jeudi 14 juillet 2011

Les positions pseudo-guénoniennes de LLP 4 - Délires sur les symboles

Suite de:
https://oeuvre-de-rene-guenon.blogspot.com/2011/07/les-positions-pseudo-guenoniennes-de_14.html


Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps est cité explicitement par LLP dans sa conférence, au cours de laquelle sa couverture est même projetée à l'écran.



Cet ouvrage va être abondamment utilisé par la suite, et l'on pourra constater que si d'autres ouvrages contiennent aussi des compléments utiles, celui-ci suffit à balayer la plupart des déclarations, hautement fantaisistes, de LLP.


sommaire

1) Traditionalisme et "adamisme"
2) Le billet de 1 dollar
3) Le swastika
4) L'étoile à cinq branches
5) Le compas et l'équerre
6) Le Grand Architecte de l’Univers
Conclusion



1) Traditionalisme et "adamisme"

René Guénon :
Ceux dont nous venons de parler sont ceux que l’on peut qualifier proprement de « traditionalistes », c’est-à-dire ceux qui ont seulement une sorte de tendance ou d’aspiration vers la tradition, sans aucune connaissance réelle de celle-ci ; on peut mesurer par là toute la distance qui sépare l’esprit « traditionaliste » du véritable esprit traditionnel, qui implique au contraire essentiellement une telle connaissance, et qui ne fait en quelque sorte qu’un avec cette connaissance même. En somme, le « traditionaliste » n’est et ne peut être qu’un simple « chercheur », et c’est bien pourquoi il est toujours en danger de s’égarer, n’étant pas en possession des principes qui seuls lui donneraient une direction infaillible ; et ce danger sera naturellement d’autant plus grand qu’il trouvera sur son chemin, comme autant d’embûches, toutes ces fausses idées suscitées par le pouvoir d’illusion qui a un intérêt capital à l’empêcher de parvenir au véritable terme de sa recherche. Il est évident, en effet, que ce pouvoir ne peut se maintenir et continuer à exercer son action qu’à la condition que toute restauration de l’idée traditionnelle soit rendue impossible, et cela plus que jamais au moment où il s’apprête à aller plus loin dans le sens de la subversion, ce qui constitue, comme nous l’avons expliqué,  la seconde phase de cette action. Il est donc tout aussi important pour lui de faire dévier les recherches tendant vers la connaissance traditionnelle que, d’autre part, celles qui, portant sur les origines et les causes réelles de la déviation moderne,  seraient susceptibles de dévoiler quelque chose de sa propre nature et de ses moyens d’influence ; il y a là, pour lui, deux nécessités en quelque sorte complémentaires l’une de l’autre, et qu’on pourrait même regarder, au fond, comme les deux aspects  positif et négatif d’une même exigence fondamentale de sa domination. 

Tous les emplois abusifs du mot « tradition » peuvent, à un degré ou à un autre, servir à cette fin, à commencer par le plus vulgaire de tous, celui qui le fait synonyme de « coutume » ou d’« usage », amenant par là une confusion de la tradition avec les choses les plus bassement humaines et  les plus complètement dépourvues de tout sens profond.  

[...] lorsque certains, s’étant aperçus du désordre moderne en constatant le degré trop visible où il en est actuellement (surtout depuis que  le point correspondant au maximum de « solidification » a été dépassé), veulent « réagir » d’une façon ou d’une autre, le meilleur moyen de rendre inefficace ce besoin de « réaction » n’est-il pas de l’orienter vers quelqu’un des stades antérieurs et moins « avancés » de la même déviation, où ce désordre n’était pas encore devenu aussi apparent et se présentait, si l’on peut dire, sous des dehors plus acceptables pour qui  n’a pas été complètement aveuglé par certaines suggestions ? Tout « traditionaliste » d’intention doit normalement s’affirmer « antimoderne », mais il peut n’en être pas moins affecté lui-même, sans s’en douter, par les idées modernes sous quelque forme plus ou moins atténuée, et par là même plus difficilement discernable, mais correspondant pourtant toujours en fait à l’une ou à l’autre des étapes que ces  idées ont parcourues au cours de leur développement ; aucune concession, même involontaire ou inconsciente, n’est possible ici, car, de leur point de départ à leur aboutissement actuel, et même encore au delà de celui-ci, tout se tient et s’enchaîne inexorablement.
Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, chapitre XXXI, Tradition et traditionalisme

Lorsqu'on a lu ce passage au moins une fois, comment peut-on affirmer que Guénon est traditionaliste ???

LLP :
Guénon est au dessus des manifestations de la religion exotérique. Il est Traditionaliste donc Adamien. Adam notre père à tous n’a pas eu le Coran comme guide religieux puisqu’il n’avait pas besoin de cela, il avait Dieu en certitude dans le cœur : c’est le principe même de la dégénérescence...

D'autre part, cette religion adamienne est assez originale. Adam en tant qu'homme correspond cycliquement à la tradition atlantéenne, et non à la tradition primordiale.

