lundi 4 novembre 2013

Errata des recueils papier

Pour plus de lisibilité et d'utilité, les erreurs des recueils papier auparavant centralisées dans cet article ont été rangées pour constituer désormais des errata différents, un par recueil. Leur liste est disponible ci-dessus, en onglet de haut de page. Ils continueront à être enrichis à mesure que la comparaison entre les recueils papier et les revues originales se poursuit.

mardi 15 octobre 2013

Réponse à une accusation de spoliation

Au cours d'un échange sur le blog suivant :
http://strigelius.blogspot.fr/

nous avons été accusé de spolier les enfants de Guénon. Suite à notre réponse, l'administrateur du blog l'a entièrement supprimé :


C'est dommage, et le mieux pour lui serait qu'il le restaure s'il en est encore temps, mais peu importe, nous reproduisons ici l'échange, avec notre réponse.

Voici les pages html (avec en plus l'article avec le commentaire qui a initié cet échange) :

Ci-après, la reproduction de l'échange (juste un menu détail, la remarque sur la note 2 réagissait à l'écriture fautive du titre : États multiples de l'Être, corrigée être par la suite) :



-------------------------------------------------------------------



Certes l'erreur est un mal, un mal qui s'est répandu depuis quelques siècles dans toutes les parties du monde au point de donner l'impression qu'il n'y a plus rien hors de lui. C'est bien là le signe extrême que quelque chose a été caché.

vendredi 20 septembre 2013


SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON







SUR LA NÉCESSITE DE PRÉSENTER
LES FUTURS TEXTES INÉDITS
DE RENÉ GUÉNON

Suite au compte rendu de l’ouvrage Psychologie, attribué à R. Guénon, un lecteur de notre blog a déposé le commentaire suivant :
« Merci pour votre recension.
Pourquoi accompagner un texte de Guénon d'un “appareil critique” ? Je comprends bien que ce texte n'était pas destiné à la publication, mais y a-t-il vraiment bénéfice à toujours rajouter son grain de sel ? L’œuvre ne se défend-elle pas elle-même, bien mieux que les divers bavardages qui l'entourent, et qui au contraire semblent produire un triste nuage de vase, autour d'un texte qui lui est pourtant limpide? J'ai peine à comprendre que la mise à disposition des textes soit depuis plus de 60 ans maintenant la dernière des priorités. »
Selon notre point de vue, il convient de distinguer les livres que Guénon publia de son vivant, lesquels, en effet, n’ont nul besoin d’un appareil critique, ni d’aucune sorte de présentation, des ouvrages posthumes que nous connaissons. Ces derniers, regroupant des articles et des compte rendus, doivent aux lecteurs les précisions nécessaires sur la provenance des textes et éventuellement sur les conditions particulières de leur rédaction lorsque cela est précisé dans la correspondance. 
Contrairement à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente. Et, nous constatons que la précipitation caractérisant la mentalité ambiante n’a pas épargné l’œuvre de celui qui nous a prévenus de ses fâcheuses conséquences, auxquelles s’ajoute maintenant l’incompétence qui se généralise et affecte tous les domaines. En publiant Psychologie, avec la complicité de Monsieur A. Grossato, l’éditeur Arche nous a offert un exemple remarquable de tout ce qu’il faut éviter.
La présentation par Patrice Brecq du Cours de philosophie dans le numéro spécial de Science Sacrée consacré à René Guénon, puis dans deux numéros de VLT (1), a permis heureusement de corriger les fausses conceptions qui s’étaient répandues et de remettre en place les idées concernant un inédit de Guénon dont il est nécessaire de resituer le contexte et les conditions spéciales de sa rédaction.
Nous devons retenir pour principe que l’édition des textes inédits doit être dépouillée de tout discours ou présentation quelconque de qui que ce soit, à l’exception d’une introduction rigoureuse, dépourvue de considération ou interprétation doctrinale, se limitant strictement à présenter l’organisation et le contenu d'éventuelles annexes. Les commentaires doivent s’effacer devant ce travail et laisser l’œuvre écrite à l’état pur, ce qui est le meilleur moyen de lui assurer son intégrité, son autorité et la pérennité de son rayonnement.
Les choses sont sans doute plus complexes lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes qui se posent autour de la correspondance. Les mises en garde émises jadis par André Bachelet sont à prendre en considération car, en effet, il serait inconséquent de publier les nombreuses réponses de Guénon en faisant abstraction, pour certaines d’entre elles, du contenu des lettres envoyées et sans évoquer, là également, le contexte de leur rédaction lorsque cela est nécessaire (2). Beaucoup d’éléments délivrés par la lecture de cette correspondance précisent des points particuliers de la doctrine, voire même leurs applications dans certains cas, tandis que d’autres donnent des informations sur tel ou tel ouvrage, tel auteur, telle situation etc. 
Bien évidemment, cela exige des compétences et des qualités particulières de la part de la personne pressentie (et de son équipe de collaborateurs) (3) qui devra présenter au futur éditeur le résultat de ce qui va nécessiter un travail long et désintéressé.
L’auteur du commentaire a raison de se montrer intransigeant à l’égard de toute tentative d’annexion ou de falsification comme cela s’est déjà produit avec une préface désastreuse publiée il y a une quarantaine d'années pour une édition de poche du Symbolisme de la Croix.
Il est malheureusement toujours possible, effectivement, que le projet d’édition auquel nous avons fait allusion soit aussi l’occasion d’un enjeu pour le profit de quelques personnes de pouvoir désireuses de se mettre en avant.


NOTES

(1) Voir les références de ces publications dans notre compte rendu, mis en ligne ci-dessous, le 1/05/ 2013 : Psychologie extrait du Cours de philosophie de René Guénon.

(2) Ainsi en est-il le la correspondance avec Mlle Denis Boulet qui offre un prolongement doctrinal appréciable à la métaphysique des États multiples de l’être.
(3) Les meilleurs connaisseurs de l’œuvre de Guénon s’accordent tous pour reconnaître à cette personne les qualifications requises nécessaires au regroupement des inédits, à la répartition des annexes et l'organisation des notes. L’unanimité de ce jugement est un fait suffisamment rare dans les cercles guénoniens pour qu’il mérite d’être signalé.



2 commentaires:

tagada a dit…
Bonjour,

De mon côté, de manière générale cette explication ne me remet pas les idées en place, je la trouve ambigüe à plus d'un titre, je ne sais pas ce qu'il en sera pour le reste du public à qui il faudrait remettre les idées en place.

En fait, ce sur quoi repose votre argumentation, c'est la supposée compétence de quelqu'un bien comme il faut? C'est assez périlleux comme position, parce que cette compétence peut être évaluée différemment selon le point de vue, et quelle autorité tranchera? Je ne crois pas que ce soit fortifier son argumentation que de s'appuyer sur quelqu'un qui serait un élu du consensus (note 3), d'autant que c'est un point de vue pour le moins personnel, et que même si c'était vrai ça ne voudrait rien dire. Qui sont les guénoniens aujourd'hui? Quelle unité désigne ce mot? Et quelle valeur cette étiquette peut-elle bien donner à ceux à qui on l'applique?

Voilà pourquoi je maintiens qu'un appareil critique n'a rien à faire avec l’œuvre de Guénon. Ceux qui veulent la connaître la liront eux-mêmes, pas besoin de leur prendre la main. Les commentaires ça intéresse ceux qui découvrent, lorsqu'ils connaissent ils se rendent compte ensuite à quel point ces commentaires sont faux et les ont inutilement alourdis des idées préconçues des commentateurs.
tagada a dit…
Et je persiste, "J'ai peine à comprendre que la mise à disposition des textes soit depuis plus de 60 ans maintenant la dernière des priorités."

Vous me répondez "Contrairement à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente." C'est malheureusement bien ce que je dis, il y a encore des inédits, 60 ans après, délivrés au compte goutte (peut-être pour maintenir le suspense? je ne comprends pas). Et je ne parle pas de la qualité catastrophique des recueils déjà publiés, que ce soit par la présentation ou par la simple retranscription des textes. Quel intérêt que de passer 10 000 heures à compter les virgules du cours de philosophie? Il y en a certainement un, mais ce n'est pas ça la priorité!

Concernant les distinctions que vous faites, livres publiés du vivant de, correspondances, etc, je le vois d'une autre façon : les travaux recueillis dans les ouvrages posthumes ont pour la plupart été publiés en revue du vivant de Guénon, et certains inédits étaient destinés à l'être. Quel est donc leur point commun : c'est l’œuvre publique. Vient ensuite une autre catégorie à part, qui sont les cours de Guénon, pas vraiment privés, mais pas destinés non plus au public, et pas de la même teneur. Et enfin les correspondances, privées elles, dont beaucoup sont intéressantes certes, mais c'est bien l’œuvre publique la priorité n°1. C'est ça, la volonté de Guénon. Il n'a jamais demandé à ce qu'on publie ses correspondances ou ses cours de philo, par contre il a bataillé toute sa vie pour voir son œuvre publiée, bien présentée et disponible.

Concernant la note 2 :
"Une autre remarque s’impose encore, au sujet de l’emploi que nous faisons du mot « être » lui-même, qui, en toute rigueur, ne peut plus s’appliquer dans son sens propre quand il s’agit de certains états de non-manifestation dont nous aurons à parler, et qui sont au delà du degré de l’Être pur. Nous sommes cependant obligé, en raison de la constitution même du langage humain, de conserver ce terme même en pareil cas, à défaut d’un autre plus adéquat, mais en ne lui attribuant plus alors qu’une valeur purement analogique et symbolique, sans quoi il nous serait tout à fait impossible de parler d’une façon quelconque de ce dont il s’agit ; et c’est là un exemple très net de ces insuffisances d’expression auxquelles nous faisions allusion tout à l’heure. C’est ainsi que nous pourrons, comme nous l’avons déjà fait ailleurs, continuer à parler de l’être total comme étant en même temps manifesté dans certains de ses états et non manifesté dans d’autres états, sans que cela implique aucunement que, pour ces derniers, nous devions nous arrêter à la considération de ce qui correspond au degré qui est proprement celui de l’Être (1)."
----
1 - Voir Le Symbolisme de la Croix, pp. 22-23.
Les États multiples de l'être, avant-propos

Cordialement.
-------------------------------------------------------------------
Certes l'erreur est un mal, un mal qui s'est répandu depuis quelques siècles dans toutes les parties du monde au point de donner l'impression qu'il n'y a plus rien hors de lui. C'est bien là le signe extrême que quelque chose a été caché.

dimanche 13 octobre 2013


SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON (Suite et fin)






               Le texte qui suit est la réponse aux deux commentaires déposés à propos du message intitulé SUR LA PUBLICATION DES INÉDITS DE RENÉ GUÉNON, mis en ligne ci-dessous, le vendredi 20 septembre 2013. (Les commentaires sont reproduits ici en italique).
- Contrairement à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits est assez récente." C'est malheureusement bien ce que je dis, il y a encore des inédits, 60 ans après, délivrés au compte goutte (peut-être pour maintenir le suspense? je ne comprends pas. 
Les inédits de RG sont, comme ses textes publiés, soumis aux droits d’auteur. Ils ne peuvent donc être édités qu’avec l’accord des ayants droit. Pourtant, d’une façon générale, on constate que certains ne se gênent pas pour contourner la loi, en publiant dans des pays dans lesquels ces droits tombent après 50 ans (voir : Recueil, au Canada), ou en mettant en ligne sur Internet, par exemple, des correspondances de RG à tel ou tel (elles sont inédites, en livres, à ce jour).

