui englobe », et le modèle de la lettre qaf, signe du pôle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merû ; et, ajouterons-nous, il y a là comme une image verbale du fait que le « trône » divin est à la fois la sphère qui englobe tout, et le pôle autour duquel évolue la circumambulation des anges. Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel, mais sous le seul rapport de l’existence « élémentaire » et directe de chacun de ses degrés, car c’est le dernier quartier du cycle qui représente la hiérarchie des êtres composés, c’est-à-dire des êtres dont la forme relève d’une synthèse de plusieurs degrés d’existence. Les deux quartiers moyens constituent donc un seul « monde » ; mais ils peuvent être divisés par rapport au centre de ce monde, ce centre étant le sphère du soleil, qui est le « cœur du monde », et qui se trouve ici en rapport d’analogie avec l’équinoxe d’automne.
pp. 45-46

Cette fois ci le piédestal, inférieur au trône, est censé être compris dans le domaine subtil (contrairement à ce qui était dit plus haut), sous le domaine du trône, qui serait la limite inférieure du domaine informel, et en dessous duquel il semble y avoir les anges, qui sont donc curieusement assignés au domaine subtil.


Les contradictions nombreuses impliquées par ce choix de cieux planétaires subtils s’effacent dès lors que l’on remet chaque chose à sa place. En fait El-Muhît est hors de la manifestation :
la « circonférence première » (ed-dâïrah el-awwaliyah) […] délimite et enveloppe le domaine de l’Existence universelle.
[…]
dans la figuration du « Trône » (El-Arsh), Er-Rûh est placé au centre, et cette place est effectivement celle de Metatron ; le « Trône » est le lieu de la « Présence divine », c’est-à-dire de la Shekinah qui, dans la tradition hébraïque, est la « parèdre » ou l’aspect complémentaire de Metatron. D’ailleurs, on peut même dire que, d’une certaine façon, Er-Rûh s’identifie au « Trône » même, car celui-ci, entourant et enveloppant tous les mondes (d’où l’épithète El-Muhît qui lui est donnée), coïncide par là avec la « circonférence première » dont nous avons parlé plus haut (1). On retrouve encore ici les deux faces du barzakh : du côté d’El-Haqq, c’est Er-Rahmân qui repose sur le « Trône » (2) ; mais, du côté d’el-Khalq, il n’apparaît en quelque sorte que par réfraction à travers Er-Rûh, ce qui est en connexion directe avec le sens de ce hadîth : « Celui qui me voit, celui-là voit la Vérité » (man raanî faqad raa el-Haqq).
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1 – Sur ce sujet du « Trône » et du Metatron, envisagé au point de vue de la Kabbale et de l’angélologie hébraïques, cf. Basilide, Notes sur le monde céleste (numéro de juillet 1934, p. 274-275), et Les Anges (numéro de février 1935, p. 88-70).
2 – Suivant ce verset de la Sûrat Taha (XX, 5) : « Er-Rahmânu ‘alâ’l-’arshi estawâ ».
Er-Rûh, Études traditionnelles, août-septembre 1938.


D'après tout ce qui précède, l’assimilation des cieux planétaires au domaine subtil dans l’astrologie islamique semble donc bien être une erreur. Pour finir voici quelques points terminologiques sur lesquels il nous semble nécessaire de s’attarder, parce qu’ils ont pu contribuer à produire ou entretenir cette confusion.
  • D’abord un problème très général : l’usage très vague chez les traducteurs du terme « forme », ne désignant pas précisément la condition limitant le domaine individuel, mais sorte de synonyme d’« image ».