René Guénon :
Ceci pourrait trouver une confirmation dans le fait que la signification littérale du nom d’Adam est « rouge », la tradition atlantéenne ayant été précisément celle de la race rouge ; et il semble aussi que le déluge biblique corresponde directement au cataclysme où disparut l’Atlantide, et que, par conséquent, il ne doive pas être identifié au déluge de Satyavrata qui, suivant la tradition hindoue, issue directement de la Tradition primordiale, précéda immédiatement le début de notre Manvantara.
Formes Traditionnelles et Cycle Cosmiques, Place de la tradition atlantéenne dans le Manvantara

Ici, Guénon est confondu avec Paul le Cour, ce dont il s'est explicitement défendu:
Dans Atlantis (juin 1929), M. Paul Le Cour relève la note de notre article de mai dernier, dans laquelle nous affirmions la distinction de l’Hyperborée et de l’Atlantide, contre ceux qui veulent les confondre et qui parlent d’ « Atlantide hyperboréenne ». A vrai dire, bien que cette expression semble en effet appartenir en propre à M. Le Cour, nous ne pensions pas uniquement à lui en écrivant cette note, car il n’est pas seul à commettre la confusion dont il s’agit ; on la trouve également chez M. Herman Wirth, auteur d’un important ouvrage sur les origines de l’humanité (Der Aufgang der Menschheit) paru récemment en Allemagne, et qui emploie constamment le terme « nord-atlantique » pour désigner la région qui fut le point de départ de la tradition primordiale. Par contre, M. Le Cour est bien le seul, à notre connaissance tout au moins, qui nous ait prêté à nous-même l’affirmation de l’existence d’une « Atlantide hyperboréenne » ;
ibid., comptes rendus d'articles de revues

A la limite, si on ne parlait pas de Adam homme, ça pourrait avoir plus de sens, mais Guénon n'a pour autant jamais déclaré faire acte de foi d' "adamisme", d'autant que c'est une désignation restreinte à l'humanité seule, même prise dans un sens large, ce que dépasse largement le point de vue métaphysique.

On voit aussi le rapport que ce dernier point présente avec la question de ce qu’on a appelé les « préadamites » : si l’on prend Adam comme étant l’origine de la race rouge et de sa tradition particulière, il peut s’agir simplement des autres races qui ont précédé celle-là dans le cours du cycle humain actuel ; si on le prend, dans un sens plus étendu, comme le prototype de toute la présente humanité, il s’agira de ces humanités antérieures auxquelles font précisément allusion les « sept rois d’Edom ». Dans tous les cas, les discussions auxquelles cette question a donné lieu apparaissent comme assez vaines, car il ne devrait y avoir là aucune difficulté ; en fait, il n’y en a pas, tout au moins, pour la tradition islamique, dans laquelle il existe un hadîth (parole du Prophète) disant que, « avant l’Adam que nous connaissons, Dieu créa cent mille Adam » (c’est-à-dire un nombre indéterminé), ce qui est une affirmation aussi nette que possible de la multiplicité des périodes cycliques et des humanités correspondantes.
ibid., Quelques remarques sur le nom d'Adam




2) Le billet de 1 dollar

LLP :
Le billet de 1 dollar très riche en symbolisme maçonnique.




La grande pyramide peut bien être vue sous des considérations maçonniques, concernant les qualifications de ses constructeurs :

René Guénon :
Pendant que nous en sommes à ce sujet, nous signalerons encore une autre fantaisie moderne : nous avons constaté que certains attribuent une importance considérable au fait que la Grande Pyramide n’aurait jamais été achevée ; le sommet manque en effet, mais tout ce qu’on peut dire de sûr à cet égard, c’est que les plus anciens auteurs dont on ait le témoignage, et qui sont encore relativement encore récents, l’ont toujours vu tronquée comme elle l’est aujourd’hui. De là, à prétendre que ce sommet manquant correspond à la « pierre angulaire » dont il est parlé en divers passages de la Bible et de l’Evangile, il y a vraiment bien loin, d’autant plus que, d’après des données plus authentiquement traditionnelles, la pierre en question serait, non point un « pyramidion », mais bien une « clef de voûte » (Keystone), et, si elle fut « rejetée par les constructeurs », c’est que ceux-ci, n’étant initiés qu’à la Square Masonry, ignoraient les secrets de l’Arch Masonry.
Ibid., Le Tombeau d'Hermès


Mais cela mis à part, quel rapport peut-on bien trouver entre la Franc-Maçonnerie et le sceau du billet de 1 dollar ? Voyons ce qui est en réalité derrière ce sceau (la même chose est aussi évoqué dans le compte rendu du livre de G. Barbarin – Le Secret de la Grande Pyramide ou la Fin du Monde adamique, dans le Théosophisme):

On utilise aussi, par des interprétations appropriées, des prédictions dont l’origine est plutôt suspecte, mais d’ailleurs assez ancienne, et qui n’ont peut-être pas été faites pour servir dans les circonstances actuelles, bien que les puissances de subversion aient évidemment déjà largement exercé leur influence à cette époque (il s’agit surtout du temps auquel remontent les débuts mêmes de la déviation moderne, du XIVe au XVIe siècle), et  qu’il soit dès lors possible qu’elles aient eu en vue, en même temps que des buts plus particuliers  et plus immédiats, la préparation d’une action qui ne devait s’accomplir qu’à longue échéance (1). Cette préparation, à vrai dire, n’a d’ailleurs jamais cessé ; elle s’est poursuivie sous d’autres modalités, dont la suggestion des « voyants » modernes et l’organisation d’« apparitions » d’un caractère peu orthodoxe représentent un des aspects où se montre le plus nettement l’intervention directe des influences subtiles ; mais cet aspect n’est pas le seul, et, même lorsqu’il s’agit de prédictions apparemment « fabriquées » de toutes pièces, de semblables influences peuvent fort bien entrer également en jeu, d’abord en raison même de la source « contre-initiatique » d’où émane leur inspiration première, et aussi du fait de certains éléments  qui sont pris pour servir de « supports » à cette élaboration. 