Il est proprement scandaleux que ceux qui n’ont pas reçu le moindre mandat éditorial, ou qui n’en bénéficient plus, spolient ainsi les enfants de René Guénon, par des éditions illégales, en français et en langues étrangères, et par la mise en ligne sur Internet de nombre de livres, de textes et de correspondances.
Tous ces documents sont d’ailleurs plus ou moins fautifs, partiels. Pour les lettres, on ne sait pas ce que le correspondant de Guénon a bien pu lui écrire, ce qui peut engendrer bien des difficultés ou mésinterprétations. Par exemple, le 12 août 1917, Guénon écrit à Noële Maurice-Denis : « Voilà déjà huit jours que j’ai reçu mon manuscrit et votre lettre ». De quel manuscrit s’agit-il ? De celui sur « L’idée de l’Infini » ? De son « Examen des idées de Leibnitz sur la signification du Calcul infinitésimal » ? D’une autre étude ? Certains indices contenus dans cette lettre nous orientent sur une piste ; mais nous aurions bien entendu toute certitude en connaissant la lettre de Noële Maurice-Denis.
- Et je ne parle pas de la qualité catastrophique des recueils déjà publiés, que ce soit par la présentation ou par la simple retranscription des textes.
Nous sommes tout à fait d’accord. Les recueils posthumes préparés par Reyor/Clavelle, Maridort et Grossato, ont été faits sans avoir en vue un ordre d’ensemble cohérent. Ils manquent de sérieux, d’abord dans leur composition, certains articles n’ayant manifestement pas leur place dans tel ou tel recueil (par ex : les 4 premiers chapitres d’Initiation et Réalisation spirituelle).
De plus, on constate, pour le regretter : des fautes d’orthographe, de ponctuation ; des mots, phrases et notes oubliés ; des termes ajoutés ou substitués à ceux écrits initialement par Guénon ; des phrases répétées ; des erreurs concernant les références des articles publiés, ainsi qu’une absence totale de provenance des articles dans tel ouvrage, etc.
Et les responsables de ces publications anarchiques et catastrophiques se sont glorifiés, en associant leurs noms à celui de René Guénon, en signant des « Avant-propos » insignifiants, et bien contestables.
Par exemple, Clavelle (Reyor), avec les Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien. Son édition a été faite par surprise, “en pirate”, soutenue par Chacornac et Maridort en 1954. J’ai appris que Michel Vâlsan, mandataire littéraire nommé par René Guénon, avait dû accepter cette édition à titre transitoire, puisqu’elle était déjà composée en imprimerie ; mais il ne l’avait autorisée que pour une seule édition. Celle-ci avait de plus perturbé les possibilités d’une organisation judicieuse immédiate du matériel restant, car elle avait empiété sur le domaine du symbolisme, en incluant trois des articles destinés normalement au volume sur les symboles.
Quelques années après, Maridort et Chacornac reconnurent leurs torts respectifs dans cette affaire. Cela n’a rien changé au fait que les Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien ont été régulièrement réédités, plus tard avec une nouvelle pagination, et quelques corrections…
La question qui se pose est donc de savoir comment publier à nouveau ces articles.
- Par ordre chronologique ? Leur édition sous forme de succession « chronologique » pourrait-elle permettre d’en comprendre leur véritable « logique » ?
- N’importe comment, comme pour Mélanges et Recueil ?
- Par thèmes ? Peu avant son décès, Guénon avait privilégié cette dernière méthode, parlant d’« un ou deux recueils d’articles sur le symbolisme, et peut-être aussi une suite aux Aperçus sur l’Initiation ». Sur ce dernier point, Initiation et Réalisation spirituelle aurait pu être la suite espérée : encore une publication bâclée, fautive, etc…
- Quel intérêt que de passer 10 000 heures à compter les virgules du cours de philosophie? Il y en a certainement un, mais ce n'est pas ça la priorité.
Qui fait ce type de travail complètement stupide ? Très rares sont ceux qui ont lu ce Cours, et je n’en connais aucun qui se soit adonné à ce genre d’imbécillité. Mais peut-être disposez-vous d’informations que je ne possède pas... Ayez l’amabilité de m’apporter des renseignements là-dessus ; je vous en remercie à l’avance.
Ce qui est sûr, c’est que ceux qui ont lu ce Cours l’ont trouvé tout à fait conforme aux idées traditionnelles que RG expose dans ses livres et articles publiés. Il apporte, comme tout texte inédit de RG, des éclairages complémentaires, ou totalement nouveaux, sur bien des points.
C’est toujours la même doctrine, toujours le même enseignement. Mais, pour le savoir, il faut avoir lu ce Cours, et ne pas s’en faire quelque idée définitive à partir des rares extraits qui ont été publiés, ni préconçue, du fait qu’il provient, précisément, d’un cours de philosophie, alors qu’il ne s’agit ici que de la philosophie considérée et interprétée du seul point de vue traditionnel.
J’apporte quelques précisions complémentaires à ce que j’ai écrit précédemment au sujet de ce Cours de Philosophie.
Après l’édition du pitoyable Psychologie, Patrice Brecq a montré à qui il fallait attribuer la paternité de ce Cours, d’où était tirée la partie publiée par A. Grossato. Celui-ci n’en connaissait évidemment pas la provenance, pas plus qu’il ne connaît le Schiller et le Weber cités par Guénon, et que ce brillant universitaire confond avec deux autres homonymes !
AG ayant interprété de façon complètement fautive la question de “l’imagination créatrice” dans ce Cours, PB a jugé utile d’éditer le chapitre correspondant, qui doit être compris “psychologiquement” ou philosophiquement, et non, comme l’a fait AG, à partir de ce qui se rapporte à “l’art de la mémoire”, et à “l’imagination créatrice” selon Corbin.
Les deux premiers chapitres de “Psychologie” ont été édités pour que les lecteurs constatent qu’AG avait fait un travail qui ne pouvait que desservir RG. Leur publication a permis de répondre encore à ceux qui estimaient que Psychologie ne pouvait être de RG, à cause de la présence de l’expression : “psychologie métaphysique”.
PB a aussi donné ces précisions : le Cours se présente « le plus souvent comme un exposé des principales thèses soutenues par divers philosophes sur telle ou telle question, suivi d’un examen critique qui permet de pouvoir ensuite dégager plus facilement une conclusion. C’est dans la partie “critique” et dans la conclusion que la perspective traditionnelle est affirmée de la façon la plus explicite » (Science sacrée, n° sur RG).
Ce qui a été illustré par la publication du chapitre sur « Les degrés de la connaissance » : « Guénon y rappelle la distinction, établie par Spinoza, des quatre degrés de la connaissance ; puis il relève dans cette distinction plusieurs défauts ; il termine sa leçon en enseignant qu’il est préférable de distinguer trois degrés dans la connaissance, résumés dans un tableau qui n’est pas sans rappeler le premier tableau du chapitre II de L’Homme et son devenir selon le Vêdânta ; puis il ajoute enfin plusieurs remarques concernant la métaphysique » (Ibid.).
D’autre part, si on connaît, d’après Guénon, qu’il n’y a pas d’inconscient psychologique, « Conscience, subconscience, inconscience » (VLT n° 123) est le seul texte qui contient une argumentation détaillée sur cette question. De plus, les notes ajoutées éclairent plusieurs notions, comme celles de “conscience morale” et de “mémoire”. Les deux références données (Kant et Leibnitz), relatives à des citations faites par Guénon, si elles peuvent intéresser certains lecteurs, sont surtout des preuves documentaires en la faveur de Guénon lui-même.
Dans le n° 127 de VLT : « Définition et division de la logique », chapitre introductif à la “Logique”, et « Les principes logiques », chapitre II de la “Logique générale”, et dans le seul n° 128 de LRT : « La méthode mathématique ». Le n° 129 devait inclure la suite et la fin de ce chapitre. Cet ensemble, qui contient des données qu’on ne trouve pas ailleurs de façon aussi détaillée, concerne deux sciences qui « sont, dans tout le domaine scientifique, ce qui offre le plus de rapports réels avec la métaphysique ».
On est donc bien loin d’un cours de philosophie dispensé en lycée ou à l’université ! Dans ce Cours, les conceptions philosophiques sont en effet exposées, puis réfutées uniquement à partir du point de vue traditionnel, et d’idées conformes à la théorie des états multiples de l’être.
L’édition de ce Cours serait autrement plus intéressante « que de passer 10 000 heures à compter ses virgules » !
- Concernant les distinctions que vous faites, livres publiés du vivant de, correspondances, etc, je le vois d'une autre façon : les travaux recueillis dans les ouvrages posthumes ont pour la plupart été publiés en revue du vivant de Guénon, et certains inédits étaient destinés à l'être. Quel est donc leur point commun : c'est l’œuvre publique.
Je vois que nos points de vue concernant les recueils posthumes, qui contiennent des articles publiés par Guénon de son vivant, ne sont pas si différents, puisqu’ils concernent effectivement « l’œuvre publique ». Toutefois, il ne faut pas oublier que ces recueils n’ont pas été constitués par Guénon lui-même. Et j’ai fait précédemment plusieurs critiques à ces ouvrages posthumes. Si bien que seuls les livres de Guénon, publiés par lui de son vivant, bénéficient d’un véritable statut « à part ».
Si on veut ajouter à ces livres les articles publiés par Guénon, et ceux qu’il a voulu éditer, sans y parvenir (par exemple : « Les dualités cosmiques »), on a effectivement un ensemble : celui de son œuvre publique.
Que faire alors des articles publiés dans diverses revues, et de tous les documents inédits ? Quel est le statut de ces derniers ? Peut-on, doit-on, les publier ? Ces questions rejoignent vos dernières remarques, que je reprends :
- Vient ensuite une autre catégorie à part, qui sont les cours de Guénon, pas vraiment privés, mais pas destinés non plus au public, et pas de la même teneur. Et enfin les correspondances, privées elles, dont beaucoup sont intéressantes certes, mais c'est bien l’œuvre publique la priorité n°1. C'est ça, la volonté de Guénon. Il n'a jamais demandé à ce qu'on publie ses correspondances ou ses cours de philo, par contre il a bataillé toute sa vie pour voir son œuvre publiée, bien présentée et disponible.
Pour le Cours de Philosophie, Patrice Brecq écrivait en 2003, qu’il n’avait « pas lu, à ce jour, d’indications de Guénon concernant une éventuelle possibilité d’édition de son cours de philosophie, pas plus, d’ailleurs, que de mentions en interdisant sa publication. De là, si ce Cours ne devait pas rester inédit, il faudrait, pour constituer en livre ces leçons de philosophie, partir des originaux, donc de la source la plus sûre et la mieux établie, puisque l’auteur ne l’a pas fait lui-même ».
Depuis dix ans, et malgré de patientes recherches, il n’a toujours pas lu quoi que ce soit de Guénon à ce sujet, pas plus qu’il n’a trouvé, de la part de Guénon, d’interdiction de publication de ses autres écrits, ni de sa correspondance.
La seule réserve trouvée est indirecte : selon l’un se ses correspondants (dans une lettre de ce dernier à un tiers, Guénon aurait interdit la publication d’un seul texte (c’est plus exactement un ensemble de textes) mais ce correspondant ne s’exprime pas très clairement sur ce point, et, surtout, dans sa propre correspondance avec Guénon, on ne trouve pas de formulation de ladite interdiction.
Pour la publication des correspondances (1), bien des bruits circulent, mais on n’a jamais rapporté à ce jour le moindre témoignage écrit de Guénon sur ce sujet : ni pour, ni contre. Comme tout auteur, Guénon savait bien que la question de « ses inédits » se poserait après sa disparition. S’il n’a rien précisé, c’est qu’en authentique walî (saint ou rapproché, ami de Dieu) − on ne sait guère, en Occident, qu’« Al-walî » est précisément le titre par lequel il est connu en Égypte, et dans bien des pays musulmans −, il s’en est remis à ce sujet à la Volonté et à la Sagesse divines.
Il y a encore un autre type de documents inédits : il s’agit des notes qu’il a rédigées tout au long de sa vie. Elles sont contenues dans deux ensembles : le Document I concerne le domaine traditionnel, et comprend 1120 pages ; le Document II traite principalement de théologie et de philosophie, sur 296 pages (notes prises entre 1914 ou 1915 et 1924). Ils sont constitués, d’une part de la copie de passages extraits de livres et d’articles, lus par Guénon, et parfois annotés par lui ; d’autre part, de considérations, observations ou réflexions consignées par Guénon, pouvant s’étendre sur plusieurs pages. En fonction des sujets qu’il traitait, il les intégrait telles quelles dans ses propres écrits, signalant sur les manuscrits qu’elles étaient désormais reprises. Mais nombre de ces notes restent inédites. Là encore, faut-il les publier ? Comment ? Etc.
     