  • Ensuite l’expression « domaine de la génération et de la corruption », mentionnée par exemple dans Le Sceau des saints de Michel Chodkiewicz :
« Le “Lotus de la limite” se trouve au point le plus haut du “monde de la génération et de la corruption” (âlam al-kawn wa l-fasad ou âlam al-shahâda) auquel appartiennent les sphères planétaires. Le voyageur va donc avoir à traverser la sphère des étoiles fixes (falak al kawâkib al-thâbita) puis le “ciel sans étoiles” (al-falak al-atlas) qui, eux, relèvent du “Monde de la Création” (âlam al-khalq) duquel font également partie le Tabouret (al-kursî) et le Trône (al-arsh). Il remontera ensuite les degrés du “Monde du Commandement” (âlam al-amr), c’est-à-dire, dans l’ordre ascendant, la “substance universelle” (am-jawhar al-muzlim al-kull), la Nature (al-tabî’a), qui contient en puissance les formes sensibles, la Table gardée ou Âme universelle, et enfin le Calame, qui est identifié à la fois à l’Intellect premier et à la Réalité muhammadienne ou à l’Homme Parfait. Quittant alors le Monde du Commandement, il pénétrera dans ce qui est désigné comme la Nuée primordiale (al-amâ) produite par l’Expir du Miséricordieux (nafas al-rahmân) et accédera à la Présence divine.
pp. 174-175 (édition 2012)

Équivoque sur laquelle Guénon avertit :
Aristote identifie le domaine de la génération et de la corruption au monde sublunaire, et Dante l’a suivi en cela ; le point de vue de Mohyiddin se rapport sûrement à une tout autre correspondance pour les cieux planétaires, mais je ne pourrais pas vous dire exactement quelle en est la raison ; il faudrait avoir le temps d’examiner cela encore de plus près ; je suis persuadé qu’on n’y trouverait pas de contradiction réelle, mais seulement, comme il arrive dans bien d’autres cas, une différence d’application du symbolisme.
Correspondance à Di Giorgio, 15 novembre 1947

  • Au passage, il y a aussi dans ce passage de M. Chodkiewicz une confusion possible pouvant naître de l’emploi de l’expression « monde de la création », qui est la traduction d’olam Beriah, le domaine de la manifestation informelle qui fait partie du quaternaire des mondes de la Kabbale, alors qu’ici c’est un des termes du binaire el-Khalq/El-Amr, de même que Guénon considère le binaire el-Khalq/El-Haqq, lorsqu’il expose chacun des deux aspects de l’Être pur qui y sont respectivement liés, point évoqué dans une citation précédente, mais aussi dans la suivante :
en correspondance avec ces cinq arkân manifestés dans le monde terrestre et humain, la tradition islamique envisage aussi cinq arkân célestes ou angéliques, qui sont Jibrîl, Rufaîl, Mikaîl, Isrâfîl, et enfin Er-Rûh ; ce dernier, qui est identique à Metatron comme nous l’avons expliqué en d’autres occasions, se situe également à un niveau supérieur aux quatre autres, qui sont comme ses reflets partiels dans diverses fonctions plus particularisées ou moins principielles, et, dans le monde céleste, il est proprement rukn el-arkân, celui qui occupe, à la limite séparant el-Khalq d’El-Haqq, le « lieu » même par lequel seul peut s’effectuer la sortie du Cosmos.
El-Arkân, Études Traditionnelles, septembre 1946.


Une petite parenthèse : M. Chodkiewicz, dans le livre mentionné, p. 173, dit d’ailleurs lui-même qu’après le 7e ciel, celui de Saturne, arrive le
« “Lotus de la limite” (sidrat al-muntahâ, Cor. 53 : 14), point d’arrêt pour Jîbrîl, l’ange de la Révélation, lors du mi’râj du Prophète : à partir de là, Muhammad poursuivra seul son ascension. »

Comme chez Burckhardt, on ne comprend pas pourquoi cet ange ne pourrait circuler que dans le domaine subtil, et pourquoi le domaine informel lui serait interdit, alors que c’est le domaine qui lui correspond normalement. En se rappelant que les cieux planétaires désignent ce domaine informel, il n’y a plus de contradiction.

  • Enfin, l’usage de l’expression « monde intermédiaire », comme ici chez Burckhardt :
Le monde « intermédiaire » comprend les sept cieux planétaires, et leur attribution à un même nombre de Noms divins indique avec précision les principes cosmiques dont les rythmes planétaires sont l’expression.
p. 46