En écrivant ces derniers mots, nous avons spécialement en vue un exemple tout à fait étonnant, tant en lui-même que par le succès qu’il a eu dans divers milieux, et qui, à ce titre, mérite ici un peu plus qu’une simple mention : nous voulons parler des soi-disant « prophéties de la Grande Pyramide », répandues en Angleterre, et de là dans le monde entier, pour des fins qui sont peut-être en partie politiques, mais qui vont certainement plus loin que la politique au sens ordinaire de ce mot et qui se lient d’ailleurs étroitement à un autre travail entrepris pour persuader  les Anglais qu’ils sont les descendants des « tribus perdues d’Israël » ; mais, là-dessus encore, nous ne pourrions insister sans entrer dans des développements qui seraient présentement hors de propos. Quoi qu’il en soit, voici en quelques mots ce dont il s’agit : en mesurant, d’une façon qui n’est d’ailleurs pas exempte d’arbitraire (d’autant plus que, en fait, on n’est pas exactement fixé sur les mesures dont se servaient réellement les anciens Égyptiens), les différentes  parties des couloirs et des chambres de la Grande Pyramide (2), on a voulu y découvrir des « prophéties » en faisant correspondre les nombres ainsi obtenus à des périodes et à des dates de l’histoire. Malheureusement, il y a là-dedans une absurdité qui est tellement manifeste qu’on peut se demander comment il se fait que personne ne semble s’en apercevoir, et c’est bien ce qui montre à quel point nos contemporains sont « suggestionnés » ; en effet, à supposer que les constructeurs de  la Pyramide y aient réellement inclus des « prophéties » quelconques, deux choses seraient somme toute plausibles : c’est, ou que ces « prophéties », qui devaient forcément être basées sur une certaine connaissance des lois cycliques, se rapportent à l’histoire générale du monde et de l’humanité, ou qu’elles aient été adaptées de façon à concerner plus spécialement l’Égypte ; mais, en fait, il arrive que ce n’est ni l’un ni l’autre, car tout ce qu’on veut y trouver est ramené exclusivement au point de vue du Judaïsme d’abord et du Christianisme ensuite, de sorte qu’il faudrait logiquement conclure de là que la Pyramide n’est point un monument égyptien, mais un monument « judéo-chrétien » ! Cela seul devrait suffire à faire justice de cette invraisemblable histoire ; encore convient-il d’ajouter que tout y est conçu suivant une soi-disant « chronologie » biblique tout à fait contestable, conforme au « littéralisme » le plus étroit et le plus protestant, sans doute parce qu’il fallait bien adapter ces choses à la mentalité spéciale du milieu où elles devaient être répandues principalement et en premier lieu. Il y aurait encore bien d’autres remarques curieuses à faire : ainsi, depuis le début de l’ère chrétienne, on n’aurait trouvé aucune date  intéressante à marquer avant celle des premiers chemins de fer ; il faudrait croire, d’après cela, que  ces antiques constructeurs avaient une perspective bien moderne dans leur appréciation de l’importance des événements ; c’est là l’élément grotesque qui ne manque jamais dans ces sortes de choses, et par lequel se trahit précisément leur véritable origine : le diable est assurément fort habile, mais pourtant il ne  peut jamais s’empêcher d’être ridicule par quelque côté (3) !
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1 - Ceux qui seraient curieux d’avoir des détails sur ce côté de la question pourraient consulter utilement, malgré les réserves qu’il y aurait à faire sur certains points, un livre  intitulé Autour de la Tiare, par Roger Duguet, ouvrage posthume de quelqu’un qui a été mêlé de près à certains des « dessous » auxquels nous avons fait allusion un peu plus haut, et qui, à la fin de sa vie, a voulu apporter son « témoignage », comme il le dit lui-même, et contribuer dans une certaine mesure à dévoiler ces « dessous » mystérieux ; les raisons « personnelles » qu’il a pu avoir d’agir ainsi n’importent pas, car, en tout cas, elles n’enlèvent évidemment rien à l’intérêt de ses « révélations ».

2 - Cette Grande Pyramide, à vrai dire, n’est pas tellement plus grande que les deux autres, et surtout que la plus voisine, que la différence en soit très frappante ; mais, sans qu’on sache trop pour quelles raisons, c’est sur elle que se sont en quelque sorte « hypnotisés » à peu près exclusivement tous les « chercheurs » modernes, et c’est à elle que se rapportent toujours toutes leurs hypothèses les plus fantaisistes, on pourrait même dire les plus fantastiques, y compris, pour en citer seulement deux des exemples les plus bizarres, celle qui veut trouver dans sa disposition intérieure une carte des sources du Nil, et celle suivant laquelle le « Livre des Morts » ne serait pas autre chose qu’une description explicative de cette même disposition.

3 - Nous ne  quitterons  pas la Grande Pyramide sans signaler encore  incidemment  une autre fantaisie  moderne : certains attribuent une importance considérable au fait qu’elle n’aurait jamais été achevée ; le sommet manque en effet, mais tout ce qu’on peut dire de sûr à cet égard, c’est que les plus anciens auteurs dont on ait le témoignage, et qui sont encore relativement récents, l’ont toujours vue tronquée comme elle l’est aujourd’hui ; de là à prétendre, comme l’a écrit textuellement un occultiste, que « le symbolisme caché des Écritures hébraïques et chrétiennes se rapporte directement aux faits qui eurent lieu au cours de la construction de la Grande Pyramide, il y a vraiment bien loin, et c’est encore là  une assertion  qui  nous  paraît manquer un  peu trop de  vraisemblance sous tous les rapports !—Chose assez curieuse, le sceau officiel des  États-Unis figure la Pyramide tronquée, au-dessus de laquelle est un triangle rayonnant qui, tout en en étant séparé, et même isolé par le cercle de nuages qui l’entoure, semble en quelque sorte en remplacer le sommet ; mais il y a encore dans ce sceau, dont certaines des organisations « pseudo-initiatiques » qui pullulent en Amérique cherchent à tirer un grand parti en l’expliquant conformément à leurs « doctrines », d’autres  détails qui sont au moins étranges, et  qui  semblent bien indiquer  une  intervention d’influences suspectes : ainsi, le nombre des assises de la Pyramide, qui y est de treize (ce même nombre revient d’ailleurs avec quelque insistance dans d’autres particularités, et il est notamment celui des lettres qui composent la devise E pluribus unum), est dit correspondre à celui des tribus d’Israël (en comptant séparément les deux demi-tribus des fils de Joseph), et cela n’est sans doute pas sans rapport avec les origines réelles des « prophéties de la Grande Pyramide », qui, comme nous venons  de le voir, tendent aussi a faire  de celle-ci, pour  des fins plutôt obscures une sorte de monument « judéo-chrétien ».
Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, chapitre XXXVII - La duperie des "prophéties"

Donc pas de Franc-Maçonnerie là-dedans, l'affirmation de LLP est complètement fantaisiste.