Les lecteurs familiers des lettres de Guénon, et ceux qui connaissent ses autres écrits inédits, notamment son Cours de Philosophie, savent qu’ils sont tout à fait conformes aux idées traditionnelles que René Guénon expose dans ses livres et articles publiés.
De là, pour ces lecteurs, il ne fait aucun doute que tous les écrits de Guénon relèvent, chacun dans son ordre, d’un enseignement unique. Pour eux, toutes les subdivisions que certains établissent, avec plus ou moins d’ingéniosité, disparaissent finalement devant ce principe d’unité.



NOTE


(1) Plusieurs d’entre elles ont été éditées :
- celle avec Alain Daniélou a l’avantage de reproduire les lettres autographes de Guénon ; mais elle est desservie par la reproduction des brouillons des lettres de Daniélou, et par l’introduction de Grossato (voir à ce sujet le n° 125 de VLT).
- Celle avec Cattiaux est desservie, là encore, par une introduction calamiteuse.
- Celle avec Evola est partielle, et ne donne pas copie des lettres autographes de Guénon ; l’introduction est très « évolienne ».   


2 commentaires:

tagada a dit…
Par inédits j'entendais surtout les textes déjà parus en revue mais indisponibles aujourd'hui, inédits au sens de "pas édités en recueils", ou effectivement ceux qui étaient destinés à l'être.

Spolier les enfants de quoi? Vous ne connaissez même pas le sens des mots que vous employez.

Pour moi le sujet de fond est la mise à disposition de l’œuvre de Guénon, le plus correctement possible, selon son souhait. Si ce n'est pas le sujet qui vous intéresse ce n'est pas la peine de me répondre, ça suffit ces gamineries, depuis combien d'années durent ces luttes intestines, ces querelles d'egos? Combien d'énergie gâchée à rouler des mécaniques et à tenter de mordre les mollets? Mentalité de caniche.

Je n'ai jamais dit que les versions que je proposais étaient parfaites, si des erreurs vous choquent rien ne coûte de les signaler, pas pour moi mais pour les lecteurs (mais je ne compte pas sur vous pour ça, je commence à connaître votre mentalité). D'autres travaux de correction sont prévus pour viser à éliminer la totalité des fautes, mais ce n'est pas encore fait, ne serait-ce qu'à cause de la documentation qui n'a pas encore été totalement réunie à ce jour. Mais c'est en bonne voie. Ce travail est loin de se limiter au fait de donner des recopies de l'édition papier actuelle, mais vise à donner publiquement accès à l’œuvre publique (ce qui ne semble pas illogique...), le plus complètement et le plus correctement possible. Il ne s'oppose pas aux éditions papier passées, présentes ou futures, que chacun ira acheter s'il veut réellement lire des livres entiers, ce qui est beaucoup plus commode que sur ordinateur, mais se propose au contraire comme une aide parmi d'autres pour corriger les erreurs des éditions papiers et mettre l'accent sur des erreurs de présentation à ne pas reproduire, et pas pour condamner des personnes comme vous le faites, mais uniquement dans un but constructif.

Je ne sais pas si cela vaut bien le coup de blablater sur les morts, surtout si c'est pour en condamner certains et faire le silence sur les manquements d'autres. L'honnêteté m'oblige à préciser que le recueil posthume de Valsan est loin d'être exemplaire, comportant lui aussi une préface, et comme annexe les propres travaux de Valsan, ce qui était de très mauvais goût, tout comme le fait de saupoudrer abondamment ses propres notes dans ce même recueil en y appelant Guénon "notre Maître", malgré les insistantes mises au point de ce dernier à ce sujet (qui n'ont donc pas été faites pour rien). Quant à la qualité de la retranscription, elle est fautive également, présentant des omissions, des remplacements de mots altérant le sens, et même des reformulations complètes de débuts d'article dans un français approximatif (c'est déjà ce que j'ai pu constater, sachant que je n'ai vérifié pour l'instant qu'une petite partie des articles de ce recueil).
tagada a dit…
D'autre part, Michel Valsan n'était pas en reste, lui, en terme de spoliation des enfants de Guénon, et dans cette phrase j'utilise correctement le terme de spoliation, contrairement à vous : après le décès de Guénon, il s'est saisi de nombreux documents (dont seuls les complices du moment ou actuels ont la liste exacte, mais comprenant au moins les manuscrits originaux des livres, ce qui serait bien utile pour corriger les actuelles éditions fautives, notamment Vega et Editions Traditionnelles), sous prétexte de les protéger, et n'a jamais voulu les restituer ensuite à la famille Guénon malgré sa demande. C'est ça, la spoliation.

Le terme de "guénonien" me paraissait déjà équivoque lorsqu'il était fait état dans le précédent article d'une sorte d'élu du consensus à la note 3, mais maintenant j'ai l'impression que c'est plutôt le qualificatif de "valsanien" qui est approprié ici, terme qui lui a bien sa raison d'être en tant qu'il désigne une coloration très particulière, coloration qui ne concerne aucunement l’œuvre de Guénon, qui en est totalement propre, libre et indépendante.

Tant mieux pour vous si vous détenez des tas d'inédits, dont vous m'apprenez même l'existence pour la plupart. J'ai cependant l'impression que cette rétention a pour seul effet de flatter l'ego de ses détenteurs, ce qui n'est pas pour favoriser l'intelligence, et j'espère, vraiment, que vous n'êtes pas de ceux qui participez à la spoliation (dans le sens exact) des héritiers de Guénon. A ce sujet, vous vous engagez peut-être sur un terrain glissant.

Concernant vos déblatérations visant à gommer toute distinction des différentes sortes de textes de Guénon, elles n'arrivent pas à résorber les faits : il y a une œuvre publique, pour la publication de laquelle Guénon s'est battu avec acharnement, et il y a tout un tas de textes, qui ont leur intérêt, mais pour la publication desquels Guénon n'a donné aucune consigne. La priorité est donc bien à l’œuvre publique. Le cours de philosophie sur lequel vous avez travaillé a son intérêt (je ne parle que du texte en lui-même), mais il n'a pas la même destination, il était destiné à des élèves. Les lettres ont leur intérêt, mais elles ont encore une visée différente. A chaque fois c'est Guénon, mais l'intention n'est pas la même, que vous le vouliez ou non. Vous avez manifestement une relation à l’œuvre de Guénon d'ordre magique, à quand l'émerveillement devant les listes de courses de Guénon?

mardi 13 août 2013

Bilan des vérification faites à partir des originaux des Etudes Traditionnelles/Voile d'Isis

Voici une liste (pas forcément exhaustive) des numéros des Études Traditionnelles/Voile d'Isis dans lesquels se trouvent normalement des textes de Guénon. Ceux qui ont pu être consultés, exploités et comparés avec le contenu des recueils papiers ont été surlignés en vert. Le reste est encore à faire.

Un premier constat est qu'aucun recueil papier n'est épargné, ils sont tous plus ou moins fautifs, comme on peut le voir avec ces quelques exemples d'erreurs.


La liste sera tenue à jour au fur et à mesure. Regrouper tous ces numéros sera sûrement long et difficile, le concours d'aimables lecteurs en possession de certains d'entre eux dans cette liste serait le bienvenu. Pour cela, il suffit de scanner les pages concernées (pour les traiter à l'OCR, il faut qu'ils soient nets, en niveaux de gris de préférence, et 200 dpi ou plus, JPEG ou PNG plutôt que PDF), et de les envoyer ici, ils seront ensuite comparés avec le contenu des recueils papiers. La liste ci dessous sera mise à jour au fur et à mesure qu'elle pourra être complétée, de même bien sûr que les recueils posthumes.


Voile d'Isis :
  • 1925 : avril (64), octobre (70)
  • 1926 : avril (76), mai (77)
  • 1927 : mai (89)
  • 1928 : mai (101), octobre (106)
  • 1929 : février (110), mai (113), juin (114), juillet (115), août-septembre (116-117), octobre (118), novembre (119), décembre (120)
  • 1930 : janvier (121), février (122), mars (123), juin (126), juillet (127), octobre (130), novembre (131), décembre (132)
  • 1931 :  janvier (133), février (134), mars (135), avril (136), juin (138), juillet (139), août-septembre (140-141), octobre (142), novembre (143), décembre (144)
  • 1932 : janvier (145), février (146), mars (147), avril (148), mai (149), juin (150), juillet (151), août-septembre (152-153), octobre (154), novembre (155), décembre (156)
  • 1933 : janvier (157), février (158), mars (159), avril (160), mai (161), juin (162), juillet-août (163-164), septembre-octobre (165-166), novembre (167), décembre (168)
  • 1934 : janvier (169), février (170), mars (171), avril (172), mai (173), juin (174), juillet (175), août-septembre (176-177), octobre (178), novembre (179), décembre (180)
  • 1935 : janvier (181), février (182), mars (183), avril (184), mai (185), juin (186), juillet (187), août-septembre (188-189), octobre (190), novembre (191), décembre (192)