Cette expression peut être employée diversement selon les modes d’exposition. Par exemple, dans L’Archéomètre de La Gnose, T. l’emploie pour désigner le plan astral. Mais, dans sa description, celui-ci n’est pas le domaine subtil mais le domaine informel, entre le plan divin, qui désigne l’Être pur, et le plan matériel, qui désigne à la fois le domaine corporel et le domaine subtil :
La lettre (A) représente l’unité, (S) le binaire, et (Th) la multiplicité. Dans le monde envisagé par rapport à nous, l’unité correspond à l’esprit, la multiplicité à la matière, et le terme intermédiaire ou équilibrant est la vie ; par suite, l’ensemble de ces trois lettres peut être regardé comme représentant l’Univers divisé en trois plans : spirituel (1), astral (2), et matériel (3).
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1 – Le plan spirituel ou divin est le monde principiel, qui correspond au centre dans la figure de l’Archéomètre ; c’est le plan de l’Être pur ou de l’Unité.
2 – C’est le domaine des Forces cosmiques, que l’on devrait plutôt, à ce point de vue, appeler plan vital ou énergétique ; mais la dénomination de plan astral, due à Paracelse, est plus habituellement employée, parce que ces Forces cosmiques, lorsqu’on les considère dans le monde physique, et en particulier dans le système solaire, sont les Forces astrales. Le symbole * * représente la polarisation de la Force universelle, de même que le nombre 11, qui exprime également le Binaire équilibré, et qui correspond à la lettre כ, planétaire de Mars dans l’alphabet watan. Cette lettre occupe le milieu dans le septénaire des planétaires ; en sanscrit, elle est l’initiale du nom de Karttikeya (appelé aussi Skanda), le chef de la Milice Céleste, et de celui de Kâma, le Désir, aspect principiel de la Force universelle. – Le plan astral comprend les sept sphères planétaires, suivant lesquelles sont réparties analogiquement les Forces cosmiques ; par suite, dans la figure de l’Archéomètre, il correspond à la zone planétaire. Enfin, c’est le plan du Verbe ou du Principe actif, contenant en puissance toutes les manifestations de l’Être, et dont la polarisation (par réflexion à la surface des Grandes Eaux) est figurée dans le Zohar par le Macroprosope et le Microprosope.
3 - Ce mot désigne tout ce qui est contenu en puissance dans l’Éther primordial, c’est-à-dire l’ensemble de toutes les possibilités matérielles, et non pas seulement le monde physique (au sens le plus habituel de ce mot), qui n’est que la manifestation d’une possibilité matérielle particulière. L’Éther est le milieu cosmique (Âkâça) sur lequel s’exerce l’action du Verbe Créateur ; ce milieu correspond, dans la figure de l’Archéomètre, à la zone extérieure, c’est-à-dire à l’enveloppe zodiacale. – Dans le système solaire rapporté à la Terre, il faut renverser l’analogie : le monde principiel est représenté par les cieux supérieurs aux sphères planétaires (ciel des étoiles fixes, premier mobile et ciel empyrée), et le domaine de la réalisation matérielle est représenté par le monde sublunaire, c’est-à-dire par la Terre elle-même enveloppée de son atmosphère ; l’ensemble des sept sphères planétaires continue à correspondre au plan astral ou monde intermédiaire. Ceci indique les correspondances des trois lettres (A), (S) et (Th), si on les rapporte spécialement au système solaire.

Donc une particularité terminologique, mais là encore pas de différence de sens par rapport à la généralité : les cieux planétaires sont encore et toujours associés au domaine informel.

vendredi 5 septembre 2014

L'Archéomètre de La Gnose - illustrations de la Revue originale et du livre

Pour juger de la qualité et de la fidélité des illustrations du livre présenté dernièrement, voici une comparaison entre celles de la Revue originale (en premier), et celles du livre (en second).

















































 








 
  





Voici également le dessin original et l'illustration finale représentant la Faux de Saturne (dans les notes pour le numéro de mars 1912 non paru, reproduites à la fin du livre) :



Nous y avons joint l'explication qui suit :
[L’Archéomètre tracé avec les 12 Sphères : les Mondes de la Kabbale et la « Faux de Saturne ». Concernant les Sphères, la figure était dessinée sans indication de couleurs. Quatre couleurs ont été associées aux quatre Mondes pour aider à la lecture : noir, vert, rouge et blanc (cette dernière couleur pour Atsiluth, le domaine de l’Être pur). Quant à Aïn-Soph, étant ce qui est au-delà de l’Être, il a été représenté en noir.]