3) Le swastika


LLP :
Churchill avait pour mage le très sataniste et légendaire Aleister Crowley, initié Rose-Croix… praticien de magie sexuelle tantrique. Il sera conseiller personnel de Churchill, il lui proposera le signe ésotérique en forme de V, pour contrer la magie héqaienne du swastika inversé.

Hitler ira s’inspirer de la mystique hindoue, et inversera le swastika, initialement symbole bénéfique.

Déprimant, ou burlesque, en tout cas ça ne laisse pas indifférent.

Le swastika tel qu'il est illustré, dans le chapitre V - la double spirale, de La Grande Triade, de René Guénon:

 
Haaa non ! Un swastika méchant !

Ah non ouf, à côté il y a un swastika gentil qui l'empêche de nous transformer en nazis. Mais de toute façon s'il nous attaque, on peut encore lui faire le V de vipère, parce que les nazis ont peur des serpents, enfin un truc comme ça, c'est antitraditionnel mais néanmoins très spirituel, comme dit LLP :
On ne peut s’empêcher de dire que l’homme du XXe siècle est très spirituel, inversé et anti traditionnel mais néanmoins très spirituel.

On nage vraiment dans le n'importe quoi.

Quelques exemples de swastikas dans un sens ou dans l'autre :

Temple bouddhiste en Corée
 
Temple de New Dehli, Inde
 
Temple chinois

Temple bouddhiste à Taïwan

Mais qu'y a-t-il d'ailleurs à ce sujet dans le Règne de la Quantité ?

René Guénon :
Toute opposition n’existe comme telle qu’à un certain niveau, car il n’en peut être aucune qui soit irréductible ; à un niveau plus élevé, elle se résout en un complémentarisme, dans lequel ses deux termes se trouvent déjà conciliés et harmonisés, avant de rentrer finalement dans l’unité du principe commun dont ils procèdent l’un et l’autre. On pourrait donc dire que le point de vue du complémentarisme est, en un certain sens, intermédiaire entre celui de l’opposition et celui de l’unification ; et chacun de ces points de vue a sa raison d’être et sa valeur propre dans  l’ordre auquel il s’applique, bien que, évidemment, ils ne se situent pas au même degré de réalité ; ce qui importe est donc de savoir mettre chaque aspect à sa place  hiérarchique, et de ne pas prétendre le transporter dans un domaine où il n’aurait plus aucune signification acceptable.

Dans ces conditions, on peut comprendre que le fait d’envisager dans un symbole deux aspects contraires n’a, en lui-même,  rien que de parfaitement légitime, et que d’ailleurs la considération d’un de ces aspects n’exclut nullement celle de l’autre, puisque chacun d’eux est également vrai sous un certain rapport, et que même, du fait de leur corrélation, leur existence est  en quelque sorte solidaire. C’est donc une erreur, assez fréquente du reste, de penser que la considération respective de l’un et de l’autre de ces aspects doit être rapportée à des doctrines ou à des écoles se trouvant elles-mêmes en opposition (1) ;
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1 - Nous avons eu à relever notamment une erreur de ce genre au sujet de la figuration du swastika avec les branches dirigées de façon à indiquer deux sens de rotation opposés (Le Symbolisme de la Croix, ch. X).
Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, chapitre XXX - Le renversement des symboles


Si l’on rapporte le swastika à la rotation d’une sphère telle que la sphère céleste autour de son axe, il faut le supposer tracé dans le plan équatorial, et alors le point central sera, comme nous l’avons déjà expliqué, la projection de l’axe sur ce plan qui lui est perpendiculaire. Quant au sens de la rotation indiquée par la figure, l’importance n’en est que secondaire et n’affecte pas la signification générale du symbole ; en fait, on trouve l’une et l’autre des deux formes indiquant une rotation de droite  à gauche et de gauche à droite (1), et cela sans qu’il faille y voir toujours une intention d’établir entre elles une opposition quelconque.
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1 - Le mot  swastika  est, en sanscrit, le seul qui serve à désigner dans tous les cas le symbole en question ; le terme sauvastika, que certains ont voulu appliquer a l’une des deux formes pour la distinguer de l’autre (qui seule serait alors le véritable  swastika), n’est en réalité qu’un adjectif dérivé de swastika, et indiquant ce qui se rapporte à ce symbole ou à ses significations.
Le Symbolisme de la Croix, chapitre X – Le swastika




Dans le même chapitre l’utilisation du swastika par les nazis est même évoquée :
Nous laissons entièrement de côté, cela va sans dire, l’usage tout artificiel et même antitraditionnel du swastika par les « racistes » allemands qui, sous l’appellation fantaisiste et quelque peu ridicule de hakenkreuz ou « croix à crochets », en firent très arbitrairement un signe d’antisémitisme, sous prétexte que cet emblème aurait été propre à la soi-disant « race âryenne », alors que c’est au contraire, comme nous venons de le dire, un symbole réellement universel.





4) L'étoile à cinq branches

LLP :
Tous les drapeaux sont maçonniques, parce que l’étoile est maçonnique.

La Franc-Maçonnerie aurait donc inventé le triangle et l'étoile ?