Études Traditionnelles :
  • 1936 : janvier (193), février (194), mars (195), avril (196), mai (197), juin (198), juillet (199), août-septembre (200-201), octobre (202), novembre (203), décembre (204)
  • 1937 : janvier (205), février (206), mars (207), avril (208), mai (209), juin (210), juillet (211), août-septembre (212-213), octobre (214), novembre (215), décembre (216)
  • 1938 : janvier (217), février (218), mars (219), avril (220), mai (221), juin (222), juillet (223), août-septembre (224-225), octobre (226), novembre (227), décembre (228)
  • 1939 : janvier (229), février (230), mars (231), avril (232), mai (233), juin (234), juillet (235), août-septembre-octobre (236-237-238), novembre-décembre (239-240)
  • 1940 : janvier (241), février (242), mars (243), avril (244), mai (245), juin (246)
  • 1945-1946 : octobre-novembre 1945 (247), décembre 1945 (248), janvier-février 1946 (249), mars-avril (250), mai (251), juin-juillet (252), août (253), septembre (254), octobre-novembre (255), décembre (256)
  • 1947 : janvier-février (257), mars (258), avril-mai (259), juin (260), juillet-août (261), septembre (262), octobre-novembre (263), décembre (264)
  • 1948 : janvier-février (265), mars (266), avril-mai (267), juin (268), juillet-août (269), septembre (270), octobre-novembre (271), décembre (272)
  • 1949 : janvier-février (273), mars (274), avril-mai (275), juin (276), juillet-août (277), septembre (278), octobre-novembre (279), décembre (280)
  • 1950 : janvier-février (281), mars (282), avril-mai (283), juin (284), juillet-août (285), septembre (286), octobre-novembre (287), décembre (288)


samedi 20 juillet 2013

Les positions pseudo-guénoniennes de LLP 6 - Pour en finir avec le soi-disant antimaçonnisme de René Guénon

Suite de :



Commençons par le plus dur, cette citation qui fait saigner les yeux :

LLP :
Maintenant je rappelle aux gens qui nous écoutent, moi j’ai lu tout René Guénon donc je sais de quoi je parle. Y a beaucoup de gens parmi nous qui n’ont pas lu René Guénon, ou du moins peut-être un ou deux livres, et qui disent des bêtises.
(cf. [2])




Introduction

Certains nous reprocheront peut-être encore de donner de l'intérêt à des personnages qui ne le méritent vraiment pas, et qui pourraient se sentir grandis de recevoir une telle attention. C'est peut-être vrai, mais nous sommes assez indifférent à cette question, ce qui compte pour nous c'est ce qui est dit et propagé, et non qui le dit.

Ce n'est donc pas la personne de l'animateur du "dissidence show business", auquel nous avons emprunté les citations qui vont suivre, que nous entendons critiquer spécialement. Nous ne comptons pas non plus sur lui pour se corriger, nous notons juste sa seule réaction à notre dernière mise au point, qui a été, suite à notre évocation de Sabbataï Tsevi, le développement de ce délire qui lui fait désormais appeler sabbatéiste/frankiste absolument tout ce qui lui évoque la contre-tradition. Changement dans la forme, mais le même problème de fond réside : une absence totale d'acuité concernant tout ce qui sort, par en haut ou par en bas, de ce monde moderne dont il est bien un produit typique. Le satanisme, réduit à des pratiques sexuelles déviantes et à des histoires d'argent, et inversement l'ésotérisme, comme la Kabbale, taxé systématiquement de satanique, sauf le Taçawwuf qui semble ne trouver grâce à ses yeux que par simple solidarité ethno-religieuse, ce qui n'est pas une bonne raison. Cette conception embrouillée du satanisme n'est pas anodine : en essayant inconsidérément de combattre le mal, il n'est que trop facile d'en devenir son instrument inconscient, cerné de chimères dualistes. On entrevoit ce dualisme inquiétant ici :
LLP:
Guénon, dans son travail, s’appuie sur la pensée traditionnelle qui place l’esprit au-dessus de la matière
(cf. [1])

Attribuer cette attitude à Guénon pourrait faire sourire, pour qui connait son insistance à dénoncer les travers du dualisme cartésien.
René Guénon :
Il est intéressant de constater que, dans ce livre, nous retrouvons, appliquées au point de vue spécifiquement catholique, des idées qui s’apparentent assez étroitement à celles que nous venons de voir exprimées par M. A. K. Coomaraswamy : ce dont il s’agit essentiellement ici, en effet, c’est une restauration de la valeur symbolique des choses corporelles, que le Catholicisme médiéval connaissait bien, mais qu’ont oubliée les modernes, habitués à séparer radicalement la matière et l’esprit, suivant la conception nettement antitraditionnelle qui a trouvé son expression philosophique dans le dualisme cartésien.
Études traditionnelles, mars 1938, compte rendu du livre du R. P. Victor Poucel – Mystique de la Terre : I. Plaidoyer pour le Corps

Mais il ne faut pas prendre ces confusions à la légère. Nous allons en rester aux faits, et laisserons à chacun le soin de faire sa propre conclusion sur les intentions réelles de cet animateur. Qu'il soit gentil, méchant, obsédé, fou délirant de bonne foi, manipulateur narcissique, comique malgré lui, comique voulu raté, ou un peu de tout cela, peu importe. La considération de ses affirmations sera une bonne occasion d'aborder des sujets intéressants et de tenter de rétablir la vérité, autant qu'il est possible, dans cette cacophonie ambiante où certains semblent se persuader eux-mêmes de leur bon droit par cet acharnement propagandiste, par lequel ils voudraient faire accepter aux autres, comme gage de participation à la vérité, tout et n'importe quoi.

N'ayant pour notre part aucune intention propagandiste, il sera fait usage du moins de redites possible, mais nous tenterons d'indiquer à chaque fois l'endroit où des points particuliers auront déjà été évoqués.



Sommaire

1) Affirmations non sourcées
2) René Guénon antimaçon ?
3) Organisations dont a fait partie René Guénon
4) Maçonnerie égyptienne
5) Le Temple de Salomon
6) Haine du secret, chasse au maçon : bredouille ?
Annexe) Sources hors livres

  


1) Affirmations non sourcées

C'est un vrai problème. Quelle est la valeur d'une citation non sourcée ? Même en supposant que celui qui l'énonce est de bonne foi, ça n'est pas sérieux, et tout ce que l'on s'attire de cette manière, c'est le discrédit.

Appel aux sources ! Nous sommes preneurs de ces passages détonants !!!

LLP :
il sera question dans son œuvre aussi bien du complot maçonnique satanique qu’il appelle antitraditionnel

Il faut bien saisir que la maçonnerie est l’église de la contre-initiation comme l’explique très bien R. Guénon, pratiquant son culte dans des temples à l’identique de celui de Salomon, sachant que la venue de l’antéchrist se fera, selon toutes les eschatologies connues, après la construction du 3ème temple ; il semble donc que cette secte essaie de hâter la fin de ce cycle de l’Humanité.
(cf. [1])

LLP :
René Guénon a condamné la Franc-Maçonnerie sous tous ses aspects ! Alors il disait que, c’est vrai que, il aurait aimé qu’il y ait un redressement, il appelait ça un redressement, mais, non y en aura pas, il le disait que c’est, il le disait, j’ai une citation en tête, que ça l’étonnerait, etc. On peut pas redresser, c’est le Kali Yuga, c’est fini, voilà. C’est un traditionaliste, bien sûr puisque toute la religion, toute religion est traditionaliste, puisque la religion commence chez Adam et Eve, c’est ce que dit René Guénon, et la religion elle intéresse tous les peuples du monde, c’est ce que dit René Guénon.
(cf. [2])

Que Guénon affirme tout cela, ce serait vraiment étonnant.

Lui attribuer une telle passivité, un tel fatalisme, alors qu'il disait d'autre part :
René Guénon :
nous nous adressons à ceux qui peuvent et veulent comprendre à leur tour, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, mais non à ceux que l’obstacle le plus insignifiant ou le plus illusoire suffit à arrêter, qui ont la phobie de certaines choses ou de certains mots, ou qui se croiraient perdus s’il leur arrivait de franchir certaines limitations conventionnelles et arbitraires. Nous ne voyons pas, en effet, quel parti l’élite intellectuelle pourrait tirer de la collaboration de ces esprits craintifs et inquiets
Orient et Occident, conclusion

Certains auront peut-être été apeurés et découragés par ce constat, qui pourtant ne ferme aucune porte ?
René Guénon :
En attendant, nous sommes bien obligé de déclarer que jusqu’ici nous n’avons pas aperçu le moindre indice qui nous autoriserait à supposer que l’Occident livré à lui-même soit réellement capable d’accomplir cette tâche, avec quelque force que s’impose à lui l’idée de sa nécessité.
Orient et Occident, addendum

Ce que propose Guénon, c'est un travail de fond, avant tout un effort de compréhension personnelle, qui ne produit pas forcément ses résultats dans l'immédiat, ce qui est forcément inintéressant pour qui est obnubilé par la récolte des fruits de son action :
René Guénon :
Ce que nous voulons, c’est seulement inciter à la réflexion ceux qui en sont encore capables ; chacun d’eux comprendra ce qu’il pourra, et, si peu que ce soit, ce sera toujours quelque chose ; du reste, nous supposons bien qu’il s’en trouvera quelques-uns qui iront plus loin. Ce que nous avons fait nous-même, il n’y a pas de raison, en somme, pour que d’autres ne le fassent pas aussi ; dans l’état actuel de la mentalité occidentale, ce ne seront sans doute que des exceptions, mais il suffit qu’il se rencontre de telles exceptions, même peu nombreuses, pour que nos prévisions soient justifiées et que les possibilités que nous indiquons soient susceptibles de se réaliser tôt ou tard. D’ailleurs, tout ce que nous ferons et dirons aura pour effet de donner, à ceux qui viendront ensuite, des facilités que nous n’avons pas trouvées pour notre propre compte ; en cela comme en toute autre chose, le plus pénible est de commencer le travail, et l’effort à accomplir doit être d’autant plus grand que les conditions sont plus défavorables
Orient et Occident, conclusion

Mais considérer ce redressement comme impossible est bien symptomatique de l'illusion moderne :
René Guénon :
Maintenant, ce qu’il importe de noter tout particulièrement et dès le début, tant pour éviter toute équivoque que pour se rendre compte de ce qui peut donner lieu à certaines illusions, c’est que, en vertu de la loi de l’analogie, le point le plus bas est comme un reflet obscur ou une image inversée du point le plus haut, d’où résulte cette conséquence, paradoxale en apparence seulement, que l’absence la plus complète de tout principe implique une sorte de « contrefaçon » du principe même, ce que certains ont exprimé, sous une forme « théologique », en disant que « Satan est le singe de Dieu ». Cette remarque peut aider grandement à comprendre quelques-unes des plus sombres énigmes du monde moderne, énigmes que lui-même nie d’ailleurs parce qu’il ne sait pas les apercevoir, bien qu’il les porte en lui, et parce que cette négation est une condition indispensable du maintien de la mentalité spéciale par laquelle il existe : si nos contemporains, dans leur ensemble, pouvaient voir ce qui les dirige et vers quoi ils tendent réellement, le monde moderne cesserait aussitôt d’exister comme tel, car le « redressement » auquel nous avons souvent fait allusion ne pourrait manquer de s’opérer par là même ; mais, comme ce « redressement » suppose d’autre part l’arrivée au point d’arrêt où la « descente » est entièrement accomplie et où « la roue cesse de tourner », du moins pour l’instant qui marque le passage d’un cycle à un autre, il faut en conclure que, jusqu’à ce que ce point d’arrêt soit atteint effectivement, ces choses ne pourront pas être comprises par la généralité, mais seulement par le petit nombre de ceux qui seront destinés à préparer, dans une mesure ou dans une autre, les germes du cycle futur. Il est à peine besoin de dire que, dans tout ce que nous exposons, c’est à ces derniers que nous avons toujours entendu nous adresser exclusivement, sans nous préoccuper de l’inévitable incompréhension des autres ; il est vrai que ces autres sont et doivent être, pour un certain temps encore, l’immense majorité, mais, précisément, ce n’est que dans le « règne de la quantité » que l’opinion de la majorité peut prétendre à être prise en considération.
Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, avant-propos

Sur la Maçonnerie en général, d'abord, cf. tout ce qui a été dit sur cette page (nous compléterons plus loin) :

Nous reviendrons plus bas (partie 5) sur le Temple de Salomon.