En couverture du livre Les Nombres Sacrés, d'Arturo Reghini (qui fut un collaborateur régulier de René Guénon), le pentalpha, surchargé des initiales du mot grec "santé" (υγίεια).


René Guénon:
Ce triangle se retrouve dans le symbolisme maçonnique, et nous y avons fait allusion à propos de l’équerre du Vénérable ; le triangle complet apparaît lui-même dans les insignes du Past Master. Disons à cette occasion qu’une partie notable du symbolisme maçonnique est dérivée directement du Pythagorisme, par une « chaîne » ininterrompue, à travers les Collegia fabrorum romains et les corporations de constructeurs du moyen âge ; le triangle dont il s’agit ici en est un exemple, et nous en avons un autre dans l’Étoile flamboyante, identique au Pentalpha qui servait de « moyen de reconnaissance » aux Pythagoriciens (cf. Aperçus sur l’Initiation, ch. XVI).
La Grande Triade, chapitre XXI – Providence, Volonté, Destin





5) Le compas et l'équerre

LLP :
le compas et l’équerre sont démoniaques




René Guénon :
En même temps que ces formes géométriques, on rapporte aussi au Ciel et à la Terre les instruments qui servent à les tracer respectivement, c’est-à-dire le compas et l’équerre, dans le symbolisme de la tradition extrême-orientale aussi bien que dans celui des traditions initiatiques occidentales (1) ; et les correspondances de ces formes donnent naturellement lieu, en diverses circonstances, à de multiples applications symboliques et rituelles (2).
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1 - Dans certaines figurations symboliques, le compas et l’équerre sont placés respectivement dans les mains de Fo-hi et de sa sœur Niu-koua, de même que, dans les  figures alchimiques de Basile Valentin, ils sont placés dans les mains des deux moitiés masculine et féminine du Rebis ou Androgyne hermétique ; on voit par là que Fo-hi et Niu-koua sont en quelque sorte assimilés analogiquement, dans leurs rôles respectifs, au principe essentiel ou masculin et au principe substantiel ou féminin de la manifestation.

2 - C’est ainsi, par exemple, que les vêtements rituels des anciens souverains, en Chine, devaient être de forme ronde par  le haut  et carrée par  le bas ; le souverain représentait alors le type même de l’Homme (Jen) dans son  rôle cosmique, c’est-à-dire le troisième terme de la « Grande Triade », exerçant la fonction d’intermédiaire entre le Ciel et la Terre et unissant en lui les puissances de l’un et de l’autre.
Le Règne de la Quantité et les Signes des temps, chapitre XX - De la sphère au cube

Ce chapitre entier aurait d'ailleurs pu être reproduit entièrement ici, illustrant par de multiples considérations l'universalité du symbolisme associant le cercle et le carré.

La Grande Triade contient de nombreuses références à l'équerre et au compas:
C’est par un symbolisme similaire à celui de la tortue que, comme nous l’avons déjà indiqué incidemment ailleurs (1), le  vêtement des anciens princes, en Chine, devait avoir une forme ronde par le haut (c’est-à-dire au col) et carrée par le bas, ces formes étant celles qui représentent  respectivement le Ciel et la Terre ; et nous pouvons noter dès maintenant que ce symbole présente un rapport tout particulier avec celui, sur lequel nous  reviendrons un peu plus loin, qui place l’Homme entre l’équerre et le compas,  puisque ceux-ci sont les instruments qui servent respectivement à tracer le carré et le cercle. On voit en outre, dans cette disposition
du vêtement, que l’homme-type, représenté par le prince, pour unir effectivement le Ciel et la Terre, était figuré comme touchant le Ciel de sa tête, tandis que ses pieds reposaient sur la Terre ; c’est là une considération que nous retrouverons tout à l’heure d’une façon encore plus précise. Ajoutons que, si le vêtement du prince ou du souverain avait ainsi une signification symbolique, il en était de même de toutes les
actions de sa vie, qui étaient exactement réglées selon les rites, ce qui faisait de lui, comme nous venons de le  dire, la représentation de l’homme-type en toutes circonstances ;
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1 - Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, ch. XX.
chapitre XIV - Le médiateur

Un chapitre entier leur y est même consacré, dont voici le début:
Un point qui donne lieu à un rapprochement particulièrement remarquable entre la tradition extrême-orientale et les traditions initiatiques occidentales, c’est celui qui concerne le symbolisme du compas et de l’équerre : ceux-ci, comme nous l’avons déjà indiqué, correspondent manifestement au cercle et au carré (1), c’est-à-dire aux figures géométriques qui représentent respectivement le Ciel et la Terre (2). Dans le symbolisme maçonnique, conformément  à cette correspondance, le compas est normalement placé en haut et l’équerre en bas (3) ; entre les deux est généralement figurée l’Étoile flamboyante, qui est un symbole de l’Homme (4) et plus précisément de l’« homme régénéré » (5), et qui complète ainsi la représentation de la Grande Triade. De plus, il est dit qu’« un Maître Maçon se retrouve toujours entre l’équerre et le compas », c’est-à-dire au « lieu » même où s’inscrit l’Étoile flamboyante, et qui est proprement l’« Invariable Milieu (6) » ; le Maître est donc assimilé par là à l’« homme véritable », placé entre la Terre et le Ciel et exerçant la fonction de « médiateur » ; et ceci est d’autant plus exact que, symboliquement et « virtuellement » tout au moins, sinon effectivement, la Maîtrise représente l’achèvement des « petits mystères », dont l’état de l’« homme véritable » est le terme même (7) ; on voit que nous avons là un symbolisme rigoureusement équivalent à celui que nous avons rencontré précédemment, sous plusieurs formes différentes, dans la tradition extrême-orientale.
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1 - Nous ferons remarquer que, en anglais, le même mot  square désigne à la fois l’équerre et le  carré ; en chinois également, le mot fang a les deux significations.

2 - La  façon dont le compas et l’équerre  sont disposés l’un par  rapport à l’autre, dans les trois degrés de la Craft Masonry, montre les influences célestes dominées d’abord par les influences terrestres, puis s’en  dégageant graduellement et finissant par les dominer à leur tour.

3 - Lorsque cette position est inversée, le  symbole prend une signification  particulière qui  doit être rapprochée  de l’inversion du symbole alchimique du Soufre pour représenter l’accomplissement du « Grand Œuvre », ainsi que du symbolisme de la 12e lame du Tarot.

4 - L’Étoile flamboyante est une étoile à cinq branches, et 5 est le nombre du « microcosme » ; cette assimilation est d’ailleurs expressément indiquée dans le cas où la figure même de l’homme est représentée dans l’étoile (la tête, les bras et les jambes s’identifiant à ses cinq branches), comme on le voit notamment dans le pentagramme d’Agrippa.

5 - Suivant un ancien rituel, « l’Étoile flamboyante est le symbole du Maçon (on pourrait dire plus généralement de l’Initié) resplendissant de lumière au milieu des ténèbres (du monde profane) ». — Il y a là une allusion évidente à ces paroles de l’Évangile de saint Jean (I, 5) : « Et Lux in tenebris lucet, et tenebræ eam non comprehenderunt. »

6 - Ce n’est donc pas sans raison que la Loge des Maîtres est appelée la « Chambre du Milieu ».

7 - En rapport avec la  formule maçonnique que nous venons de citer, on peut  remarquer que l’expression chinoise « sous le Ciel » (Tien-hia), que nous avons déjà mentionnée et qui désigne l’ensemble du Cosmos, est susceptible de prendre, au point de vue proprement initiatique, un sens particulier, correspondant au « Temple du Saint-Esprit, qui est  partout », et où se  réunissent les Rose-Croix,  qui sont aussi les « hommes véritables » (cf. Aperçus sur l’Initiation, ch. XXXVII et XXXVIII). — Nous  rappellerons aussi à  ce propos que « le Ciel couvre », et  que précisément les travaux maçonniques doivent s’effectuer « à couvert », la Loge étant d’ailleurs  une image du Cosmos (cf. Le Roi du Monde, ch. VII).
chapitre XV - Entre l’Équerre et le Compas

S'il y a là-dedans quelque chose de démoniaque, ce serait vraiment faire œuvre de salubrité publique que de le signaler. Sincèrement.





6) Le Grand Architecte de l’Univers

LLP:
Qui est au juste gadlu, ou le grand architecte de l’univers à votre avis ?

Le grand architecte est Satan.


René Guénon:
L’idée de la mesure entraîne  immédiatement celle de la « géométrie », car non seulement toute mesure est essentiellement « géométrique » comme nous l’avons déjà vu, mais on pourrait dire que la géométrie n’est pas autre chose que la science même de la mesure ; mais il va de soi qu’ici il s’agit d’une géométrie entendue avant tout au sens symbolique et initiatique, et dont la géométrie profane n’est plus qu’un simple vestige dégénéré, privé de la signification profonde qu’elle avait à l’origine et qui est entièrement perdue pour les mathématiciens modernes. C’est là-dessus que se basent essentiellement toutes les  conceptions assimilant l’activité divine, en tant que productrice et ordonnatrice des mondes, à la « géométrie », et aussi, par suite, à l’« architecture » qui est inséparable de celle-ci (1) ; et l’on sait que ces conceptions se sont conservées et transmises, d’un façon ininterrompue, depuis le Pythagorisme (qui d’ailleurs ne fut lui-même qu’une « adaptation » et non une véritable « origine ») jusqu’à ce qui subsiste encore des organisations initiatiques occidentales, si peu conscientes qu’elles soient actuellement dans ces dernières. C’est à quoi se rapporte notamment la parole de Platon : « Dieu géométrise toujours » (αει ο Θεος γεωµετρει : nous sommes obligé, pour traduire  exactement, d’avoir recours à un néologisme, en l’absence d’un verbe usuel en français pour désigner l’opération du géomètre), parole à laquelle répondait l’inscription qu’il avait fait placer, dit-on, sur la porte de son école : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre », ce qui impliquait que son enseignement, dans son aspect ésotérique tout au moins, ne pouvait être compris véritablement et effectivement que par une « imitation » de l’activité divine elle-même. On en trouve comme un dernier écho, dans la philosophie moderne (quant à la date du moins, mais, à vrai dire, en  réaction contre les idées spécifiquement modernes), avec Leibnitz disant que, « tandis que Dieu calcule et exerce sa cogitation (c’est-à- dire établit des plans), le monde se fait » (dum Deus calculat et cogitationem exercet, fit mundus) ; mais, pour les anciens, il y avait là un sens bien autrement précis, car, dans la tradition grecque, le « Dieu géomètre » était proprement l’Apollon hyperboréen, ce qui nous ramène encore au symbolisme « solaire », et en même temps à une dérivation assez directe de la tradition primordiale ; mais c’est là une autre question, que nous ne pourrions développer ici sans sortir entièrement de notre sujet, et nous devons nous contenter de donner, à mesure que l’occasion s’en présente, quelques aperçus de ces connaissances traditionnelles si complètement oubliées de nos contemporains (2).
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1 - En arabe, le mot hindesah, dont le sens premier est celui de « mesure », sert à désigner à la fois la géométrie et l’architecture, la seconde étant en somme une application de la première.
2 - A. Coomaraswamy nous a signalé un curieux dessin symbolique de William Blake,  représentant  l’« Ancien des Jours » apparaissant dans l’orbe solaire, d’où il étend vers l’extérieur un compas qu’il tient à la main, ce qui est comme une illustration de cette parole du Rig-Vêda (VIII, 25, 18) : « Avec son rayon, il a mesuré (ou déterminé) les bornes du Ciel et de la Terre » (et parmi les symboles de certains grades maçonniques se trouve un compas dont la tête est formée par un soleil rayonnant). Il s’agit manifestement ici d’une figuration de cet aspect du Principe que les initiations occidentales appellent le « Grand Architecte de l’Univers », qui devient aussi, dans certains cas, le « Grand Géomètre de l’Univers », et qui est identique au Vishwakarma  de la tradition hindoue, l’« Esprit de la Construction universelle » ; ses représentants terrestres, c’est-à-dire ceux qui « incarnent » en quelque sorte cet Esprit à l’égard des différentes formes traditionnelles, sont ce que nous avons désigné plus haut, pour cette raison même, comme les « Grands Architectes d’Orient et d’Occident ».
Le Règne de la Quantité et les Signes des temps, chapitre III - Mesure et manifestation