La religion ne commence pas à partir d'Adam mais de Moïse, et elle est spécifiquement occidentale.
René Guénon :
La civilisation islamique est en effet, parmi les civilisations orientales, celle qui est la plus proche de l’Occident, et l’on pourrait même dire que, par ses caractères comme par sa situation géographique, elle est, à divers égards, intermédiaire entre l’Orient et l’Occident ; aussi sa tradition nous apparaît-elle comme pouvant être envisagée sous deux modes profondément distincts, dont l’un est purement oriental, mais dont l’autre, qui est le mode proprement religieux, lui est commun avec la civilisation occidentale. Du reste, Judaïsme, Christianisme et Islamisme se présentent comme les trois éléments d’un même ensemble, en dehors duquel, disons-le dès maintenant, il est le plus souvent difficile d’appliquer proprement le terme même de « religion », pour peu qu’on tienne à lui conserver un sens précis et nettement défini ; mais, dans l’Islamisme, ce côté strictement religieux n’est en réalité que l’aspect le plus extérieur
Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, partie II, chap. II

Traditionalisme et "adamisme" ont déjà été abordés en partie 1 de cette page :
Une autre distinction en lien avec le traditionalisme est nécessaire :
LLP :
Dans son livre La Crise du Monde moderne, qui est essentiel à toute personne désireuse de comprendre le désordre ambiant, il met en lumière le paradigme moderne et ses travers. Tout y est dit. Il faut le lire. L’ouvrage de J. Evola qui porte le même titre est aussi à découvrir.
(cf. [1])
LLP :
Bon ben c’est très simple : on peut dire René Guénon autant que Julius Evola hein, puisque Evola aussi a écrit un livre qui s’appelle la Crise du Monde moderne, mais c’est vrai que je suis plutôt guénonien.
(cf. [2])

Faux, l'ouvrage d'Evola s'appelle Révolte contre le Monde moderne, et il a peu de rapport en contenu avec la Crise du Monde moderne. Pour l'assimilation abusive entre Guénon et Evola, cf. cette page, partie "Sur Evola" :




2) René Guénon antimaçon ?

C'est une rumeur assez persistante, que celle qui consiste à faire passer Guénon pour un ennemi de la Franc-Maçonnerie. Lorsque l'absurdité de cette thèse devient trop manifeste, on assiste surpris à des dandinements grotesques pour tenter de faire croire, vaille que vaille, que malgré l'évidence, non Guénon n'était pas favorable à la Maçonnerie, et puis c'est tout. Ainsi, dans le document [1], E&R Aquitaine mettait LLP devant la citation que nous avions signalée ici auparavant (partie 4, la loge P2) :

E&R Aquitaine :
4. De la franc-maçonnerie, Guénon disait que « l’infiltration des idées modernes, au détriment de l’esprit initiatique, en a fait, non point un des agents de la “conspiration”, mais au contraire une de ses premières victimes ». Quel est selon vous l’impact de la franc-maçonnerie sur le monde ? Partagez-vous cette assertion de René Guénon ?

LLP :
La F.’. M.’. est une société secrète mafieuse extrêmement dangereuse puisque impliquée dans tous les scandales les plus meurtriers de ces trois derniers siècles. Ceci est un fait indiscutable. Je parle de la franc-maçonnerie telle qu’elle est et non telle que la théorie voudrait qu’elle soit ! Je reprends dans le livre un nombre interminable d’affaires gravissimes menées de main de maître par cette secte.

Ce qui est troublant au plus haut point c’est l’absence systématique de conséquences judiciaires, malgré la gravité des faits ou le nombre vertigineux de milliards engloutis dans des comptes offshore. Que ce soit le régicide inutile de 1793 et ses copies européennes initiées par les illuminés de Bavière eux-mêmes infiltrés par les frankistes issus du sabbataïsme ; l’affaire des fiches du Grand-Orient datant de 1905 ; l’opération meurtrière Gladio pilotée par Licio Gelli et causant des dizaines de morts en Italie ; Clearstream en France ou l’affaire des frégates de Taïwan ; sans omettre les milliards d’euros de budgets régionaux qui sont détournés dans des fausses attributions de chantiers de BTP (voir l’affaire J.-P. Kucheida de la fédération PS du nord)… La liste est encore longue. Nous pouvons citer aussi l’implication de la maçonnerie dans l’affaire dite du Carlton et dans laquelle il est question de proxénétisme, d’orgies dépravées, de FMI et de présidence de la France, heureusement ratée par le satyre immonde, DSK.

Comme on le constate, il ne répond pas à la question mais ne fait état que de scandales variés, impliquant (ou non) des francs-maçons, ce qui serait censé incriminer l'organisation initiatique toute entière dont ils seraient membres. C'est bien la méprise que dénonce Guénon dans la citation posée.

Rappelons au passage que la Maçonnerie n'est pas responsable de l'affaire de la loge P2, des mots mêmes de David Yallop (partie 4), ni de la révolution française, des mots de Guénon (partie 5) :

Mais...
LLP :
René Guénon a écrit quand même dans la France Antimaçonnique !
(cf. [2])

Quand même ! Sauf que ces écrits portent surtout sur la Stricte Observance Templière, dont la survivance actuelle est plus que problématique. Et de manière générale, il suffit de lire ces articles pour constater qu'ils s'adressent bien à des antimaçons, mais qu'en eux-mêmes ils n'ont vraiment rien d'antimaçonnique.

LLP :
Euh donc la Franc-Maçonnerie théorique, opérative pas spéculative, c’est quelque chose de très bien, sauf que pas n’importe qui, faut être tailleur de pierre, faut être maçon.
(cf. [2])

Théorique ou opérative ? Opératif ou travail manuel ? Opératif excluant nécessairement spéculatif ? N'étant pas responsable de cette citation, nous renverrons simplement à la partie 3 de cette page qui traite de ces questions :

Guénon porterait donc uniquement un intérêt "théorique" à la Maçonnerie, pour ensuite la dénigrer dans la réalité ? Détruisons cette fable une bonne fois pour toutes, avec un document qui date de moins de 4 ans avant son décès, et qui ne pourra pas être qualifié d'écrit de jeunesse, ni de jugement "théorique" déçu et méprisant sur la Maçonnerie actuelle. Et même si c'était un écrit de jeunesse, ça n'enlèverait rien au caractère définitif de sa dernière phrase.
René Guénon :
Pour terminer sur une nouvelle plus agréable que tous ces racontars déplaisants, vous aurez peut-être déjà appris (cela date d’un mois environ) la constitution, sous les auspices de la G∴ L∴ D∴ F∴, de la L∴ La Grande Triade (vous pouvez naturellement voir tout de suite d’où vient ce titre), dont le Vén∴ fondateur est le F∴ Ivan Cerf, G∴ Or∴. Il s’agit d’une L∴ destinée à demeurer très fermée (une des conditions d’admission est une connaissance suffisante de mon œuvre) et où l’on se propose spécialement d’appliquer, dans toute la mesure du possible, les vues que j’ai exposées notamment dans les « Aperçus ». Il y a pour commencer une quinzaine de membres, parmi lesquels les FF∴ Dumesnil de Grammont et Antonio Coen ; étant donné le caractère tout à fait spécial de cet At∴, je vous demanderai de ne donner à la chose aucune publicité (j’entends même maç∴) sans accord préalable avec le F∴ Ivan Cerf. Vous pouvez penser si je suis heureux de ce résultat, qui me donne dès maintenant la certitude que le travail que j’ai fait et auquel j’ai consacré toute ma vie ne sera pas perdu !
Lettre de René Guénon à Edmond Gloton du 17/05/1947 (cf. [6])

En voici le scan, pour couper court à tout déni : 







3) Organisations dont a fait partie René Guénon

LLP:
René Guénon a fait partie de toutes les sectes [...], de tous les mouvements spirites etc du début de siècle dernier.
(cf. [2])

Faux, il n'a jamais fait partie d'un seul mouvement spirite. Voici son propre témoignage, très détaillé, dans la lettre que nous venons de citer :

René Guénon :
Comme il m’importe beaucoup que la chose soit mise au point, je vais, quoique ce soit un peu long, vous expliquer exactement ce qu’il en est : je n’ai jamais été « expulsé de la Maç∴ », pour la bonne raison que, en l’occurrence, il s’agissait tout simplement d’une organisation irrégulière dénommée « Rite National Espagnol », à laquelle j’avais appartenu en même temps qu’au Martinisme avec lequel elle était en connexion. À ce propos, je vous signalerai tout particulièrement le fait que la L∴ Humanidad a été mentionnée sans indiquer de quelle Ob∴ elle relevait, mais en ajoutant le nº d’ordre qui peut faire croire à ceux qui n’en savent rien qu’il s’agissait d’un At∴ de la G∴ L∴ D∴ F∴ ; c’est là un procédé tout à fait occultiste ! À l’époque dont il s’agit, le sieur Ch. Détré, plus connu sous le nom de Téder, avait réussi à prendre sur Papus une influence d’autant plus étonnante que, jusque là, ledit Papus s’était toujours arrangé au contraire pour écarter d’une façon ou d’une autre tous les gens qui pouvaient lui porter ombrage. Ce Téder, personnage fort suspect à tous les points de vue, n’avait de vraiment remarquable qu’une énorme érudition historique, dont il savait d’ailleurs fort bien se servir surtout pour « truquer » les documents et leur faire dire tout ce qu’il voulait ; toute sa campagne contre le G∴ O∴ est un véritable chef-d’oeuvre en ce genre spécial… Comme il craignait que je ne voie trop clair dans ses agissements (je n’avais pourtant alors que 22 ans), il résolut d’inventer n’importe quoi pour m’éliminer ; pour impressionner Papus et autres, il fabriqua toute une série de fausses lettres de moi, dont, chose curieuse, il ne pouvait montrer que des photographies, et qui servirent de base au rapport dont il est question dans la note susdite. Je n’ai certes jamais travaillé pour aucune « organisation religieuse », et pour cause, car le fait que j’appartenais aussi en ce temps-là à l’Église gnostique (fondée par le F∴ Jules Doinel et dirigée alors par le F∴ Fabre des Essarts) aurait assurément suffi à me faire fort mal voir de n’importe quel milieu catholique ; mais on ne peut s’étonner de rien quand on sait que, peu avant cela, le même Téder avait formellement accusé les FF∴ Blatin et Limousin d’être affiliés aux Jésuites ! Enfin, n’étant tout de même pas très sûr que Papus ne se ressaisirait pas au dernier moment, il profita de son absence pour faire prononcer mon « exclusion » par quelques pauvres gens qu’il avait rassemblés à grand’ peine pour cette circonstance ; il faut dire en effet que la fameuse L∴ Humanidad avait déjà cessé d’exister en fait et ne se réunissait plus jamais, et que ce fut là sa dernière manifestation. – Ce qu’il importe de remarquer encore, c’est que les personnages dont il vient d’être question ne furent jamais Maçons réguliers ; Papus, malgré tous ses efforts, fut constamment refusé tant au Rite Écossais (et cela même à la L∴ Le Libre Examen dont cependant son père était membre) qu’au Rite de Misraïm. Quant à Téder, il avait débuté par la publication d’un ouvrage antimaçonnique intitulé « Les Apologistes du Crime » ; il avait fait du journalisme en Belgique, d’où il avait été expulsé à la suite d’une affaire de chantage ; il était alors passé en Angleterre, où il avait fait la connaissance de John Yarker, et c’est de celui-ci que, de même que Papus, il tenait tous les grades plus ou moins authentiques, et en tout cas irréguliers, dont il était décoré. Le F∴Waite a accusé Papus et son école d’antimaçonnisme ; cela peut paraître exagéré à première vue, en ce sens qu’ils semblaient ne s’attaquer qu’au seul G∴ O∴ ; mais, quand on examine certaines choses de plus près, on doit reconnaître qu’il n’avait pas tort. Ainsi, pour ne donner qu’un exemple, tous les Martinistes du 2e degré, hommes et femmes, recevaient communications des m∴ et s∴ des 3 grades de la Maç∴ symb∴ sans qu’il leur soit demandé aucun serment, et cela sous le prétexte que, au XVIIIe siècle, l’initiation à l’Ordre des Élus Coens, dont le Martinisme se prétendait bien à tort l’héritier, présupposait la possession de ces 3 grades. Je vous signale à cette occasion qu’il y a actuellement, toujours dans le même milieu, une tentative de reconstitution des Élus Coens ; mais, en l’absence de toute filiation authentique, il ne s’agit là en réalité que d’une simple imitation dépourvue de toute valeur. – Naturellement, ma soi-disant « expulsion » par des gens si bien qualifiés pour accuser les autres de « travailler contre la Maç∴ » ne m’empêcha pas le moins du monde d’être, peu de temps après, affilié à la L∴ Thébah ; et, alors que je n’avais pas encore tout à fait 25 ans, on m’avait déjà fait à tort ou à raison, au Rite Écossais, la réputation de connaître la Maç∴ mieux que beaucoup des membres du Sup∴ Cons∴ !