Mais quel est l'intérêt d'avoir cité ce livre ? C'était une blague, un pari ? A chaque ligne il contredit une affirmation de LLP !


Ce qui est embêtant, c'est que manifestement, selon LLP, les Hindous sont des satanistes :
Les constructions, d’une façon très générale, furent en bois avant d’être en pierre, et c’est ce qui explique que, dans l’Inde notamment, on ne retrouve aucune trace de celles qui remontent au-delà d’une certaine époque. De tels édifices étaient évidemment moins durables que ceux qui sont construits en pierre ; aussi l’emploi du bois correspond-il, chez les peuples sédentaires, à un état de moindre fixité que celui de la pierre, ou, si l’on veut, à un moindre degré de « solidification », ce qui est bien en accord avec le fait qu’il se rapporte à une étape antérieure dans le cours du processus cyclique (1).

Cette remarque, si simple qu’elle puisse paraître en elle-même, est fort loin d’être sans importance pour la compréhension de certaines particularités du symbolisme traditionnel : c’est ainsi que, dans les plus anciens textes de l’Inde, toutes les comparaisons se référant au symbolisme constructif sont  toujours empruntées au charpentier, à ses outils et à son travail ; et Vishwakarma, le « Grand Architecte » lui-même, est désigné aussi par le nom de  Twashtri, qui est littéralement le « Charpentier ».  Il va de soi que le rôle de l’architecte (Sthapati, qui d’ailleurs est primitivement le maître charpentier) n’est en rien modifié par là, puisque, sauf l’adaptation exigée par la nature des matériaux employés, c’est toujours du même « archétype »  ou du même  « modèle cosmique »  qu’il doit s’inspirer, et cela qu’il s’agisse de la construction d’un temple ou d’une maison, de celle d’un char ou d’un navire (et, dans ces derniers cas, le métier de charpentier n’a jamais rien perdu de son importance première, du moins jusqu’à l’emploi tout moderne des métaux qui représentent  le dernier degré de la  « solidification ») (2).
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1 - Voir les considérations que nous avons exposées à ce sujet dans Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, notamment  ch. XXI  et XXII. - Naturellement, le changement dont il s’agit ne  peut pas  être regardé comme s’étant produit simultanément chez tous les peuples, mais il y a toujours là des étapes correspondantes dans le cours de l’existence de ceux-ci.
2 - Il est bien entendu que des métiers tels que ceux du charron et du menuisier doivent être regardés comme
n’étant que des particularisations ou des « spécialisations » ultérieures de celui du charpentier, qui, dans son acception la plus générale, qui est en même temps la plus ancienne, comprend tout ce qui concerne le travail du bois.
Etudes sur la Franc-Maçonnerie et le CompagnonnageMaçons et charpentiers

Si le « Grand Architecte » c'est Satan, le « Charpentier » c'est Lucifer ?

Dans les comptes rendus d'articles de revues du même ouvrage :
Dans le Symbolisme (numéro d’octobre), Albert Lantoine consacre un long article à la question du Grand Architecte de l’Univers et aux controverses auxquelles elle a donné et donne encore lieu ; certaines interprétations modernes sont assurément bien détournées et fantaisistes, comme il le dit, mais, d’un autre côté, peut-on se contenter de déclarer, sans plus de précision, que  « le Grand Architecte est le terme maçonnique de Dieu » ?  Il y a lieu de distinguer entre les aspects divins, et traditionnellement on l’a toujours fait :  tout nom spécial doit ici correspondre à une fonction ou à un attribut déterminé ; et, si un exotérisme simpliste peut à la rigueur se passer de ces distinctions, il ne saurait en être de même au point de vue initiatique ; seulement, pour comprendre vraiment les choses de cet ordre, il faut remonter à de lointaines origines et ne pas faire commencer le Maçonnerie au XVIIIe siècle…
Décembre 1937

Dans le numéro de mars, François Ménard et Marius Lepage  reviennent sur la question du Grand Architecte de l’Univers ;  s’il est légitime de dire que celui-ci  « n’est pas la Divinité, mais un aspect accessible de la Divinité », mettant l’accent sur  « l’aspect ordonnateur et constructif de l’Inconcevable Principe », ce n’est pourtant pas, nous semble-t-il, une raison pour l’assimiler à la conception gnostique du « Démiurge », ce qui lui donnerait un caractère plutôt  « maléfique », fort peu en accord avec la place qu’il occupe dans le symbolisme maçonnique, et aussi avec la conclusion même des auteurs, suivant laquelle,  en méditant sur la formule du Grand Architecte de l’Univers, « le Maçon qui « comprend bien son Art » saura et « sentira » que l’Ordre dépasse le simple  « déisme »  profane pour  atteindre à une compréhension plus approfondie du Suprême Principe ».
Avril-mai 1947




L'initiation serait-elle satanique ?
Au  fond, si tout processus d’initiation présente en ses différentes phases une correspondance, soit avec la vie humaine individuelle, soit même avec l’ensemble de la vie terrestre, c’est que le développement de la manifestation vitale elle-même,  particulière ou générale, « microcosmique »  ou  « macrocosmique », s’effectue suivant un plan analogue à celui que l’initié doit réaliser en lui-même, pour se réaliser lui-même dans la complète expansion de toutes les puissances de son être. Ce sont toujours et partout des plans correspondant à une même conception synthétique, de sorte qu’ils sont principiellement identiques, et, bien que tous différents et indéfiniment variés dans leur réalisation, ils procèdent d’un  « archétype » unique, plan universel tracé par la Volonté suprême qui est désignée symboliquement comme le « Grand Architecte de l’Univers ». 