J’ajouterai encore que, depuis cette époque, c’est-à-dire depuis près de 40 ans, les occultistes de toute catégorie n’ont jamais cessé de me poursuivre de leur haine et d’essayer de me nuire par tous les moyens ; beaucoup d’autres aussi, appartenant aux milieux les plus divers et même les plus opposés en apparence, ont par la suite agi de la même façon ; je ne m’en suis d’ailleurs jamais plus mal porté pour cela… Seulement, comme une des principales manifestations de cette hostilité a toujours été la diffusion des racontars les plus invraisemblables, la conclusion à tirer de tout cela, c’est que, sauf vérification, il ne faut absolument rien croire de ce qui se dit sur mon compte, d’où que cela puisse provenir.
Lettre de René Guénon à Edmond Gloton du 17/05/1947 (cf. [6])

Ce dernier avertissement de la part de Guénon (que nous avons mis en gras) était décidément bien fondé.

Passons à des fantaisies égyptiennes.





4) Maçonnerie égyptienne

LLP :
Alors il faut savoir, puisque là c’est très très important, et que ça va faire le lien avec beaucoup beaucoup de choses. Vous savez que la maçonnerie française, la maçonnerie européenne, elle a été, par Cagliostro qui était un frankiste, donc un sabbataïste, elle a été complètement transformée avec le rite égyptien, Menphis-Misraïm etc., donc le culte d’Isis. C’est pour cela que vous avez par exemple à Paris toute cette sculpture d’Isis, Parisii d’ailleurs, la barque d’Isis, Bar Isis, c’est Isis etc. Et Gésiale, la papesse, elle voue un culte à Isis, elle le dit hein. C’est le signe du dollar, c’est pour ça que vous avez une pyramide sur le dollar, c’est pour ça que les rappeurs sont tous pleins de bling bling, en fait c’est le culte de Mamon, du fric, de la matière, et le S et le barré du deux fois c’est un I, un S, un I et un S contractés. C’est ISIS ! On est toujours dans le même problème. Parce que dollar c’est D, euro c’est E, pourquoi on a mis un S à dollar ? Ca n’a aucun sens. Et pourquoi y a une pyramide sur le dollar ? Aux Etats Unis d’Amérique ? Y a quelque chose qui cloche. Bref. Mais tout ceci est absolument cohérent, parfaitement cohérent. Vous inquiétez pas tout est lié
(cf. [4])

Les rites de Memphis et ceux de Misraïm, avant qu'ils ne se réunissent en Memphis-Misraïm, se sont développés indépendamment du rite de Cagliostro, duquel ils se plaisent à se revendiquer (surtout celui de Misraïm) pour se donner un peu d'épaisseur historique, parce qu'il se faisait appeler le Grand Cophte et qu'il aurait entretenu des relations avec certains dignitaires du Régime de Naples. Quoi qu'il en soit, ces rites ne concernent qu'une frange très marginale de la maçonnerie obédientielle, le parrainage de Cagliostro est de moins en moins revendiqué et son origine juive n'a jamais été prouvée.

Mais en supposant des origines juives réelles, pourquoi cela ferait-il nécessairement de lui un frankiste/sabbataïste ? On voit là un exemple de l'absence totale de rigueur, de cette démarche qui fait apposer cette étiquette à n'importe quel chrétien ou musulman ayant des origines juives réelles ou supposées, ou encore de considérer des juifs comme des crypto-juifs ? des juifs à plusieurs couches en quelques sorte ? Y-a-t-il un moyen plus puissant pour abandonner tout contact avec le monde réel ?

René Guénon :
Cagliostro a évidemment voulu, comme bien d’autres, établir un système particulier, quelle qu’en soit d’ailleurs la valeur propre, en le basant sur la Maçonnerie ; mais a-t-il jamais eu réellement de celle-ci une connaissance suffisamment approfondie pour l’y adapter correctement ? Les admirateurs enthousiastes de Cagliostro s’indigneraient peut-être qu’on puisse soulever un tel doute, tandis que ses détracteurs chercheraient probablement à en tirer contre lui des conséquences excessives ; en cela, à notre avis, les uns n’auraient pas plus raison que les autres, et il y a bien des chances pour que la vérité sur ce personnage énigmatique ne se trouve dans aucune des opinions extrêmes.
Études traditionnelles, avril-mai 1948, compte rendu du Rituel de la Maçonnerie Égyptienne de Cagliostro

Des temples d'Isis ont paraît-il été retrouvés en Europe. Mais concernant le lien entre les Parisii et Isis, il est hypothétique. Quant au dollar :
René Guénon :
Le Grand Lodge Bulletin d’Iowa (n° de mai et juin) donne une étude sur les deux colonnes, plus historique à vrai dire que symbolique, mais qui contient, en dehors des références proprement bibliques, des détails intéressants et dont certains sont assez peu connus. Ainsi, sait-on que le signe usuel du dollar est une figuration schématique des « colonnes d’Hercule » réunies par une sorte de banderole, et que cette figuration, empruntée aux monnaies espagnoles, se trouvait déjà, dans l’antiquité, sur celles de Tyr ?
Études traditionnelles, octobre 1929, comptes rendus d'articles de revues


La Maçonnerie égyptienne c'est une chose. Mais quel est son rapport avec le Temple de Salomon ? Question ouverte...





5) Le Temple de Salomon

Revenons à l'interview de LLP par E&R Aquitaine. Il affirme :
LLP :
Il faut bien saisir que la maçonnerie est l’église de la contre-initiation comme l’explique très bien R. Guénon, pratiquant son culte dans des temples à l’identique de celui de Salomon, sachant que la venue de l’antéchrist se fera, selon toutes les eschatologies connues, après la construction du 3ème temple ; il semble donc que cette secte essaie de hâter la fin de ce cycle de l’Humanité. Il est d’ailleurs curieux que personne ne fasse le lien entre le temple maçonnique et celui de Jérusalem puisqu’il est question de la même bâtisse sacrée. Cette ignorance réside dans l’abrutissement des masses occidentales mais également orientales qui sont à des années-lumière de ce projet diabolique. In fine, les choses sont tellement simples, il suffit de les constater.
(cf. [1])

Nous avons plus haut réclamé la source de cette affirmation. Plus bas nous allons voir ce que de notre côté nous avons trouvé dans l’œuvre de Guénon, à propos de ce Temple de Salomon. Nous avons préféré en mettre trop que pas assez (mais nous ne prétendons pas que c'est exhaustif). Si en tout cas un oubli de notre part avait laissé de côté les fameuses citations auxquelles renvoie LLP, nous serions grandement reconnaissant qu'on nous le signale, et dans ce cas nous nous excuserions platement et nous compléterions avec hâte le regroupement déjà fait. Donc : appel aux citations !

Ici aussi :
LLP :
Et les frankistes, les sabbataïstes, qu’est ce qu’ils font ? Ils pratiquent l’inceste, la sorcellerie, la Kabbale, le crime rituel. Et c’est eux qui ont mis en place tout le rituel maçonnique. C’est dans ce livre (Charles Novac – Jacob Frank le faux messie), c’est dans ce livre (Arthur Mandel – Le messie militant), toutes les élites occidentales qui ont été maçonnisées l’ont été sur des rites écrits par les sabbataïstes, parce que la Maçonnerie cherche toujours, pour un peu de gloire et de paillettes, d’avoir une origine orientale, du temple de Salomon, temple de Salomon prophète de Dieu.
(cf. [3])

Le Judaïsme, oriental ?
René Guénon :
Il faut ajouter que, dans l’Occident, nous comprenons aussi le judaïsme, qui n’a jamais exercé d’influence que de ce côté, et dont l’action n’a même peut-être pas été tout à fait étrangère à la formation de la mentalité moderne en général ;
Orient et Occident, I, IV

Mais peut-être que LLP parle de l'apport islamique à la Maçonnerie. Celui-ci est bien oriental, mais il est très réel, et n'a rien à voir avec de la gloire ou des paillettes :
René Guénon :
on peut relever des traces de l’influence islamique en architecture, et cela d’une façon toute particulière au Moyen Âge ; ainsi, la croisée d’ogive, dont le caractère s’est affirmé à ce point qu’elle a donné son nom à un style architectural, a incontestablement son origine dans l’architecture islamique, bien que de nombreuses théories fantaisistes aient été inventées pour dissimuler cette vérité. Ces théories sont contredites par l’existence d’une tradition chez les constructeurs eux-mêmes affirmant constamment la transmission de leurs connaissances à partir du Proche-Orient.

Ces connaissances revêtaient un caractère secret et donnaient à leur art un sens symbolique ; elles avaient des relations très étroites avec la science des nombres, et leur origine première a toujours été rapportée à ceux qui bâtirent le Temple de Salomon.
Influence de la civilisation islamique en Occident

En premier lieu, ce Temple concerne évidemment le Judaïsme, mais son symbolisme n'est pas pour autant illégitime dans la Maçonnerie :
René Guénon :
Ce qui est vrai, c’est que, dans la Maçonnerie, la pierre brute a un autre sens que dans les cas des autels hébraïques, auquel il faut joindre ici celui des monuments mégalithiques ; mais, s’il en est ainsi, c’est que ce sens ne se réfère pas au même type de tradition. Cela est facile à comprendre pour tous ceux qui ont connaissance des considérations que nous avons exposées sur les différences essentielles qui existent, d’une façon tout à fait générale, entre les traditions des peuples nomades et celles des peuples sédentaires ; et d’ailleurs, quand Israël passa du premier de ces états au second, l’interdiction d’élever des édifices en pierres taillées disparut, parce qu’elle n’avait plus de raison d’être pour lui, témoin la construction du Temple de Salomon, qui assurément ne fut pas une entreprise profane, et à laquelle se rattache, symboliquement tout au moins, l’origine même de la Maçonnerie.
Pierre brute et pierre taillée

René Guénon :
Dans le sens le plus général, la Shekinah est la « présence réelle » de la Divinité ; il faut tout d’abord noter que les passages de l’Écriture où il en est fait mention tout spécialement sont surtout ceux où il s’agit de l’institution d’un centre spirituel : la construction du Tabernacle, l’édification du Temple de Salomon et de celui de Zorobabel. Un tel centre, constitué dans des conditions régulièrement définies, devait être en effet le lieu de la manifestation divine, toujours représentée comme « Lumière » ; et, bien que M. Vulliaud nie tout rapport entre la Kabbale et la Maçonnerie (tout en reconnaissant cependant que le symbole du « Grand Architecte » est une métaphore habituelle aux rabbins), l’expression de « lieu très éclairé et très régulier », que cette dernière a conservée, semble bien être un souvenir de l’antique science sacerdotale qui présidait à la construction des temples, et qui, du reste, n’était pas particulière aux Juifs. 
La Kabbale juive

Le Temple de Salomon concerne les corporations de constructeurs, mais également tout l'ensemble de l'ésotérisme occidental :
René Guénon :
Il doit être bien entendu que, dans le symbolisme des constructeurs du moyen âge, qui s’appuie sur la tradition judéo-chrétienne et est spécialement rattaché, comme à son « prototype », à la construction du Temple de Salomon (1), il est constant, en ce qui concerne la « pierre angulaire », que c’est proprement d’une « clef de voûte » qu’il s’agit ; et, si la forme exacte du Temple de Salomon a pu donner lieu à des discussions au point de vue historique, il est bien certain, en tout cas, que cette forme n’était pas celle d’une pyramide
---
1 - Les « légendes » du compagnonnage dans toutes ses branches en font foi, non moins que les « survivances » propres de l’ancienne maçonnerie opérative que nous avons envisagées ici.
La « pierre angulaire »
(La fin de cet extrait permet au passage d'écarter définitivement un éventuel lien entre Maçonnerie égyptienne et Temple de Salomon.)

René Guénon :
 Dans le monde occidental, où le spirituel prend la forme spécifiquement religieuse, les véritables « gardiens de la Terre sainte », tant qu’ils y eurent une existence en quelque sorte « officielle », devaient être des chevaliers, mais des chevaliers qui fussent des moines en même temps ; et, effectivement, c’est bien là ce que furent les Templiers.

Ceci nous amène directement à parler du second rôle des « gardiens » du Centre suprême, rôle qui consiste, disions-nous tout à l’heure, à assurer certaines relations extérieures, et surtout, ajouterons-nous, à maintenir le lien entre la tradition primordiale et les traditions secondaires et dérivées. Pour qu’il puisse en être ainsi, il faut qu’il y ait, pour chaque forme traditionnelle, une ou plusieurs organisations constituées dans cette forme même, selon toutes les apparences, mais composées d’hommes ayant la conscience de ce qui est au-delà de toutes les formes, c’est-à-dire de la doctrine unique qui est la source et l’essence de toutes les autres, et qui n’est pas autre chose que la tradition primordiale.

Dans le monde de tradition judéo-chrétienne, une telle organisation devait assez naturellement prendre pour symbole le Temple de Salomon ; celui-ci, d’ailleurs, ayant depuis longtemps cessé d’exister matériellement, ne pouvait avoir alors qu’une signification tout idéale, comme étant une image du Centre suprême, ainsi que l’est tout centre spirituel subordonné ; et l’étymologie même du nom de Jérusalem indique assez clairement qu’elle n’est qu’une image visible de la mystérieuse Salem de Melchissédec.
Les Gardiens de la Terre sainte

René Guénon :
Cette doctrine ésotérique, quelle que soit la désignation particulière qu’on voudra lui donner jusqu’à l’apparition du Rosicrucianisme proprement dit (si toutefois on trouve nécessaire de lui en donner une), présentait des caractères qui permettent de la faire rentrer dans ce qu’on appelle assez généralement l’hermétisme. L’histoire de cette tradition hermétique est intimement liée à celle des Ordres de chevalerie ; et, à l’époque dont nous nous occupons, elle était conservée par des organisations initiatiques comme celle de la Fede Santa et des Fidèles d’Amour, et aussi cette Massenie du Saint Graal dont l’historien Henri Martin parle en ces termes (1), précisément à propos des romans de chevalerie, qui sont encore une des grandes manifestations littéraires de l’ésotérisme au moyen âge : « Dans le Titurel, la légende du Graal atteint sa dernière et splendide transfiguration, sous l’influence d’idées que Wolfram (2) semblerait avoir puisées en France, et particulièrement chez les Templiers du midi de la France. Ce n’est plus dans l’île de Bretagne, mais en Gaule, sur les confins de l’Espagne, que le Graal est conservé. Un héros appelé Titurel fonde un temple pour y déposer le saint Vaissel, et c’est le prophète Merlin qui dirige cette construction mystérieuse, initié qu’il a été par Joseph d’Arimathie en personne au plan du Temple par excellence, du Temple de Salomon (3). La Chevalerie du Graal devient ici la Massenie, c’est-à-dire une Franc-Maçonnerie ascétique, dont les membres se nomment les Templistes, et l’on peut saisir ici l’intention de relier à un centre commun, figuré par ce Temple idéal, l’Ordre des Templiers et les nombreuses confréries de constructeurs qui renouvellent alors l’architecture du moyen âge. On entrevoit là bien des ouvertures sur ce qu’on pourrait nommer l’histoire souterraine de ces temps, beaucoup plus complexes qu’on ne le croit généralement… Ce qui est bien curieux et ce dont on ne peut guère douter, c’est que la Franc-Maçonnerie moderne remonte d’échelon en échelon jusqu’à la Massenie du Saint Graal (4). »

Il serait peut-être imprudent d’adopter d’une façon trop exclusive l’opinion exprimée dans la dernière phrase, parce que les attaches de la Maçonnerie moderne avec les organisations antérieures sont, elles aussi, extrêmement complexes ; mais il n’en est pas moins bon d’en tenir compte, car on peut y voir du moins l’indication d’une des origines réelles de la Maçonnerie. Tout cela peut aider à saisir dans une certaine mesure les moyens de transmission des doctrines ésotériques à travers le moyen âge, ainsi que l’obscure filiation des organisations initiatiques au cours de cette même période, pendant laquelle elles furent vraiment secrètes dans la plus complète acception de ce mot.
----
1 -  Histoire de France, t. III, pp. 398-399.
2 - Le Templier souabe Wolfram d’Eschenbach, auteur de Parceval, et imitateur du bénédictin satirique Guyot de Provins, qu’il désigne d’ailleurs sous le nom singulièrement déformé de « Kyot de Provence ».
3 - Henri Martin ajoute ici en note : « Perceval finit par transférer le Graal et rebâtir le temple dans l’Inde, et c’est le Prêtre Jean, ce chef fantastique d’une chrétienté orientale imaginaire qui hérite de la garde du saint Vaissel. »
4- Nous touchons ici à un point très important, mais que nous ne pourrions traiter sans nous écarter par trop de notre sujet : il y a une relation fort étroite entre le symbolisme même du Graal et le « centre commun » auquel Henri Martin fait allusion mais sans paraître en soupçonner la réalité profonde, pas plus qu’il ne comprend évidemment ce que symbolise, dans le même ordre d’idées, la désignation du Prêtre Jean et de son royaume mystérieux.
L’Ésotérisme de Dante, ch. IV - Dante et le Rosicrucianisme

Le symbolisme du Temple de Salomon dans la Franc-Maçonnerie est donc tout ce qu'il y a de plus justifié, non seulement en tant qu'elle est la continuatrice des corporations de constructeurs, mais également en tant qu'elle est l'héritière de l'ensemble de l'ésotérisme occidental. Et les frankistes/sabbataïstes n'ont évidemment rien à voir là-dedans.

Finissons sur un sujet plus anecdotique.





6) Haine du secret, chasse au maçon : bredouille ?

LLP :
J'ai appris ce soir que la Mosquée de Paris, dirigée par le traître et frère la truelle David Boubekeur, demandait de l’argent aux convertis pour des raisons fallacieuses de formation !!! L’excellent imam Ammi Hassen en a parlé dans l’émission de Lalocale.com, ce jour, en dénonçant cette pratique abjecte et indigne de la plus grande mosquée de France. Mais cela peut-il étonner l’esprit averti ? Certainement pas, nous avons été accoutumés par Boubekeur, à ce genre de mascarade, ce n’est qu’une pratique naturelle de la mission de ce personnage infâme. Croit-il une seconde, lui qui va plancher dans des loges maçonniques et étaler son ignorance,  que l’émir Abdelkader aurait accepté une telle ignominie ? Certainement pas. Il ne me reste plus qu’à lui souhaiter de se noyer dans sa honte.
(cf. [5])

Pour appuyer son accusation, LLP semble invoquer ce document :


L'ironie est qu'il ne pouvait pas trouver meilleure preuve que justement, à cette date, Dalil Boubekeur n'était PAS franc-maçon. Sinon, pourquoi ce dernier aurait-il animé une « TENUE BLANCHE FERMÉE », destinée par définition aux conférenciers qui ne sont pas maçons ?

Les ténors du "dissidence business" aussi animent manifestement des tenues blanches fermées :


En revanche, l'émir Abdel-Qader lui était bien franc-maçon, ainsi que René Guénon le confirme dans une correspondance à Schuon déjà citée sur cette page :

René Guénon :
Par rapport à l’Islam en particulier, personne, dans les pays islamiques mêmes, n’a jamais pensé qu’il puisse y avoir une incompatibilité quelconque, et cela aussi bien au point de vue ésotérique qu’au point de vue exotérique ; ici, par exemple, il y a toujours eu depuis longtemps des Maçons à la fois parmi les « ulamâ ez-zâhir » et parmi les membres des diverses turuq. Pour ceux-ci, il y a d’ailleurs au moins un exemple illustre : celui de l’émir Abdel-Qader, qui, en dehors de son rôle extérieur, était un mutaçawwuf éminent (ce que les historiens européens paraissent naturellement ignorer), et qui se fit recevoir Maçon lors de son séjour à Alexandrie.
Lettre de René Guénon à Frihjof Schuon du 9 novembre 1946








Annexe) Sources hors livres

1 - E&R - La Faillite du monde moderne – Entretien avec Salim Laïbi (03/01/2013)

E&R Aquitaine :
2. En quoi l’œuvre de René Guénon, auteur traditionaliste cité à plusieurs reprises dans votre livre, représente-t-elle un antidote à cette modernité ?