Donc tout être tend, consciemment ou non, à réaliser en lui-même, par les moyens appropriés à sa nature particulière, ce que les formes initiatiques occidentales, s’appuyant sur le symbolisme  « constructif », appellent le  « plan du Grand Architecte de l’Univers » (1), et à concourir par là, selon la fonction qui lui appartient dans l’ensemble cosmique, à la réalisation totale de ce même plan, laquelle n’est en somme que l’universalisation de sa propre réalisation personnelle. C’est au point précis de son  développement où un être prend réellement conscience de cette finalité que commence pour lui l’initiation effective, qui doit le conduire par degrés, et selon sa voie personnelle, à cette réalisation intégrale  qui s’accomplit, non point dans le développement isolé de certaines facultés spéciales, mais dans le développement  complet, harmonique et hiérarchique, de toutes les possibilités impliquées dans l’essence de cet être.
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1 - Ce symbolisme est d’ailleurs loin d’être exclusivement propre aux seules formes occidentales ;  le Vishwakarma de la tradition hindoue, en particulier, est exactement la même chose que le  « Grand Architecte de l’Univers ».
Aperçus sur l'Initiation, chapitre XXXI - de l'enseignement initiatique


Dès lors que l’artisan humain imite ainsi dans son domaine particulier l’opération de l’Artisan divin, il participe à l’œuvre même de celui-ci dans une mesure correspondante, et d’une façon d’autant plus effective qu’il est plus conscient de cette opération ; et plus il réalise par son travail les virtualités de sa propre nature, plus il accroît en même temps sa ressemblance avec l’Artisan divin, et plus ses œuvres s’intègrent parfaitement dans l’harmonie du Cosmos. On voit combien cela est loin des banalités que nos contemporains ont l’habitude d’énoncer en croyant par là faire l’éloge du travail ; celui-ci, quand il est ce qu’il doit être traditionnellement, mais seulement dans ce cas, est en réalité bien au-dessus de tout ce qu’ils sont capables de concevoir. Aussi pouvons-nous conclure ces quelques indications, qu’il serait facile de développer presque indéfiniment, en disant ceci : la « glorification du travail » répond bien à une vérité, et même à une vérité d’ordre profond ; mais la façon dont les modernes l’entendent d’ordinaire n’est qu’une déformation caricaturale de la notion traditionnelle, allant jusqu’à l’invertir en quelque sorte. En effet, on ne « glorifie » pas le travail par de vains discours, ce qui n’a même aucun sens plausible ; mais le travail lui-même est « glorifié », c’est-à-dire « transformé », quand, au lieu de n’être qu’une simple activité profane, il constitue une collaboration consciente et effective à la réalisation du plan du « Grand Architecte de l’Univers ».
Initiation et Réalisation Spirituelle, chapitre X - Sur la glorification du travail


D’après la tradition islamique, tout être est naturellement et nécessairement muslim, c’est-à-dire soumis à la Volonté divine, à laquelle, en effet, rien ne peut se soustraire ; la différence entre les êtres consiste en ce que, tandis que les uns se conforment consciemment et volontairement à l’ordre universel, les autres l’ignorent ou même prétendent s’y opposer (voir Le Symbolisme de la Croix, p. 187). Pour comprendre entièrement le rapport de ceci avec ce que nous venons de dire, il faut remarquer que les véritables centres spirituels doivent être considérés comme représentant la Volonté divine en ce monde ; aussi ceux qui y sont rattachés de façon effective peuvent-ils être regardés comme collaborant consciemment à la réalisation de ce que l’initiation maçonnique désigne comme le « plan du Grand Architecte de l’Univers » ; quant aux deux autres catégories auxquelles nous venons de faire allusion, les ignorants purs et simples sont les profanes, parmi lesquels il faut, bien entendu, comprendre les « pseudo-initiés » de toute sorte, et ceux qui ont la prétention illusoire d’aller contre l’ordre préétabli relèvent, à un titre ou à un autre, de ce que nous avons appelé la « contre-initiation ».
Aperçus sur l’Initiation, chapitre X – Des centres initiatiques

Cf. Le commentaire de Guénon sur la Fatihah. Certaines personnes semblent bien s'être trompées de direction...




Ce serait toujours moins grave, et moins ridicule, de dire que Casimir est Satan.




Conclusion

Ce qui précède montre de multiples manières que René Guénon est juste une caution au traditionalisme folklorique de LLP, ce dernier lui est complètement opposé sur le fond, malgré qu'il scande son nom sans arrêt. La véritable position de LLP, c'est celle des propagandistes taxiliens, qui ont sévi dans la Revue Internationale des Sociétés Secrètes, puis aux Etudes Carmélitaines. Ce n'est pas exagéré de parler à ce sujet de satanisme, quelle que soit la part d'inconscience là-dedans. Espérons que c'est plus une insondable bêtise qu'une volonté assumée de discréditer une œuvre, qui fait déjà l'objet d'une conspiration du silence incroyable, qui n'est souvent suspendue que pour occuper un espace, et gâcher sciemment les possibilités de la faire connaître, en la présentant de la façon la plus défigurée possible.

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