LLP :
 R. Guénon a fait un travail remarquable pour déconstruire la modernité et la mettre à nu. C’est un auteur de génie, le plus grand penseur français de tous les temps. Je ne suis pas seul à le dire, mais aussi tout auteur et penseur sérieux qui se penche sur la question. Dans ce paradigme moderne qui s’impose à nous, il est très difficile, voire impossible de s’en extraire puisque toute notre formation intellectuelle est fondée sur des mensonges et des tromperies. R. Guénon, a réussi grâce à un travail méthodique d’une richesse inouïe ainsi qu’un style d’écriture unique dû à sa formation intellectuelle, à clarifier toute chose. Sa lecture est apaisante, on arrive à mettre des mots et expliquer le désordre. Son champ d’action est extraordinairement large ; il sera question dans son œuvre aussi bien du complot maçonnique satanique qu’il appelle antitraditionnel, des pseudo-religions subversives comme le New Age ou le mormonisme, de l’argent, la psychanalyse… Toute sa pensée s’appuyant sur une doctrine d’une clarté éblouissante. Il a influencé beaucoup de monde mais reste néanmoins méconnu, car la doxa dominante ne peut assurer la médiatisation de ses travaux, au risque de se tirer un boulet de canon dans le pied.

Dans son livre La Crise du monde moderne, qui est essentiel à toute personne désireuse de comprendre le désordre ambiant, il met en lumière le paradigme moderne et ses travers. Tout y est dit. Il faut le lire. L’ouvrage de J. Evola qui porte le même titre est aussi à découvrir. Guénon, dans son travail, s’appuie sur la pensée traditionnelle qui place l’esprit au-dessus de la matière ; c’est ainsi qu’il préfère parler de métaphysique, science invariable et universelle, commune à toutes les sociétés humaines et à toutes les périodes, preuve, selon lui, d’une « Tradition primordiale » remontant à notre ancêtre commun, Adam. R. Guénon permet au chercheur de sortir aisément et définitivement de la confusion moderne ambiante et pesante, et ce, avec une simplicité déconcertante, tant la vérité est limpide et s’impose d’elle-même.


E&R Aquitaine :
4. De la franc-maçonnerie, Guénon disait que « l’infiltration des idées modernes, au détriment de l’esprit initiatique, en a fait, non point un des agents de la “conspiration”, mais au contraire une de ses premières victimes ». Quel est selon vous l’impact de la franc-maçonnerie sur le monde ? Partagez-vous cette assertion de René Guénon ?

LLP :

La F.’. M.’. est une société secrète mafieuse extrêmement dangereuse puisque impliquée dans tous les scandales les plus meurtriers de ces trois derniers siècles. Ceci est un fait indiscutable. Je parle de la franc-maçonnerie telle qu’elle est et non telle que la théorie voudrait qu’elle soit ! Je reprends dans le livre un nombre interminable d’affaires gravissimes menées de main de maître par cette secte.

Ce qui est troublant au plus haut point c’est l’absence systématique de conséquences judiciaires, malgré la gravité des faits ou le nombre vertigineux de milliards engloutis dans des comptes offshore. Que ce soit le régicide inutile de 1793 et ses copies européennes initiées par les illuminés de Bavière eux-mêmes infiltrés par les frankistes issus du sabbataïsme ; l’affaire des fiches du Grand-Orient datant de 1905 ; l’opération meurtrière Gladio pilotée par Licio Gelli et causant des dizaines de morts en Italie ; Clearstream en France ou l’affaire des frégates de Taïwan ; sans omettre les milliards d’euros de budgets régionaux qui sont détournés dans des fausses attributions de chantiers de BTP (voir l’affaire J.-P. Kucheida de la fédération PS du nord)… La liste est encore longue. Nous pouvons citer aussi l’implication de la maçonnerie dans l’affaire dite du Carlton et dans laquelle il est question de proxénétisme, d’orgies dépravées, de FMI et de présidence de la France, heureusement ratée par le satyre immonde, DSK.

Il faut bien saisir que la maçonnerie est l’église de la contre-initiation comme l’explique très bien R. Guénon, pratiquant son culte dans des temples à l’identique de celui de Salomon, sachant que la venue de l’antéchrist se fera, selon toutes les eschatologies connues, après la construction du 3ème temple ; il semble donc que cette secte essaie de hâter la fin de ce cycle de l’Humanité. Il est d’ailleurs curieux que personne ne fasse le lien entre le temple maçonnique et celui de Jérusalem puisqu’il est question de la même bâtisse sacrée. Cette ignorance réside dans l’abrutissement des masses occidentales mais également orientales qui sont à des années-lumière de ce projet diabolique. In fine, les choses sont tellement simples, il suffit de les constater.



2 - Onnouscachetout.com : rencontre avec Salim Laibi (26/01/2013)

Onnouscachetout.com :
Le titre de votre ouvrage « la faillite du monde moderne » est une référence à la littérature de René Guénon qui était aussi un grand mystique et portait un grand intérêt à l’initiation. Comment conciliez-vous cela dans votre combat contre la Franc-Maçonnerie ? 

LLP :
40:43
Bon ben c’est très simple : on peut dire René Guénon autant que Julius Evola hein, puisque Evola aussi a écrit un livre qui s’appelle la Crise du Monde moderne, mais c’est vrai que je suis plutôt guénonien. Euh bah je crois que c’est pas compliqué, René Guénon a fait partie de toutes les sectes, euh j’appelle secte la Franc-Maçonnerie, pour moi c’est une secte, de tous les mouvements spirites etc du début de siècle dernier. Il a tout essayé. Par contre, on dit souvent que Guénon est un franc-maçon, etc, euh, d’abord, d’abord, la Franc-Maçonnerie, la vraie Franc-Maçonnerie, opérative, c’est quelque chose d’excellent, c’est même pas bien c’est excellent, parce que construire des cathédrales en s’appuyant sur le nombre d’or, des cathédrales qui ont 2000 ans, et qui ont résisté aux tremblements de terre et aux bombardements des deux guerres, je crois qu’il faut quand même être un petit peu surhumain. Ca c’est une chose. Euh je parle pas des pyramides, etc, que dont on peut même pas expliquer la technique aujourd’hui en 2012. Euh donc la Franc-Maçonnerie théorique, opérative pas spéculative, c’est quelque chose de très bien, sauf que pas n’importe qui, faut être tailleur de pierre, faut être maçon. Maintenant je rappelle aux gens qui nous écoutent, moi j’ai lu tout René Guénon donc je sais de quoi je parle. Y a beaucoup de gens parmi nous qui n’ont pas lu René Guénon, ou du moins peut-être un ou deux livres, et qui disent des bêtises. René Guénon a écrit quand même dans la France Anti-Maçonnique ! René Guénon a condamné la Franc-Maçonnerie sous tous ses aspects ! Alors il disait que, c’est vrai que, il aurait aimé qu’il y ait un redressement, il appelait ça un redressement, mais, non y en aura pas, il le disait que c’est, il le disait, j’ai une citation en tête, que ça l’étonnerait, etc. On peut pas redresser, c’est le Kali Yuga, c’est fini, voilà. C’est un traditionaliste, bien sûr puisque toute la religion, toute religion est traditionaliste, puisque la religion commence chez Adam et Eve, c’est ce que dit René Guénon, et la religion elle intéresse tous les peuples du monde, c’est ce que dit René Guénon. Alors il trouve les points communs entre toutes les traditions, il a fait un travail là-dessus, dans le symbolisme, etc, et je crois que c’est tout à fait cohérent, mais par contre René Guénon n’est ni un occultiste, ni un ésotériste. René Guénon est un religieux, est un doctrinal. Voilà. On peut dire qu’il est ésotériste, dans son aspect religieux, dans son engagement soufi, euh mais dans un aspect tout à fait orthodoxe. Voilà. Bon après il faut s’y connaître un peu là dedans, c’est compliqué, cette interview ne se prête pas à ce genre de développement.
43:30



3 - Conférence de Salim Laïbi/LeLibrePenseur à Roubaix (1/2)

LLP :
1:25:15
Et les frankistes, les sabbataïstes, qu’est ce qu’ils font ? Ils pratiquent l’inceste, la sorcellerie, la Kabbale, le crime rituel. Et c’est eux qui ont mis en place tout le rituel maçonnique. C’est dans ce livre (Charles Novac – Jacob Frank le faux messie), c’est dans ce livre (Arthur Mandel – Le messie militant), toutes les élites occidentales qui ont été maçonnisées l’ont été sur des rites écrits par les sabbataïstes, parce que la Maçonnerie cherche toujours, pour un peu de gloire et de paillettes, d’avoir une origine orientale, du temple de Salomon, temple de Salomon prophète de Dieu.



4 - Conférence : L’effroyable imposture Skyrock (19/06/2013)

LLP :
31:50
Alors il faut savoir, puisque là c’est très très important, et que ça va faire le lien avec beaucoup beaucoup de choses. Vous savez que la maçonnerie française, la maçonnerie européenne, elle a été, par Cagliostro qui était un frankiste, donc un sabbataïste, elle a été complètement transformée avec le rite égyptien, Menphis-Misraïm etc., donc le culte d’Isis. C’est pour cela que vous avez par exemple à Paris toute cette sculpture d’Isis, Parisii d’ailleurs, la barque d’Isis, Bar Isis, c’est Isis etc. Et Gésiale, la papesse, elle voue un culte à Isis, elle le dit hein. C’est le signe du dollar, c’est pour ça que vous avez une pyramide sur le dollar, c’est pour ça que les rappeurs sont tous pleins de bling bling, en fait c’est le culte de Mamon, du fric, de la matière, et le S et le barré du deux fois c’est un I, un S, un I et un S contractés. C’est ISIS ! On est toujours dans le même problème. Parce que dollar c’est D, euro c’est E, pourquoi on a mis un S à dollar ? Ca n’a aucun sens. Et pourquoi y a une pyramide sur le dollar ? Aux Etats Unis d’Amérique ? Y a quelque chose qui cloche. Bref. Mais tout ceci est absolument cohérent, parfaitement cohérent. Vous inquiétez pas tout est lié, absolument tout.
33:15



5 - Article : Mosquée de Paris : le business honteux de la conversion !

LLP :
J'ai appris ce soir que la Mosquée de Paris, dirigée par le traître et frère la truelle David Boubekeur, demandait de l’argent aux convertis pour des raisons fallacieuses de formation !!! L’excellent imam Ammi Hassen en a parlé dans l’émission de Lalocale.com, ce jour, en dénonçant cette pratique abjecte et indigne de la plus grande mosquée de France. Mais cela peut-il étonner l’esprit averti ? Certainement pas, nous avons été accoutumés par Boubekeur, à ce genre de mascarade, ce n’est qu’une pratique naturelle de la mission de ce personnage infâme. Croit-il une seconde, lui qui va plancher dans des loges maçonniques et étaler son ignorance,  que l’émir Abdelkader aurait accepté une telle ignominie ? Certainement pas. Il ne me reste plus qu’à lui souhaiter de se noyer dans sa honte.



6 - Lettre de René Guénon à Edmond Gloton du 17/05/1947